tag:blogger.com,1999:blog-36062397014890405742024-02-20T03:19:04.382-05:00Elle est où, la vie?Tergiversations d'une enseignante de lettres sur la Côte-Nord.DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.comBlogger70125tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-69389392960787595142014-05-22T17:58:00.001-04:002014-05-22T17:58:46.391-04:00La vie est dans : La répartition logistique<div style="text-align: justify;">
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Je suis en train de surveiller le dernier examen de la
session. Oui oui, nous finissons en beauté, ce matin, avec un beau quatre
heures de rédaction sur Cyrano de Bergerac, pièce de théâtre presque classique
qui n'a pourtant pas soulevé les cœurs de mes classes, cette session-ci. Alors
qu'ils s'échinent à me décortiquer l'acte V, moi, j'écris deux trois affaires
sur mon blogue que je néglige ces temps-ci. Faut dire que j'ai le droit ; je
suis prof, je travaille, bon.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Or, alors que je les observe, je ne peux m'empêcher de
confirmer ma théorie. En effet, je ne vous apprendrai rien en vous disant que
mes étudiants s'assoient dans mes cours (oui oui, on ne passe pas nos heures de
cours hebdomadaires debout en cercle autour du ti-tableau!). Or, à chaque
nouvelle classe, je constate une récurrence entre les personnages qui
fréquentent mon cours et l'emplacement de leur postérieur. Je me permets donc
de vous soumettre un plan, parce que c'est drôle et que je m'ennuie.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Notez que le masculin est utilisé pour alléger le texte. Un
p'tit criss peut bien être une petite criss, mais ça sonne juste moins bien.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Allons-y donc méthodiquement.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>1. Devant de la classe, centre.</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
1.1. Le redondant.</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Celui-là, il reprend le cours pour la troisième fois. C'est
sa dernière chance. Il arrive le premier jour après avoir fait imprimer son
plan de cours, un café frais à la main, les cheveux dans le vent. Il est prêt,
il est motivé - comprendre : il a peur...-, il a acheté des cahiers neufs et il
a rempli la première page de son agenda avec ses devoirs. Celui-là, les deux
premières semaines, il est participatif, impliqué, son regard est clair et ses
yeux pleins d'espoir. Cependant, après deux semaines et peut-être un premier
examen, ou il se décourage ou il s'assoit sur ses lauriers. Vous le verrez
d'ailleurs se déplacer physiquement jusqu'à sa prochaine localisation de la
classe...<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
1.2. L'anxieux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Souvent à sa première tentative dans le cours, l'anxieux
n'a qu'une frayeur : échouer. Pas trop loin du redondant dans l'essence, il a
tout de même, pour particularité, de retarder votre départ après chaque cours
d'une dizaine de minutes, juste pour voir s'il a bien compris. C'est aussi lui
qui fait déborder votre boîte courriel - surtout la veille d'un examen - sans
poser aucune question critique, puisqu'habituellement, il comprend très bien la
matière. C'est lui aussi qui va vous faire lever 18 fois pendant son examen
final pour vous demander si son crayon bleu est<span class="apple-converted-space"> </span>« assez bleu » pour faire son propre
et qui ira faire 22 pipis nerveux. Faut pas les juger, faut juste les aimer.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
1.3. Le licheux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, quelque part dans son parcours, il a changé de
stratégie. Certains de mes licheux ont porté ma mallette ; d'autres m'ont
ouvert des portes, m'ont offert du chocolat. Je soupçonne même l'un d'entre eux
de m'avoir offert une fleur, l'an passé, mais je n'ai pas de preuve. Qu'à cela
ne tienne ; cet étudiant n'a qu'un but : plaire à son prof. Par n'importe quel
moyen, il va devenir votre meilleur ami, du moins le pense-t-il, parce qu'on ne
peut pas faire échouer son meilleur ami (c'est pas gentil). Il va répondre aux
questions, faire ses devoirs, participer à vos activités, mais toujours en
laissant traîner un filet de bave collante sur votre moral. Bref, il est comme
ce gars qui essayait trop fort, un fois : vous ne savez pas pourquoi, mais il
vous tape sur les nerfs. Par contre, ses chocolats sont bons.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>2. Devant de classe, sur les côtés</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
2.1. Le provocateur.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, il a fait le cours peut-être. Une fois max. Ou alors,
il vient de France. Ou encore, il a déjà lu le livre. Et pour une raison
mystérieuse, il croit en savoir plus long que vous sur la chose. Le provocateur
s'installe sur le côté et, pour une raison que j'ignore, a tendance à s'étendre
beaucoup sur son territoire. C'est lui qui arrive avec sa poche de hockey ou sa
grosse sacoche et dépose son fatras sur le bureau d'à côté ; il met ses pieds
sur la chaise, se poste, un peu croche, le menton haut, et surveille vos dires,
jusqu'au doute. Il vous sort des phrases du genre :<span class="apple-converted-space"> </span>« Oui mais, d'après Jean-Paul
Sartre... », souvent hors contexte, ou vous amène sur une théorie un peu
déjantée sur la signification du vase bleu dans une scène pleine de bibelots.
Son but unique : vous déstabiliser. Fait intéressant, j'ai autant d'esprit de
bottine que lui, mais j'ai plus d'expérience. Qui gagne, d'après vous?<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
2.2. Le discret.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Souvent un étudiant étranger, le discret s'installe en
silence, passe le cours en silence et s'en va en silence. Il porte du gris, ou
alors un chandail de la même couleur que le mur. Il suit très bien votre cours,
a des résultats corrects et vous n'arrivez jamais à vous souvenir de son nom.
Quand il pose une question, c'est du bout des lèvres. Si vous proposez un
exposé oral, il fait des terreurs nocturnes. C'est à peu près tout ce
que j'ai à dire sur lui, ce n'est pas vraiment un sujet à paragraphe...<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
2.3. Le dyslexique-TDAH-muet<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Il est venu vous avertir au premier cours. Vous l'avez
informé que vous n'aviez rien à savoir de son diagnostic, mais il a tenu à vous
en informer, parce qu'il est fier de ce qu'il est. Vous avez compris qu'il a
droit à plus de temps pour faire ses examens, vous êtes plus laxiste sur
l'heure de remise de travaux dans son cas, vous endurez même ses retards.
Parfois, il déborde un peu (mettons que l'empathie est une arme redoutable
rapidement maîtrisée par ce type d'étudiant), mais, la plupart du temps, vous
vous contentez de le ramener quand il semble être débranché depuis trop
longtemps (comprendre : regard vide et bouche entrouverte depuis plus de cinq
minutes). Comme on n'a plus de règle en bois pour frapper son bureau, un coup
de fusil bien placé dans un Powerpoint prend tout son sens. Attention avant
d'appliquer ce truc : certains médicaments contre les troubles de comportement
peuvent causer des problèmes cardiaques. Expérience vécue.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
2.3. Le retardataire.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, il est là parce qu'il arrive toujours en retard et que
c'est la seule place qui reste. Point final.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
À noter que l'avant de la classe sur les côtés constitue
les places les moins populaires. D'après moi, c'est parce qu'ils ne voient rien
au tableau. Ou que ça les oblige à se tenir de biais pendant deux heures. Ou
bien parce que les jeunes, de nos jours, c'est asthmatique, donc allergique à
la craie (c'est vrai, c'est allergique à tout, les enfants, aujourd'hui...).
Menfin.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>3. Milieu de classe, centre.</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
3.1. Le bon public.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, je l'aime. Parce qu'il rit de mes blagues. Il répond
aux questions. Il a toujours l'air d'avoir du fun. Il ne comprend pas souvent
la matière, mais il a un bon sens de l'autodérision, alors quand je le
reprends, ça le fait un peu marrer. Il fait ses devoirs un peu, pas beaucoup,
il étudie de temps en temps et ça ne lui dérange pas de remplir les trous quand
l'information repasse. C'est probablement pour ça qu'il écoute en classe. Il
est un peu nonchalant, mais d'une bonne façon. Quand on a besoin d'un
porte-parole dans une équipe, c'est toujours lui, le volontaire. Il vient
écrire au tableau, de temps en temps, et il rit quand je dois corriger ses
fautes. Il sait que le français est un passage obligé, qu'il est aussi bien de
ne faire chaque cours qu'une seule fois, et basta. C'est aussi lui qui a
déneigé ma voiture, cet hiver. Il est juste fin, d'une façon plus dégagée que
le licheux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
3.2. L'impliqué.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Conseil étudiant, scoutisme, volley-ball et tutti quanti.
Lui, il demande des permissions spéciales pour son championnat en Allemagne, te
demande de l'argent pour la fondation pour les
mère-monoparentales-handicapées-actives-atteintes-de-maladie-mentale-en-difficulté-financières-orphelines-qui-sont-bénévoles-à-la-spa
et il prend toujours cinq minutes de ton cours pour rappeler à tout le monde de
payer sa veste de soins infirmiers. Pas tout à fait un leader parce qu'il a un
côté socio-impliqué trop développé, il s'attire tout de même le respect parce
que tout le monde croit que c'est une bol. Erreur. Il atteint tout juste la
note de passage. Mettons qu'il a d'autre chose à faire qu'étudier.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
3.3. Le studieux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Il est inscrit en sciences natures profil santé. Il veut
faire médecin et vous parle sans cesse de sa cote R. S'il a en bas de 80%,
c'est la crise de nerfs. Il préfère faire ses travaux seul, parce que les
autres n'ont aucune idée de son ambition. Il vous fait des textes de 1000 mots
alors que vous en demandez 700, et ce, sans aucune faute d'orthographe. Il
veut, et il va avoir. Chaque nouvel examen est un défi à relever. Il connaît
vos disponibilités, votre numéro de téléphone. S'il n'habite pas trop loin, ça
se peut qu'il vienne frapper chez vous. C'est le seul que vous croisez à la
bibliothèque qui n'est pas sur un ordinateur. Son seul problème, c'est le balai
qu'il a dans sa prise USB. Son air sérieux vous fait peur. Son rire vous fait
encore plus peur. Et le fait qu'il devienne peut-être votre gynécologue vous
fait mieux comprendre votre élève anxieux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
3.4. Les BFF<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Toujours en paquet de deux, les BFF se connaissent depuis
le primaire et ne tolèrent pas d'être séparés. Ils vous font des yeux de pandas
en danger quand vous annoncez avant un examen qu'ils doivent prendre un bureau
de distance. Ils profitent du cours pour se raconter tout ce qu'elles ont
fait durant la journée (le cours est à 8h am...), font leurs devoirs ensemble
et usent parfois même de télépathie lors des rédactions. Attention, par contre
; ils ont une légère tendance à plagier, sans tout à fait comprendre ce
que ça veut dire. Comme ils n'ont qu'une pensée commune, savoir ce qui
appartient à l'un ou à l'autre devient un dédale labyrinthique obscur et
insolvable. À noter que les BFF sont souvent des filles. Les bro ne se montrent
pas autant d'affection en public et n'osent pas potiner pendant les travaux
d'équipe.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>4. Milieu de classe, côtés.</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.1. Le<span class="apple-converted-space"> </span>«
Pas-tout-à-fait-branché-pareil ».<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
J'ai de la difficulté à le comprendre, celui-là. Il est
toujours rendu au diable vert, là où personne ne pouvait soupçonner qu'il
irait. Il est brillant, s'exprime bien, mais il a des réflexions...étranges.
Vous ne savez pas toujours s'il joue les satyres ou s'il est vraiment bizarre.
Il n'arrive jamais au même résultat que tout le monde, va vous sortir des
termes étriqués, des théories issues tout droit de Frankenstein. Il déforme ce
que vous dites et, quand il répète ce que vous venez de lui mentionner,
vous-même ne comprenez plus. Dans ses explications, il passe par le Pérou pour
aller à Montréal. En classe, la plupart de ses commentaires est automatiquement
suivie d'un bruit de grillons. Bref, sa copie, à l'examen, mériterait un royal<span class="apple-converted-space"> </span>« wtf?<span class="apple-converted-space"> </span>».<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.2. Le couple ou le wannabe-couple.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Ils crachent des petits cœurs et leurs yeux sont
plein d'arcs-en-ciel. Quand ils vous posent une question, ils se
regardent l'un-l 'autre. D'une main, ils tiennent le crayon, de
l'autre, ils se flattent. Des heures de temps. À la pause, ils vont frencher
dans le corridor (comprendre : sur le bord de la porte) et ils s'exercent la langue
presque autant que dans votre cours. Ça dégouline de romantisme, leur affaire ;
vous les avez déjà vu habillés presque pareil, à la St-Valentin, ils boivent
dans la même tasse à café. Leur histoire vous rappelle vaguement une vieille
chanson de Joe Dassin.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.3. Le cute<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Il y en a un dans chaque classe. Il est un peu plus vieux
que les étudiants, sinon, il a votre âge. Il a une belle gueule carrée, des
épaules larges, une petite barde de trois jours, un dégaine de rock star, de
l'arrogance. Quand vous lui posez une question, il hausse un sourcil et vous
sourit en montrant ses dents blanches. Il a lu<span class="apple-converted-space"> </span><em>La nausée</em><span class="apple-converted-space"> </span>et écoute du Jacques Brel. Toutes les
filles sont après lui, mais il est un éternel célibataire, parce qu'en choisir
une, ce serait faire de la peine aux autres. Vous évitez sagement de rester
trop longtemps seul avec lui. Et une maudite chance qu'il ne peut pas lire dans
vos pensées. By the way, mon dernier m'a déjà invitée à souper. Et j'ai dit
non. Kin toé.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.4. Le surprenant.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Le surprenant n'a l'air de rien. C'est un étudiant
ordinaire, échoué dans votre cours. Sauf que, pour une raison mystérieuse,
quand vous allez écrire une phrase fautive au tableau et que vous allez
demander quel est le problème, il va vous sortir<span class="apple-converted-space"> </span>« Ta phrase, elle a pas de prédicat ».
Après un moment à reprendre votre contenance, vous lui demanderez comment ça se
fait qu'il sait ça, et il va hausser les épaules. Il le sait, c'est tout. C'est
un génie qui s'ignore. Il identifie toutes les figures de style avec succès,
vous sort des explications fort logiques à vos questions les plus salaces, et
quand vous essayez de le coincer, il décoince avec une facilité déconcertante.
Malheureusement, il fait deux fautes aux trois mots. On ne peut pas tout avoir.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.5. Le tannant<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, il est crasse. Il arrive sans crayon, sans feuille de
cartable, sans cahier. Il ne sait pas quand sont ses examens, ne sait pas quel
livre il doit lire. Il est assis tout croche sur sa chaise. Il pose toujours
des questions sur des choses que vous venez d'expliquer. Quand vous le mettez
en équipe, il glandouille, l'air désabusé, et fait des blagues cochonnes quand
vous êtes trop loin pour entendre. C'est lui aussi qui va lever la main pour
raconter une anecdote personnelle qui n'a aucun lien avec la matière. Il est le
roi du malaise et de la tranche de vie, du commentaire inapproprié et des
double-sens. S'il peut être un facteur comique, il est à contrôler. Cravache et
pas de dessert, monsieur le commissaire.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.6. Le nerveux.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Variation sur le thème de l'anxieux, celui-là ne flanche
qu'en période de stress. C'est le genre qui oublie son livre à l'examen, qui se
perd dans ses notes, qui a la lèvre qui tremble quand il regarde l'horloge. Ça
fait quatre heures qu'il cherche le contact visuel et que je ne lui donne pas.
Vilaine de même. Fallait que j'en parle.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
4.7. Le rêveur.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
C'est pas compliqué, il cherche la fenêtre. Bête comme ça.
Un mouche à feu qui voit la lumière. Lui, au bout de dix minutes de cours, c'en
est trop ; il s'égare des yeux dans la verte prairie. Pour une raison obscure,
il s'habille souvent en noir et fait du donjon-dragon. Il lit de drôles de
livres et a des référents pas tout à fait comme les autres. C'est lui qui va
vous faire un lien étriqué entre<span class="apple-converted-space"> </span><em>Roméo
et Juliette</em><span class="apple-converted-space"> </span>et le film<span class="apple-converted-space"> </span><em>Cube (#traumatisme</em>) et qui va
écrire de la poésie en marge de ses notes de cours. Son agenda est recouvert de
gribouillis plus ou moins travaillés dans lesquels vous pouvez lire des phrases
comme<span class="apple-converted-space"> </span>« I love Isabelle » et<span class="apple-converted-space"> </span>« At first I was affraid ».<span class="apple-converted-space"> </span>Artiste? Fucké? Un peu des deux. Ah,
et pour une raison quelconque, il est myope. Tout le temps.</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>5. Le fond de la classe, centre.</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
5.1. Le p'tit criss.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
J'en ai déjà parlé, c'est ma bête noire. Il est paresseux
comme la peste, mais il est assez brillant pour toujours s'en sortir. S'il
pouvait, il mettrait ses papattes direct sur le bureau, les mains derrières la
tête, et ne foutrait rien de la période. Il se permet régulièrement de manquer
un cours, mais réussit toujours ses examens sur la fesse parce qu'il est assez
intelligent pour y arriver sans se forcer. C'est un grand baveux qui veut
montrer que la p'tite prof, elle ne lui fait pas peur. Des fois, je rêve que je
le mord. Fort.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
5.2. Le technophile<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Lui, il se regarde les cuisses. Sans cesse. Il cache son
téléphone dans son coffre à crayon. Dans son cartable. Il veut la montre qui va
avec. Il ne peut pas s'empêcher de consulter son mur Facebook 2 fois par
minutes. S'il ne le fait pas, il se met à avoir des tics : il tapoche avec son
crayon, shake de la patte, mâchouille son cahier et fait pipi. D'après mes
expériences, il peut tenir maximum trente minutes sans son appareil. J'ai eu
beaucoup de plaisir avec ça.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
5.3. La bombe à retardement<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
À chaque année, j'en ai eu un. Celui qui va se fâcher et
vous faire une crise devant toute la classe. Vous ne savez pas s'il s'agit d'un
problème hormonal ou environnemental, mais celui-là va exploser quand vous
allez annoncer la date prochaine d'un examen. Comprenez qu'il est au courant
depuis le début de l'année, notre coco ; c'est écrit dans son plan de cours. Et
pourtant, à ce moment précis où vous annoncerez une remise, il va ouvrir son
agenda et va se rendre compte qu'il a trois examens le même jour. Son côté
altruiste va prendre le dessus et il va défendre coûte que coûte l'ensemble de
la classe - qui s'en balance candidement. Personnellement, je prends un air
dubitatif, envoie tout le monde en pause et console mon anxieux et mon nerveux
qui pleurent en réclamant leur valium.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<strong>6. Le fond de la classe, côtés</strong><o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
6.1. Le fêtard.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Quand il réussit à se lever, il se traîne jusque dans votre
classe et...dort. Profondément. Jusqu'à la pause. À cette heure, il descend à
la cafétéria, s'achète un<span class="apple-converted-space"> </span><em>Redbull
(</em>le café, c'est pour les feluettes) qu'il cale à gorge déployée dès que
son cul tombe sur sa chaise. Il s'éveille progressivement jusqu'à pleine
récupération aux alentours de midi ; à 1h, il est top shape, où il assiste à
son meilleur cours. Malheureusement, il manque toujours son cours de fin de
journée, parce qu'il assiste déjà à sa prochaine activité...nocturne, bien sûr.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br />
6.2. L'abonné à «ailleurs».<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Ça, c'est l'étudiant dont vous ne connaissez ni le nom, ni
le visage. Il a cumulé plus d'absences que tous les autres élèves - ensemble -
et oublie régulièrement l'heure/le local/le contenu de votre cours. Il se
pointe avec son livre de maths cinq minutes avant la fin et ne sait pas trop
quel est le livre à l'étude. Pour une raison mystérieuse, je l'aime bien,
celui-là. Peut-être parce qu'un devoir de moins, c'est une demi-heure de plus
dans ma vie...<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br />
6.3. Le ghetto<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Composé d'environ quatre membres, le ghetto se tient sur
les côtés, en deux rangées de deux. La rangée la plus en avant se retourne
systématiquement aux deux minutes vers la rangée d'en arrière. Ce groupe-là
passe le cours ensemble, la pause ensemble, l'été ensemble et la nuit ensemble.
Habillés pareil, la bouche pleine d'<i>inside jokes</i>, ils rigolent juste en
se regardant, la calotte par en arrière. Ils étudient tous dans le même
programme, viennent de la même place et détestent le travail individuel. À la
pause, ils font jouer de la musique sur un cellulaire et<span class="apple-converted-space"> </span><i>chillent</i><span class="apple-converted-space"> </span>à leurs places, le corps croche. Fait
intéressant, quand j'ai la joie de leur adresser une question, habituellement,
les quatre répondent. Synchro parfaite.<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br />
6.4. Le légume vert<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
Comment finir sans parler de mon légume vert? Lui, il
arrive gelé. À 8h du matin. Vous espérez donc ben que ce soit de la veille,
mais l'odeur persistante et fraîche de plante grillée vous ramène à la dure
réalité. Un sourire niais et une poutine en face de lui, il se bourre la face
avec conviction tout en ne comprenant rien de ce que vous dite. Quand vous
mentionnez le nom d'un auteur, il part à rire. Ses yeux sont tellement rouges
que vous vous en servez comme pointeur laser. Chacun de ses devoirs vous
rappelle les doux relents de vos propres années de cégep. Pauvre étudiant.
Cette année, je lui ai conseillé de slaquer, même si ce n'est pas vraiment ma
job, juste histoire de réussir à faire une phrase qui a du bon sens. Sa
réponse? « Je ne me drogue pas, madame, je suis allergique aux chats ». Ben ton
chat, il sent bizarre, mon gars. Il a une litière au chanvre?<o:p></o:p></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
7. Le facteur de remplissage<o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"> C’est bien dommage, mais chaque classe, hors
des quelques éléments représentatifs que je viens de vous démontrer, contient
quelques agents de remplissage. Des intéressés qui vous regardent les yeux
pleins d’espoir, des je-m’en-foutistes qui visent le fond de la classe, des
présents à moitié, des absents aux trois-quarts, des échoués, des perdus, des
heureux, des madames, des monsieurs, des doués et des moins doués. Ce sont les
étudiantsd qui ne vous marqueront pas, mais qui font l’ambiance du cours, et
que vous serez heureux de recroiser au pub du coin, dans cinq ans. Parce que c’est
agréable de prendre une bière avec les étudiants, après. Pis de se faire dire :
« Ouain, je suis tombé sur ton blogue…». Glup.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-20849438804651912482014-02-24T15:28:00.003-05:002014-02-24T15:28:33.215-05:00La vie est dans : les Cyber-dépendants?Situation d'examen. Je dispose les feuillets sur les tables avant le début de la période. Les étudiants, soudainement, se regroupent autour de mon bureau en brandissant leurs engins électroniques.<br />
<br />
Jeune fille en fleurs : Madame, elle est où, la boîte à cellulaire?<br />
<br />
Oui, parce que j'ai adopté ça, au début de la session. Une petite boîte à cellulaires toute simple, avec une serviette au fond. Comme un petit lit à bidules où les étudiants déposent leurs précieux engins avant le début du cours pour ne pas envie de le consulter pendant. Pratique et efficace.<br />
<br />
Sauf quand elle n'est pas là.<br />
<br />
Aujourd'hui, je ne donne pas de matière : pas besoin donc pour moi de jouer à la police des rêvasseurs. Ils ont des poches, des sacoches, des sacs, bref : plein de possibilités de nids douillets pour le petit boîtier à réseaux sociaux. Serrez-les, que diable!, que j'ai dit. Toute utilisation de vos trucs électroniques, vous le savez, sera considérée comme du plagiat. Et j'ai brandit le doigt.<br />
<br />
Présentement, il doit y avoir une dizaine de téléphones qui traînent sur le coin de mon bureau. Abandonnés, les petits. Le temps d'un examen.<br />
<br />
Allez comprendre.<br />
<br />
P.S. J'aurais bien pris une photo, mais j'ai oublié le mien à la maison.DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-29952938582739795372014-02-19T13:39:00.000-05:002014-02-19T13:41:52.520-05:00La vie est dans : Les petits moments 3Aujourd'hui, remise des plans, examen préparatoire à une rédaction. Les étudiants reçoivent leurs plans et retravaillent sur leurs erreurs, s'il y en a, ou font un exercice de discrimination de concepts. Un de mes gringalets se lève et vient me voir.<br />
<br />
Lui : Madame, j'ai eu 20 sur 25 dans mon travail.<br />
Moi : Oui, quel est le problème? J'ai fait une erreur de calcul?<br />
Lui : Non non, mais...(hésitation)...heum...<br />
Moi : (qui commence à comprendre) J'ai oublié ton collant, hein?<br />
<br />
Il l'a eu, son collant. Gratification immédiate 101 - bienvenue au cégep!DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-11476233196808562702014-02-13T12:04:00.000-05:002014-02-26T09:51:30.870-05:00La vie est dans : Le fond des choses<div style="text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;">
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Deux classes de 101 - une de soins
infirmiers qui commence à comprendre ce que j'attends d'elle, une classe
composée de gens en reprises et de cheminements particuliers. On serait porté à croire qu'un groupe est meilleur que l'autre ; que quelqu'un qui sera
responsable d'interpréter des résultats d'examens médicaux, par exemple, ou d'analyser
rapidement une situation d'urgence, saura reconnaître le propos écrit (et donc
étudiable) d'un tierce individu.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Et bien, non. Les deux groupes sont
poches. Pour le moment, du moins (je ne reviendrai pas sur mes compétences de
prof qui, je crois, ont été suffisamment vantées jusqu'à maintenant).
Cependant, je dois avouer que je n'ai pas croisé de groupes étudiants extraordinaires,
jusqu'à maintenant. La faute à la matière? Non. Les étudiants souffrent dans
toutes les matières abstraites. La faute à la localisation du cégep? Je ne
crois pas. Les cégeps se suivent et se ressemblent : chaque région a sa
particularité, mais le fond ne change pas, les jeunes sont là pour apprendre.
La faute à la génération? Je doute. C'est une génération différente, certes, de
celles qui l'ont précédée. Par contre, elle est allumée, elle fait des liens
et, disons-le, elle sait lire. Culturellement, elle bat donc à plate
couture la génération de nos arrières grand-parents. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<i><span style="font-size: 11pt;">« Mais, inDESScente, il est où, alors, le
problème? »</span></i><span style="font-size: 11pt;"><o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">J'y viens, mes agneaux, j'y viens. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Les matières abstraites, au cégep, ont
pour but de former le futur citoyen à la pensée critique. Qu'on soit en
français ou en philo, c'est pareil : on cherche un raisonnement, on le
décortique, on l'explique. On essaie de comprendre une mécanique, un engrenage
; les mots sont porteurs d'autre chose. C'est un casse-tête qui mérite de
longues heures de réflexion. Une partie du problème réside peut-être dans le
fait que l'étudiant n'est pas habitué à s'asseoir et à penser. Du début de sa
vie jusqu'à ses 17 ans, l'enfant a été organisé. Pas le temps d'avoir de
l'imagination, mon fils : jeux éducatifs, vite, cours de violon, dépêche, on
vide ta couche et on regarde Baby Einstein, ok?</span><span style="font-size: 11pt;"> Le jeune, laissé à lui-même plus tard,
est noyé par le flot d'informations continu qu'il reçoit ; Google, Wikipedia,
Facebook, Twitter : tous sont porteurs de messages, d'articles, d'opinions, de
documentation. L'étudiant ne sait plus faire la différence entre ces concepts
et, jusqu'à un certain point, ne sait pas différencier sa pensée de celle de
l'autre. Il veut dire la même chose, arriver à la même réflexion. Il ne
comprend plus le plagiat, parce que l'idée individuelle est devenue l'idée
commune. Il travaille en équipe dans sa réflexion, n'arrive pas au même
résultat seul parce que son cerveau a besoin d'une stimulation externe pour
fonctionner. C'est un problème cognitif, madame, la source du problème. Et nos
évaluations ne peuvent pas permettre de savoir si une classe, en général, a
compris. On forme l'individu, pas la masse. Conflit.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Ou alors, les étudiants, maintenant, n'ont
plus les acquis pour réussir. En entrant dans mon cours, je dois réexpliquer ce
qu'est une idée. Une figure de style. Un participe passé. Ils disent n'avoir
jamais croisé ces éléments, auparavant. N'avoir jamais fait un plan. N'avoir
jamais écrit un texte. Certains ont plus de fautes que de mots dans leurs
paragraphes, mais se retrouvent quand même dans ma classe, en 101, sans être
passés par le cours de mise à niveau. Les plus forts s'ennuient et décrochent ;
les plus faibles en arrachent et abandonnent. Je ne veux pas blâmer la réforme,
parce que je ne crois pas que sa définition constitue la source du problème,
mais plutôt son application. En effet, je connais trop de professeur(es,
surtout) du primaire pour ne pas savoir que les règles, pendant six années,
sont apprises et appliquées à répétition, pour créer des bases solides. C'est
l'enseignement-marteau : on tape sur le clou jusqu'à ce que ça rentre. Rappels
constants et gestion de classe, situations adaptatives, tics : toutes les
méthodes sont bonnes pour que Jeannot comprenne comment accorder l'imparfait et
subjoncte correctement. C'est de la <i>drill</i>, allez, Rose-Émily et
Émile-Alexandre, on pousse, on force, que ça vous rentre dans la tête. Math.
Français. Français. Math. Pousse-pousse-pousse. En sixième année, même les plus
réfractaires aux savoirs à acquérir maîtrisent quand même la base. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Alors voulez-vous bien me dire ce qui se
passe au secondaire?<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">L'étudiant aurait-il besoin d'être encore
aussi encadré? Ou alors, l'est-il trop? La matière est-elle enseignée pour
privilégier la pérennité des connaissances, ou bourrons-nous le cerveau des
ados d'inepsies dont ils ne saisissent pas le sens et dont ils se contentent de
vomir le contenu sur leurs épreuves finales? Quelles sont les compétences,
justement, qu'on attend d'eux? A-t-on substitué, déjà, le D.E.S., qui est censé
témoigner d'un certain nombre de compétences, à un bout de papier qui prouve
qu'on a usé son pantalon pendant cinq ans sur un banc? Que sait-on, en sortant
de là? Je ne crois pas que la faute est aux profs - j'ai un immense respect
pour ceux qui osent encore s'aventurer là. Mais où passent tous ces beaux
concepts dans l'été qui sépare le secondaire du cégep? Je l'ignore.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Finalement, une autre option est à
envisager. La plus triste. Celle qui remet en cause mon travail et qui critique
ma société en laquelle je crois encore parce que j'en fais partie. Celle qui
remet en question le cours même que je donne. Parce que rappelons-nous que le
cours que je donne fait partie de la formation civique de l'étudiant. Or, je me
demande si...la société veut vraiment qu'on apprenne aux jeunes à penser. Qu'on
le forme, le citoyen. Le système est ainsi fait qu'il n'a qu'à se laisser
guider, au fond. Apprends les règles sociales, prends ton diplôme secondaire,
prends ton diplôme collégial, va travailler. L'université va te faire crever de
faim : si t'es trop instruit, on ne t'engagera pas. Les baccalauréats ne se
méritent jamais d'hashtag. Si tu travailles, tu consommes, si tu consommes, tu
es heureux, si tu es heureux, tu ne causes pas de problème. Peu importe si tu
ne comprends pas pour qui tu votes ou si tu ne saisis pas les nuances du
budget. Tu fais partie d'une masse, d'un groupe, d'une page. Vous regardez tous
les mêmes émissions de télé, écoutez la même musique, vous ne lisez pas, ou
alors si peu, et la portée de ce que vos stimuli ne soulèvent pas la réflexion.
Votre cerveau est paresseux, atrophié ; il préfère l'information prémâchée. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">En ne formant pas le citoyen à penser, il
devient plus malléable, plus facile à satisfaire. À manipuler aussi. Il ne
remet pas en question sa condition et n'essaie donc pas de la changer. Il ne
critique pas non plus le système. Notre gouvernement, grand garnement sans
façon, paternalise le Québec depuis des années et l'allaite à grands coups de promesses
électorales. Il règle le problème de l'éducation en enlevant le côté abstrait
des diplômes, impose dès le primaire des cours d'orientation de carrière. Mes
étudiants ne se demandent pas ce qu'ils veulent faire de la vie, ils le savent
: de l'argent. La plupart n'éprouve aucune passion, au cégep, n'est pas
curieuse de découvrir. Ils veulent finir le programme, coûte que coûte. Ou
alors, ils suivent le flot dans le programme d'intégration, parce qu'on leur a
dit d'aller là, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire dans la vie,
qu'ils n'ont aucune passion, aucune saveur. Ils sont là, à n'étudier presque rien, parce que de cette manière, ils ne perdront pas
de temps et qu'ils pourront travailler pendant leurs études. Or, quand le
travailleur rentre chez lui après une journée à la mine, il est trop épuisé
pour se demander si c'est normal qu'il soit analphabète encore à 20 ans. La
société roule. La paix.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Théorie du complot ou facilité sociale? Je
ne sais pas. Je ne suis qu'une petite blogueuse de fond de bureau, dans le
fond. Une enseignante bizarre dans un système qui fait valoir l'éducation
mercantiliste. Je refuse de prendre parti et je refuse de trouver la réponse,
parce qu'il n'y en a pas. C'est ça, la magie de l'abstrait.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Y'en n'a pas, de réponse.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Faut décider si c'est ça, qu'on veut. Des
machines à travailler. Des machines à recracher. Faut savoir si on peut
changer. Si on veut changer. Si on veut s'investir dans le changement. Si on
est encore capable de le faire, ou si le système a gagné. Faut décider tout ça.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Mais on ne le fera pas aujourd'hui. La
réflexion, on la fera demain. Les devoirs aussi.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Parce qu'aujourd'hui, je vais terminer ce
billet et le publier sur Facebook, sur Twitter, sur Google.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<span style="font-size: 11pt;">Retour au cynisme.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<i><span style="font-size: 11pt;">By the way</span></i><span style="font-size: 11pt;">, c'est la Saint-Valentin demain. On a le
droit d'être cynique, à la Saint-Valentin.<o:p></o:p></span></div>
<u1:p></u1:p>
<u1:p></u1:p>
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<u1:p></u1:p>
<br />
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
</div>
</div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-1361866816963784592014-01-29T22:00:00.000-05:002014-01-29T22:02:08.326-05:00La vie est dans : Port-CartierIl y a des gens biens, ici. Des gens très biens, Monsieur Jardin. Des gens cultivés, qui savent qui sont Jacques Brel et Stromaë, qui sont ouverts à la culture. Qui utilisent les termes «immigrés» et «différent» en lieu et place d'«importés» et de «fucké, man». Qui regardent des téléséries françaises en ne zappant pas et qui boivent du vin blanc en se disant que c'est ça, la vraie vie, plutôt que de s'écraser devant la poule avec une grosse pour passer la veillée parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, anyway. Des gens qui travaillent dur, qui travaillent fort, mais pas seulement pour l'argent ; qui se sentent estimés, dans leur travail. Valorisés. Ils piochent, ils bûchent, ils s'usent les mains et quand ils reviennent à la maison la besace pleine de minutes en trop, ils travaillent encore parce que c'est aussi ça aimer ce qu'on fait. Des gens qui ont du coeur et douze enfants (vive les régions!) qui s'en vont encore à pied à l'école parce que l'autobus est resté pris et qui ont peur de passer la nuit au cégep parce que la route jusqu'au Havre est encore barrée. Des gens qui veulent apprendre, qui sont prêts, qui se tiennent droit et qui ne soupirent pas. De ceux qui montent au front, qui parlent dans les assemblées, qui se fâchent, mais pas trop, parce qu'ils savent qu'ils ne détiennent pas la vérité, mais qu'ils ont au moins la conviction de leurs erreurs.<br />
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Des gens comme ça, il y en a plein, ici.</div>
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C'est juste que je n'en connais pas beaucoup.</div>
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<br /></div>
<div>
J'habite dans les tréfonds de Port-Cartier. Si vous êtes peu familiers avec la Côte-Nord, dites-vous que c'est un peu la banlieue de Sept-Îles. C'est plus joli, plus intime, plus familial, plus petit pas mal. Le côté positif, c'est que tout est à cinq minutes, même les limites de la ville. Si vous voulez savoir ce que votre troisième voisine a mangé pour souper hier, vous allez au Tim Horton ; les commères se tiennent là, en rang, prêtes à vous informer. Vous voulez connaître l'état des routes? Vous montez sur la 138, au Relais, remplir votre auto d'essence et jaser de chiens avec la madame. Si vous <i>feelez</i> gastronomiques, vous vous pointez dans l'un des trois restaurants de la place pour manger du pâté chinois et du pudding au pain. </div>
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<br /></div>
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Pour vous dire, la pancarte, quand on arrive, dit <i>Vous étiez à Port-Cartier</i>. </div>
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<br /></div>
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Ici, tout le monde se connaît depuis l'utérus (maudite consanguinité ) et s'appelle par son nom de famille. Quand les jeunes vont porter leur CV au Provigo, le gérant leur demande « t'es le gars à qui, toi? ». Si t'as oublié de payer ton loyer le premier, c'est ta coiffeuse qui te le rappelle, parce que c'est la soeur de la blonde à la cousine de ton propriétaire et qu'il ne s'est pas gêné pour l'appeler. Les enfants, quand ils ont une question sur un devoir, ont le droit de téléphoner à leur prof jusqu'à 8 h (parce qu'après, c'est <i>Unité 9</i>). Le jeudi, si le poulet est en spécial, tout le village mange des <i>Hot chickens </i>pour souper. Puis le lundi, ça fait son épicerie, parce que c'est là que le camion arrive. Ça raconte que c'est bien beau, les glaciers, l'hiver, « mais que lâ t'es voé pas parcequ'ya trop d'brume! » et ça s'en va déneiger le chalet le samedi en skidoo, même s'il fait -1000, parce que « c'pas si pire que çâ, voyons ». Les maisons sont maganées parce que la mer a déjà débordé il y a trois ou quatre ans. Les plus pauvres vivent dans des roulottes, les plus riches dans des bungalows. Tu veux t'abonner au gym? Va voir Raymond, il fait ça dans la salle communautaire. Le cours de boxe? C'est Chantale, la fille à Jeanne. Elle a changé ses cheveux, à part ça. Tout est à vendre, tout s'achète, tout s'échange, ta vanne contre mon quatre-roues pis ton sucre à crème contre mon premier-né, ça fais-tu? Le maire, c'est l'ancien curé.</div>
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<br /></div>
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Vous voyez le genre?</div>
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<br /></div>
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Et moi, j'arrive quelque part là-dedans, dans un sous-sol de bungalow. J'ai quatre murs et un ordinateur, plus de temps qu'un baby-boomer à la retraite et les habitudes de vieilles filles qui reviennent au galop. À Rome, on fait comme les Romains ; je tricote, je jase de Thérère (?) qui est une agace-pissette, ça a l'air, parce qu'elle a niaisé Ti-Gus (??). Je partage ma recette du sucre à la crème et je passe pour avant-gardiste parce que je mets des noix dedans. Quand je dis que je vais courir le matin, le monde me demande « après quoi? ». Quand les gens apprennent que je suis maîtresse d'école au Cégep (mouain...), ils sont très impressionnés, parce qu'eux autres, ils n'ont pas beaucoup d'instruction, mais ils ont fait une belle vie pareil, pis on leur met trop d'affaires dans la tête, aux jeunes, anyway, avec toutes leurs bébelles électroniques. </div>
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<br /></div>
<div>
Bref, quelque part entre mes marches vers nulle part et mes conversations qui ne servent qu'à occuper un temps mort entre deux autres, j'ai tendance à m'emmêler les pouces à force de les rouler. Je cherche la civilisation entre deux montagnes et parfois, je me surprends à parler à un érable égaré. Je rêve des soirs que je peux passer à Sept-Îles, parce que là-bas, on peut boire une bière importée et manger du tartare de saumon (oui oui, du poisson cru! C'est fucké, hein?). Quand tu commences à penser que Sept-Îles est un bassin de culture, c'est que tu te trouves devant un bien petit pétri...</div>
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<br /></div>
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...ou un bien moyen pétrin.</div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-74975274174045713722014-01-23T12:31:00.002-05:002014-01-23T12:31:56.759-05:00La vie est dans : Les nouvelles responsabilitésC'est pas facile d'être prof au collégial. C'est encore moins facile de ne pas être prof au collégial.<br />
<br />
Quand on sacrifie quatre ou cinq ans de sa vie à s'user les collants sur les bancs d'école, on estime que la société nous doit au moins un travail à temps plein, sinon à temps partiel, sinon décent, sinon indécent, sinon au moins dans notre branche, sinon au moins pas loin, sinon au pire on se réorientera. Plusieurs de mes collègues se retrouvent, lorsque le froid sec de l'hiver se pointe, devant des décisions difficiles à prendre, à remâcher des mots comme « avenir », « dette » et « compromis ». Ce n'est pas facile, ce ne le sera pas pour les dix prochaines années et on le sait. Faut attendre que ça parte. Faut attendre que ça arrive. Faut attendre une tâche, un poste, une permanence. Peu osent <i>gambler</i> leur futur proche pour l'espoir d'un temps plein dans une contrée pas trop lointaine. Faut être un peu fou, parait-il.<br />
<br />
Je l'ai fait. Me voici dans le Grand Nord (pour être plus précise, dans le P'tit Est, c'est pas grand, ici) à enseigner tous les jours et à risquer ma vie sur la 138, quelque part entre Port-Cartier et Sept-Îles. Je suis fière d'avoir fait ça, mais j'ai toujours une pensée pour ceux qui n'ont pas ma chance, qui n'ont pas de poste, qui se choisissent de nouvelles responsabilités.<br />
<br />
Parce que cette session-ci, je vous envie un peu.<br />
<br />
Dans le merveilleux monde de l'enseignement, il existe une chose merveilleuse qui s'appelle : « la libération de tâche ». Parce qu'un enseignant n'est pas juste un enseignant (voir « comment-remplacer-le-parent-dans-l'éducation-de-son-kid-pis-enlève-les-pieds-de-la-chaise! » ). Il peut être aussi coordonnateur, chargé de projet, représentant syndical, gna gna...Et il faut lui trouver du temps pour faire tout ça, parce que la Côte-Nord, c'est loin, mais y'a quand même moyen de se tricoter une vie entre deux ours et un orignal. Et, comme ma naïveté, mon innocence, mon ambition assassine et ma fatalité carriériste permettent à mon département de mon confier bien des choses sans jamais risquer un refus, me voilà RepFran pour une session.<br />
<br />
Oui. Moi. RepFran. Merci, merci.<br />
Ahem...Kessé ça?<br />
Heum...et bien...<br />
<br />
<div style="border-bottom: solid windowtext 1.5pt; border: none; mso-element: para-border-div; padding: 0cm 0cm 1.0pt 0cm;">
<div class="MsoNormal" style="border: none; margin-bottom: 0.0001pt; padding: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Bookman Old Style","serif"; font-size: 10.0pt; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR-CA;">Le RepFran, qu’est-ce que c’est?<o:p></o:p></span></b></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="border-bottom: solid windowtext 1.5pt; border: none; mso-element: para-border-div; padding: 0cm 0cm 1.0pt 0cm;">
<div class="MsoNormal" style="border: none; margin-bottom: 0.0001pt; padding: 0cm; text-align: justify;">
Le réseau RepFran (réseau des
RÉPondants du dossier de la valorisation du FRANçais dans les collèges) est un
projet d’offre de services permettant l’amélioration de la qualité du français
des étudiants, du personnel enseignant et des membres de la communauté
collégiale<a href="file:///C:/Users/norv/Desktop/RepFran/RepFran%20-%20Offre%20de%20services.docx#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR-CA; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></a>.
Le RepFran propose plusieurs activités qui ont pour but de promouvoir le bon
usage du français, mais également de diversifier les interventions pédagogiques
effectuées auprès des étudiants et d’outiller le personnel enseignant et
professionnel. <o:p></o:p></div>
</div>
<br />
<div>
<br /></div>
<div>
Ok, mais...kessé ça?</div>
<div>
<br /></div>
<div>
En gros, ça fait tout ce qui a rapport de près ou de loin avec le français dans un collège. Ça offre un service de correction à tout le monde, ça monte des projets ludiques, ça enquête sur les projets de réussite, ça gère le suivi des étudiants en difficulté, ça dessine l'horaire du Centre d'Aide en Français et ça fait une dépression au bout de trois semaines.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je suis déjà le bébé du département. À ce que j'en sais, je suis le bébé des RepFran du réseau aussi. Et comme je ne fais jamais rien à moitié (sauf le ménage, tsé, je suis humaine aussi), je me suis monté une quinzaine de projets de recherche et d'activités et de services qui n'attendent que moi pour se réaliser. Quand j'entre dans mon bureau le matin, ils me crient après.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Et ils crient tous : « MOUAAAAA! »</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je passe mes journées à courir, j'use mes talons hauts, mon agenda est plein de rendez-vous, des gens que je ne connais pas m'appellent par mon nom et je suis tout le temps au téléphone. Je suis sur le bord de m'engager une secrétaire. On me prévoit des colloques, des conférences, je parle avec les directeurs des études et avec les madames responsables des centres d'aide de toute la province (jamais tombée sur un gars, encore!), je lis des affaires qui ne font aucun sens et...je le dis. J'ai l'impression que j'ai du front tout le tour de la tête quand je m'adresse à mes collègues et qu'ils se rapportent à moi, bref, je domine le département...</div>
<div>
<br /></div>
<div>
...ou pas. En vrai, j'ai sérieusement peur de me cogner le nez quelque part avec ça. Je me bats depuis une semaine avec l'ordinateur du RepFran qui ne veut rien savoir de moi, la mise en page de l'horaire du CAF change toute seule, il y a trop d'étudiants pour le nombre de tuteurs possibles, je dois organiser une semaine du français...je me sens un peu perdue. Quand j'ai envie de faire manger mon agenda à la photocopieuse qui refuse encore mon nouveau mot de passe, quand j'entends le bruit du 29ème courriel hyper-important de la journée, quand j'entends quelqu'un dire « des chevals » en passant devant la salle des employés, dans ce temps-là, je pense à vous qui n'avez pas de travail.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Bon, d'accord, je ne vous envie pas vraiment. J'adore mon job.</div>
<div>
Mais je pense à vous...</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="ftn1">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/norv/Desktop/RepFran/RepFran%20-%20Offre%20de%20services.docx#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 10.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR-CA; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 9pt;">Stéphanie Carle (collège Montmorency) et de Julie Roberge (cégep
André-Laurendeau), <span class="apple-converted-space"> </span>« </span><a href="http://www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr17-3/Necessite.html"><span style="background: white; color: #660066; font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 9.0pt;">La nécessité de créer un réseau de répondants en français</span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 9pt;"> », <em><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Correspondance</span></em>,
vol. 17, n</span><sup><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-family: Arial, sans-serif;">o</span></sup><span class="apple-converted-space"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 9pt;"> </span></span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 9pt;">3, avril 2012, p. 3-6</span><o:p></o:p></div>
</div>
</div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-46821169811398983382013-11-19T10:18:00.001-05:002013-11-19T10:18:59.501-05:00La vie est dans : Revenir dans ses souliers.
<br />
Ben kin!<o:p></o:p><br />
<br />
Épargnez-moi les classiques « T'étais pas morte, toi ? » et « Je pensais que
tu t'étais fait enlever par les extra-terrestres », la vérité n'en est rien.
Votre inDESScente, fière de son indécence professorale, et toujours en
action...ou du moins, l'est revenue tout récemment, car, après vous avoir
épargné ses splendides aventures de cocotte au chômage, la revoici dans sa
classe et à...Sept-Îles.<o:p></o:p><br />
<br />
Bon, revenons à la première personne, voulez-vous?<o:p></o:p><br />
<br />
Après quelques mois d'Explore (où j'ai passé très près de débarrasser la
terre de deux ou trois hispanos obstinés), j'ai reçu l'appel fatidique de la
bonne-mauvaise nouvelle. Effectivement, c'est bien malheureux, le malheur
d'autrui ; cependant, en début de carrière, faut se l'avouer, on compte un peu
là-dessus. Des doigts pincés dans les portes qui empêchent de tenir la craie
aux pattes emmêlées dans les sacs d'étudiants qui traînent à coeur de plancher,
toute raison est bonne pour prendre un congé maladie, n'est-ce pas? Et c'est
bien sûr là que les aspirant-e-s à la profession se retrouvent sur les dents,
habituellement quatre-vingt-douze à appliquer pour le même poste.<o:p></o:p><br />
<br />
Mais pas à Sept-Îles.<o:p></o:p><br />
<br />
Après avoir essuyé une profonde tristesse suite au départ d'une collègue,
mes employeurs se sont vus bien embêtés, croyant que je serais bien hésitante à
abandonner chatons et boyfriend-ish-plus-tant-ish pour me précipiter dans
Saint-Très-Loin. Bien sûr, c'est mal me connaître et, aussitôt ma valise faite,
je me suis précipitée, nez au vent et mains au volant, vers ce que je croyais
être un retour dans mes vieux souliers. Un groupe de 101, un groupe
de renforcement en français et une cohorte d'éducation spécialisée, j'ai déjà
vu ça...non?<o:p></o:p><br />
<br />
Erreur, mes amours, mes amis. Grossière erreur. Faire un remplacement, c'est
comme arriver sur les lieux d'un accident, mettre les vêtements de la victime
et finir sa journée. Vous ne savez jamais où vous allez, vos élèves sont
paniqués et vous vous retrouvez à parler d'un livre que vous n'avez pas lu.
Parce que, lorsque le téléphone sonne, les Ressources Humaines du Saint très
Haut Corps Professoral ne vous demandent pas si vous auriez l'obligeance de
vous présenter dans les prochaines semaines. Nanon. Ça ressemble plus à : «
Pourrais-tu être là hier? ». <o:p></o:p><br />
<br />
<o:p></o:p><br />
<br />
Me revoici donc dans un bureau bordélique à gérer des post-its qui ne
portent pas ma griffe, à déchiffrer des grilles de corrections que je ne
maîtrise pas et à me taper en vitesse les œuvres au programme. Quand même,
j'estime m'être revirée de bord comme une pro : j'ai un logement, quasiment une
routine, je suis organisée...<o:p></o:p><br />
<br />
<o:p></o:p><br />
<br />
...ou presque. Je me suis pointée à 8h du matin aujourd'hui. Mes cours
commencent à 2h.<o:p></o:p><br />
<br />
On va s'ajuster.<o:p></o:p><br />
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-27331595834859025482013-05-30T21:27:00.002-04:002013-06-01T06:47:25.581-04:00La vie est dans : Le post-cataclysmeJ'ai besoin d'une pause.<br />
<br />
Je suis dans mon bureau depuis 8h ce matin. Oui oui. Pendant que mes collègues professeurs se la coulent douce en savourant leur apaisement post-session, post-correction, post-poste-d'enseignant, quoi, moi, je travaille à monter un cours que je n'ai jamais donné. Oui, parce qu'il y a une partie de moi - toute, toute petite, promis - légèrement maso, workaholique et terriblement à l'argent.<br />
<br />
L'option d'avoir un job, donc, cet été, me paraissait tout à fait appropriée. J'ai donc décidé de donner le français 104 parce que, tsé, c'est facile, la communication. Pis tsé, je communique...full...<br />
<br />
Bref, ce matin, j'apprenais la matière avant de l'enseigner. Jusqu'à midi. Ensuite, j'allais enseigner la création de texte à mon groupe de la formation continue. Parce que, tant qu'à avoir un job cet été, autant en prendre deux. Ça aussi, c'est facile, la création de texte. C'est aligner des phrases, c'est ça? Je sais faire ça, créer des textes. J'en fais...full...<br />
<br />
Alors, après deux veillées à réviser les subordonnées (nom nom...relative...nom nom...complétive...nom nom...circonstancielle...nom nom...participiale...nom nom...infinitive...nom nom...si vous venez de vous dire « kessé ça » dans votre tête, <i>join the club</i>...), je me suis mise à corriger mes épreuves finales qui étaient dues pour...heum...hier. Pas grave. Qui a besoin d'heures de sommeil, de toute façon? Ce ne sera pas rendu avant la semaine prochaine, et alors? Qui a besoin d'une bonne réputation de bonne fille à ses affaires et à jour dans son milieu de travail? <br />
<br />
Bon, pour vous dire la vérité, je n'avais aucune idée de la date-butoir de remise des évaluations finales. Pour vous dire la vraie de vraie vérité, je n'ai pas vraiment lu ma P.I.E.A. Pour vous dire la vraie de vraie de vraie vérité, même si j'avais travaillé tous les soirs depuis la fin de la session sur mes corrections, mes 132 copies ne porteraient toujours pas ma griffe finale.<br />
<br />
Je suis une InDESScente. Pas une machine. Quoique...<br />
<br />
Ah, et puis, de la <em>schnoutte</em>. Tant qu'à prendre deux jobs, autant en prendre trois. Ça fait que je me suis arrangée pour que mes deux cours d'été se donnent en un mois, pour accélérer mon retour à Québec. Pour le cours régulier, il n'y avait aucun problème ; il se donne de manière intensive, en quatre semaine, chaque année. Pour l'autre, il a fallut que je me négocie ça. Mon argument principal : « C'est comme les professeur de maternelle. Un groupe le matin, un groupe l'après-midi! ». Ça fait que des fois, j'appelle mes étudiants « les amis » et je leur fais croire que c'est pour vérifier s'ils sont attentifs.<br />
<br />
Revenons à ma négociation. Quand j'ai pris le téléphone pour demander des changements d'horaire, j'avais un doute sur la possibilité de la chose. Les horaires, au cégep, c'est souvent coulé dans le béton. Armé. Sur un cadavre d'A.P.I. qui a essayé d'y gosser quelque chose. En fait, pour être honnête, je ne pensais absolument pas que ça allait marcher, mon affaire. Mais, faut le dire, la Formation continue y tient, à ses mignons. Alors ils m'ont patenté ça <em>allegro</em>. Mon cours de 60 heures se donne donc en cinq semaines. Ce qui veut dire la fin de semaine aussi. De toute façon, qui a besoin de se divertir? Autant revoir les règles de la virgule et des erreurs communes de syntaxe pour avoir la paix après. J'ai donc jusqu'au premier juillet à souffrir...<br />
<br />
...avant de commencer le programme Explore. Et oui, de retour auprès des non-francophones de mon cœur! Ne craignez rien, c'est seulement le matin, il y a très peu de corrections...c'est un public difficile, mais après mon expérience Septilienne, j'en ai vu d'autres, non? Comme c'est seulement le matin, cela devrait me permettre de respirer l'après-midi, de profiter du Festival d'été, d'aller me promener au parc, de sortir avec mes amies...<br />
<br />
...à mois que je puisse redevenir libraire l'après-midi. J'aimais ça, libraire. Oh, et puis, s'il faut que je redevienne caissière, ça me reposera l'esprit. Tant que c'est dans une librairie. Oui, c'est reposant, travailler dans une librairie.<br />
<br />
Et suis je suis chanceuse, je serai engagée en septembre. Quelque part. Pour remplacer un congé de maternité ou une dépression. Et l'hiver prochain, je reviendrai probablement à Sept-Îles. Pour donner les cours de la session. Et je resterai pour la session d'été. Et je reviendrai à Québec faire Explore.<br />
<br />
Nana. Pas une workaholique. Une ambitieuse, j'ai dit. Une carriériste.<br />
<br />
Qui a besoin de sucre. Vite.<br />
<br />
Ah, au fait : si vous me cherchez, je suis dans mon bureau...DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-18907835314882548562013-05-01T12:55:00.001-04:002013-05-01T12:55:14.434-04:00La vie est dans : La fin de sessionTrente minutes de temps mort, sur ma pause du midi, pour vous écrire.<br />
<br />
En trois nuits, j'ai dû dormir cinq heures. Je suis épuisée, enterrée sous les corrections, les préparations, les planifications d'examen. Mes jointures souffrent car ayant trop tenu le crayon (oui oui, je suis <em>old style), </em>mes paupières sont lourdes de maquillage et de sommeil, mes vêtements sont défraîchis car je n'ai pas fait de lavage depuis deux semaines au moins. Ce matin, je me suis réveillée au volant de ma voiture, alors que je conduisais vers le collège. Trois cafés ne furent pas suffisants et j'ai bâillé (oh! malheur pour mes étudiants) pendant les exposés oraux. J'en ai encore pour trois heures à enseigner. Par la suite, j'irai engraisser les profits du <em>Toi et moi Café</em> qui a l'honneur de me voir chaque soir, chargée de cahiers Canada.<br />
<br />
Vous vous souvenez de vos fins de sessions, mes copains lecteurs? Écrasés dans le hall de l'université Laval, parachevant vos traits d'esprits lors de l'écriture de vos derniers travaux, les veines dopées à la caféïne, les yeux rouges, nous faisions l'éloge de notre martyr d'étudiant. Pauvres petits que nous étions, toujours à la dernière seconde, toujours à la veille, toujours au désespoir de manquer de temps. Et pourtant...<br />
<br />
De l'autre côté, c'est le poids des responsabilités qui tombe. Nos étudiants sont-ils prêts pour leur examen? Qui traîne à l'arrière? La consigne est-elle claire? La grille de correction, prête? Les étudiants ont-ils travaillé leurs erreurs? Comprennent-ils ce qu'ils doivent faire? Surtout, ne pas oublier d'apporter des dictionnaires pour leur évalutation finale. Qui risque de ne pas passer? Qui dois-je rencontrer avant la date fatidique? Est-ce qu'ils saisissent le sujet? Est-ce qu'ils ont compris le passage? Devrais-je leur montrer le film? <br />
<br />
Corriger le groupe A. Donner un cours au groupe B. Le groupe C est en examen. Rendre la copie au groupe A. Deuxième partie d'examen pour le groupe C. Exercices sur la phrase pour le groupe D. Remise de travaux pour le groupe E. Examen du groupe D. Examen du groupe B. Cours pour le groupe F - ne pas oublier les photocopies. Cours pour le groupe A - correction. Le groupe E est en difficulté - intervention. Examen. Préparation. Correction. Intervention. Remaniement. Planification.<br />
<br />
<em>Flatline.</em><br />
<em></em><br />
Je fais le plus beau métier du monde. Mais à la fin de la session, j'ai l'impression de prendre sur moi la réussite de 102 élèves à la mine inquiète, qui <em>squattent</em> mon bureau comme des militants en quête de résultats. Je prends le temps, j'explique, je réexplique...et je suis poursuivie partout. Au cégep. À l'épicerie. Au café. Bientôt, ils viendront frapper chez moi.<br />
<br />
Je suis épuisée. . Je n'ai plus de patience, je n'ai plus de temps, je suis irritable, je manque de sommeil, je ne mange plus, j'arrache ma jolie tignasse de ma jolie tête, j'emmerde mes talons hauts, je n'ai plus aucun code vestimentaire (seul le pyjama est exclu...et encore!), je réplique du tac au tac à mes étudiants, je suis autoritaire, arrogante, je mords, je griffe, je gueule et je suis sur le point de faire manger son accordéon à mon colocataire.<br />
<br />
Et puis, je me souviens que je suis folle, je fais une salutation au soleil, et je respire.<br />
Plus qu'une semaine. Ensuite, les vacances.<br />
Pour une semaine. Et on recommence.<br />
Comme je disais, je fais le plus beau métier du monde.<br />
Faut que je vous laisse. Y'a des étudiants qui cognent à la porte.DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-27340337001415499782013-04-19T13:23:00.002-04:002013-04-19T13:23:27.283-04:00La vie est dans : Le cours des chosesCe soir, j'enseigne le swing.<br />
<br />
Je sais que le bonheur n'est pas loin quand je sais que je m'en vais danser. Je ne pense qu'à cela toute la journée. Je prépare mes vêtements la veille. Souvent, j'en achète des nouveaux, que je teste dans mon salon. La jupe s'envole-t-elle? Les souliers glissent-ils? Ai-je l'air <em>awesome</em> ET confortable? Je pratique des variations de pas en cachette, avec le frigo comme partenaire. Je mets de la musique un peu trop fort, juste pour emmerder les voisins. Je m'en fiche. Je vais danser ce soir.<br />
<br />
Quand j'enseigne le swing, c'est la même chose, exposant 10. Je suis professeure de français, et la danse est un langage comme un autre. J'apprends à mon groupuscule d'élèves à communiquer par le mouvement. Je mélange les passions et je fais mon show en même temps. Cela satisfait mon besoin d'expertise, de cérébralité et d'élitisme ; ça conquiert aussi mon côté m'as-tu-vu et je-suis-drôle. Meilleur des deux mondes.<br />
<br />
Cette semaine, j'ai rejoint le comité exécutif de Swing Sept-Îles. En fait, pour être exacte, je fais partie des membres fondateurs. Je suis aussi la coordonatrice des initiations, ce qui veut dire que bientôt, je posséderai les numéros de tout ce qui danse le swing à Sept-Îles. En plus, je suis la gardienne de la playlist, responsable des DJ et DJ non-officielle à mes heures (DJ Indécente, avouez que ça a de la gueule! ). On parle de me faire enseigner à l'école de danse officielle de la ville, on reconnaît mon expertise en Jive et en chorégraphie. Je suis en train de gagner le respect de la communauté et on me témoigne beaucoup de confiance. Petite semaine.<br />
<br />
Aussi, cette semaine, j'ai démarré un programme de création littéraire à la formation continue. En fait, en allant semer une graine, j'ai planté un arbre. Je ne proposais qu'un atelier, qu'un cours du soir, vraiment, basé sur mes connaissances en littérature et sur ma capacité - timide, mais réelle - à écrire en passant de l'émotion. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'école des adultes - alias Formation Continue - embarquerait à un tel point dans le projet que, loin de se contenter de simples atelier, elle prévoit tout un programme qui, potentiellement, allierait les cours de création de fiction courte et de fiction longue, l'étude des différents genres littéraires et des différents styles d'écriture. Avant mes trente ans, il se peut bien que je devienne responsable de l'organisation d'un programme entier.<br />
<br />
Petite semaine, dis-je.<br />
<br />
Aussi, la fin de semaine dernière, je suis allée, avec mon glorieux colocataire, à la conquête des merveilles cachées de la Côte-Nord. Je suis allée à la chasse aux palourdes et j'ai descendu un escarpement (il m'aurait presque fallu une corde de rappel!) pour découvrir une plage secrète. Dans mes bottes de plus, j'ai marché dans un horizon d'eau et j'ai escaladé des rochers pour tremper mes mains dans l'eau d'une chute. Cela peut sembler anodin, mais vous auriez dû voir la pente. J'ai grimpé ça, moi. Comme une championne.<br />
<br />
Au travers de ça, j'ai aussi réussi à intéresser une bande d'adolescent à Cyrano de Bergerac à force d'exemples (et de menaces), j'ai corrigé 82 copies (ne m'en reste qu'une petite centaine), j'ai fait le ménage de l'appartement, j'ai écrit un nouveau roman (il ne me manque qu'un chapitre et ça part chez l'éditeur), j'ai joué de l'accordéon (en cachette de mon colocataire...s'il savait...), je suis passée au travers du jeu vidéo <em>Portal</em> en 5 jours et j'ai changé les règles de l'analyse littéraire en formules mathématiques, juste pour le plaisir.<br />
<br />
Comme je disais. Petite semaine.<br />
<br />
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-57447815153083136632013-04-10T12:03:00.003-04:002013-04-10T12:03:50.573-04:00La vie est dans : La complicité
<br />
Une maudite chance que j'enseigne.<o:p></o:p><br />
<br />
La complicité est un élément que j'aime installer dans mon enseignement. Je
déteste la relation maître- élève, le « Moi, personne éduquée, toi, adulte
émergeant, apprendre, ARGH! » suivi du coup de massue. D'une part, ce n'est pas
mon style (je suis beaucoup trop détendue devant mes têtes blondes pour réussir
à conserver la rigidité de l'arrière-fessier nécessaire à ce genre de stratégie
pédagogique) et d'autre part, d'après la philosophie socioconstructiviste, ça
ne fonctionne pas. Sans dire que je fais des tresses à mes étudiantes pendant
les pauses, j'essaie tout de même de les mettre à l'aise et leur apprends que,
si on ne vaut pas une petite risée, on ne vaut pas grand-chose. J'utilise
beaucoup l'ironie pour mettre en évidence les défauts de leurs raisonnements ou
le sarcasme pour blâmer une intervention inutile. Ça ne fonctionne pas
toujours, mais jusqu'à maintenant, je m'en sors bien.<o:p></o:p><br />
<br />
Le revers de cette médaille (car il y en a un), c'est justement que mes
étudiants se sentent à l'aise. Très à l'aise. Assez à l'aise pour s'essayer à
me contredire, à défaire mon raisonnement, à me rabattre dans mes
retranchements. Ça donne lieu à des joutes intellectuelles plutôt
intéressantes, et, avouons-le, ils perdent tout le temps (c'est moi la prof,
c'est moi qui gagne, c'est comme ça!). Or, quand la méthode complexe ne
fonctionne pas, on passe à la méthode simple : le mauvais coup.<o:p></o:p><br />
<br />
Quand vous approchez une classe et que vous entendez rire, c'est mauvais
signe. Si les rires arrêtent lorsque vous entrez dans le local, vous êtes dans
la m****. Le problème, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils ont fait, ces
étudiants à l'imagination débordante. Vous avez peur de bouger la souris de
l'ordinateur, de lever la toile devant le tableau, de vous asseoir sur votre
chaise. Un silence pesant, entrecoupé de rires étouffés, s'étend en longueur.
Vous pensez avoir tout envisagé et embarquez dans votre matière jusqu'au moment
où vous portez votre tasse de café à vos lèvres. Au moment où le breuvage
atteint votre langue, l'odeur atteint votre nez et vous sacrez après vous-même
de ne pas avoir songé à votre tasse, laissée sans surveillance pendant toute la pause.<o:p></o:p><br />
<br />
Une bonne gorgée de vinaigre, ça vous tente?<o:p></o:p><br />
<br />
Je disais donc, une chance que j'enseigne.<o:p></o:p><br />
<span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR-CA; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">Parce que sinon, j'aurais tellement le droit de
me venger...</span>DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-78405400116552161322013-04-06T08:09:00.001-04:002013-04-06T08:09:36.154-04:00La vie est dans : La « epic night »Non, petits coquins, je ne vais pas vous raconter les détails de ma nuit d'hier soir.<br />
<br />
Par contre, je peux vous raconter à quel point une veillée bien intentionnée peut mal virer quand on a décidé de tenir ses résolutions. Mal virer dans le sens « débarque » et « malaise » du terme, bien sûr. <br />
<br />
Or donc, hier, dans le doux foyer colocataire-indésscente, une visiteuse, couchsurfeuse émérite, venait squatter notre divan. Quelle belle occasion, d'après mon charmant colocataire, de célébrer en grande pompe le retour en ville d'une égarée. Il me laisse donc avec elle (et Dieu merci, parce que j'étais salement en manque de contact social) pour aller chercher les denrées nécessaires à la préparation d'un repas bien garni en calories et en alcool. Sans que je ne m'en rende compte, je me suis retrouvée au milieu d'un large souper où les bières, le fromage et la cuisine thaï jouaient du coude.<br />
<br />
Non-content de cet évènement social, le colocataire a décidé d'inviter sa meute à venir poursuivre la fête chez moi. Nous étions cinq ou six - toutes des filles, sauf le coloc - à consommer divers alcool aux goûts aussi curieux qu'intéressant. Mettons qu'ils ne boivent pas de cosmo, ici. S'ils prennent un verre pour verser la vodka, c'est déjà beau. Je commençais à avoir de la difficulté à discriminer le beau du laid quand la couchsurfeuse a décidé que la journée avait été suffisamment longue et était partie se coucher. À ce moment-là, je me souviens m'être demandée si j'avais le droit, moi, d'aller me plonger dans mes draps. J'avais de la correction à faire le lendemain, du ménage, plein de belles intentions toutes sages. Puis, j'ai pensé à mes résolutions, au plaisir d'être entourée, et à une vague sentiment de <em>screw it</em> qui m'envahissait. <br />
<br />
Et puis, y'a eu une autre bière, et tout le reste n'est qu'un vague souvenir de « oui » entrecoupés de gorgées d'alcool et de pas de danse en ligne. Oh, et j'ai raconté ma vie à la moitié des amis de mon colocataire. Et quand je dis ma vie, je veux dire des parties très spécifiques et particulières de ma vie. Le genre de détails que j'aurais peut-être dû laisser à Québec.<br />
<br />
Maudite boisson!DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-89903319801085613332013-04-05T12:50:00.001-04:002013-04-05T12:50:23.494-04:00Le vie est dans : La fin du bluesOk, ça va faire.<br />
<br />
Presque trois mois que je suis à Sept-Îles. J'y travaille et j'y dors, c'est tout. En me disant que ça va finir un jour. En me disant qu'anyway, je vais partir de là bientôt. En me disant que ça ne donne rien de s'acharner ici, que je vais m'envoler vers d'autres cieux dans 2 autres petits mois, que bientôt, la température moche et les potins grinçants ne seront que de lointains souvenirs. J'attends les moments où je monte à Québec comme les cadeaux sous l'arbre de Noël, j'en reviens en pleurant ma vie tout au long de la 138, j'arrive ici démoralisée et épuisée pour les deux semaines qui suivent.<br />
<br />
J'ai dit, ça va faire.<br />
<br />
Quand j'étais à Québec, j'avais tout. L'appart génial, le cercle social grandiloquent, les amis à la conversation punchée et très souvent sarcastique, le ton cynique, les <em>fuck me boots</em>, les veillées tardives, la danse swing, les idées grinçantes et les commentaires mordants. Ici, je me suis ramollie, sauf devant mes classes. Tout le monde me prend pour la gentille petite fille aux airs de grand-moman gâteau. Il est temps que je me donne un bon coup de pied là où il faut, parce que, doit-on se rendre à l'évidence...<br />
<br />
Je ne reviendrai pas.<br />
<br />
Elle est ici, la vie, fille. Va falloir que tu <em>deals</em> avec. Alors, si la ville ne te plaît pas...<br />
Change-la.<br />
<br />
Y'a pas mal de montagnes à déplacer, ici. Des C.A. à rejoindre, des idées à implanter, des apparts à décorer, des groupes à former. Développer mes cercles sociaux, arrêter d'être gentille pour plaire, faire exploser mon côté ironique. Habituer mon foie à l'alcool qui coule ici, rejoindre les associations diverses et multiples jusqu'à les diriger, reprendre en main ce qui doit être repris et pousser pour que ça marche. Sortir ma grande gueule de son carcan de poussière.<br />
<br />
Redevenir l'indesscente. <br />
<br />
Sept-Îles ne sait dont pas ce qui l'attend...<br />
<br />
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-8321009390514763602013-03-22T18:46:00.000-04:002013-03-23T20:06:07.606-04:00La vie est dans : L'overdose de vertuOn m'a comparée à une poupée, aujourd'hui.<br />
<br />
Ça m'a fait drôle parce que j'ai perdu l'habitude des compliments. Faut dire, j'ai perdu l'habitude d'attirer les regards et donc les jolis mots qui viennent avec. Les gens ici croient que je suis issue d'un curieux croisement entre une maman et une grand-mère (croisement impossible, certes, mais tout de même intéressant!). Il semble que je me sois développé une routine de vieille fille bien calée dans ses coussins en macramé.<br />
<br />
Il me semble loin le temps où mes décolletés étaient plus plongeants qu'un Alexandre Despatie au plus fort de sa carrière. Mes jupes provocantes prennent la poussière dans le fond d'un placard, remplacées par de longs pans de tissus qui n'ont plus grand chose d'indécent. Mes talons les plus hauts ne dépassent pas le deux pouces réglementaire, toutes les autres chaussures à la hauteur déloyale dorment dans mon coffre de voiture. Je cache mes tatouages, les maquille au besoin. Je porte mes lunettes au lieu de mes verres de contact. Le soir, à la place de <i>Sex in the City</i>, je regarde <i>The Big Bang Theory</i>, j'ai troqué les Cosmos pour des tisanes au tilleul. J'écoute la musique de Chopin, j'ai oublié Britney. Je décore, je
couds, je cuisine, je nettoie, je frotte, je plie, j'aspire, je balaie,
je brode, je tricote...<br />
<br />
...bref, je m'emmerde.<br />
<br />
Au lieu de traîner dans les bars de toutes sortes avec des fréquentations peu recommandables, mes souliers dans une main et le goulot d'une bouteille dans l'autre, j'aménage l'appartement de mon colocataire. Il me semble loin le temps où j'ouvrais les deux portes principale pour entrer dans un lieu de perdition dans le but de me faire payer des verres par des inconnus, de tirer les cheveux d'une comparse et de partir avec le barman à la fin de la veillée. Je ne laisse plus mon numéro de téléphone aux serveurs des restaurants ; d'ailleurs, je ne parle presque plus au téléphone. En tout cas, mon cellulaire n'a pas sonné depuis au moins un mois, rangé dans un tiroir de ma commode. Ce n'est pas peu dire, j'ai même (presque) arrêté de draguer les caissiers de dépanneur. <br />
<br />
C'est que, voyez-vous, j'ai peur de la ville.<br />
<br />
Ici, assumer une vie de péchés équivaut à recevoir un aller-simple pour Ailleurs. Les rumeurs vont plus vite que les transports en commun (faut dire, ce n'est pas très difficile de battre une calèche à la course...), tout le monde connaît vaguement tout le monde (échanger une demie-heure avec le livreur de pizza est une pratique tout à fait commune) et les étudiants sont partout. On ne peut même plus aller au service au volant du McDonald's en pyjama sans en entendre parler en réunion départementale! Alors sortir dans les bars, les attributs dévoilés, le regard aguicheur et la bouche invitante, c'est une très mauvaise idée. Vous ne le savez pas, mais vous êtes en train de draguer le frère de la fille de l'oncle du cousin de la tante d'un de vos étudiants. Dans deux heures, tout le monde croira que vous êtes une croqueuse d'homme à l'appétit insatiable.<br />
<br />
Bon, j'en suis une, mais j'apprécie de traquer du côté des anonymes. Alors je suis supposée faire quoi,? Aller cruiser à l'église?<br />
<br />
Non. Je nous terre, moi et mon côté coquin, bien cachés derrière un personnage plein de sagesse et de candeur.<br />
<br />
Personne ne se doute que je suis en train de faire une overdose de vertu. Que la folie me guette.<br />
<br />
Mais je descends à Québec dans une semaine.<br />
Ce ne sera pas joli.DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-6527611163912139362013-03-09T00:30:00.001-05:002013-03-09T00:37:08.168-05:00La vie est dans : Faire ses adieux<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="MsoNormal">
Max : Salut Val.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il n’avait pas l’air étonné de ma présence. Du moins, pas
autant que je ne l’étais de la sienne. Il ne devait pas être là, c’était son
jour de congé. La tête à peine relevée de derrière le comptoir, il m’avait
repérée au son de ma voix. Il me souriait en coin, de ce petit sourire heureux
qu’il arborait quand j’arrivais dans son dépanneur. Je n’avais pas le choix,
dans ces cas-là. Fallait que je souris aussi.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Qu’est-ce que tu fais-là?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Je suis venu voir mon horaire. Acheter de la
bière, aussi. Petit samedi de congé.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Cool.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il s’est déplié de derrière le comptoir. Il est grand, Max.
Six pieds d’insubordination et d’arrogance pour toutes les figures d’autorité
qu’il croise. Mais pas avec moi. Avec moi, Max, c’est un géant de sucre. Ou de
papier. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Tu as le temps pour une bière?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Si on la cale, ok.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Pas que j’aime tant caler de la bière. Ça m’étouffe, ça me
remonte dans le nez, c’est désagréable. Mais j’avais envie de m’asseoir près de
lui, sur notre congélateur. Parce que ça faisait longtemps que je ne m’étais
pas assise à côté de lui. Parce que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas été
devant le Couche-Tard à regarder les voitures passer, en pleine nuit, juste
parce qu’on a envie d’être ensemble.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il a attrapé son six packs et je l’ai suivi dehors. Il
faisait doux, un temps humide et sale de Québec. Le parking était désert ;
seule ma voiture traînait encore devant le poste d’essence. Max m’a tendu une canette
qu’il venait d’ouvrir. Il a sorti ses cigarettes. C’était le temps des ronds de
fumée et des gorgées à moitié. On se serait cru au début des années 2000.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Quelqu’un sait que tu es en ville?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Non. Enfin, toi. J’ai texté quelqu’un d’autre,
mais j’ai pas encore eu de réponse.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il a opiné, Max, mais il avait cet air heureux que prennent
ceux qui se croient privilégiés. Je lui ai tendu la bière et il en a pris une
gorgée.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Comment tu trouves ça, Sept-Îles?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Loin.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je me suis étirée en fermant les yeux. J’avais l’impression
d’avoir changé de pays en quelques heures. Ici, le paysage fondait dans l’air
du temps. L’air mouillait le fond de la gorge, la doublure des bottes, et le
regard de mon compagnon.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : As-tu repris tes études?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : J’attends le retour de mon prof.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Tu vas attendre longtemps.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
La petite phrase a eu son effet : Max a haussé un
sourcil. Pas grand-chose : petite expression de perplexité dans la moitié
d’un visage. Mais chez Max, ce simple geste exprimait la plus grande hébétude. J’ai
regardé le sol et j’ai senti la canette se glisser dans ma main. J’ai bu.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : T’as décidé ça quand?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Là, là.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Le reproche dans le ton de sa voix m’a agacée. Il a cette
tendance à être passif-agressif, Max. Un rien moralisateur. J’ai senti le
besoin de me justifier.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Y’a tout, pour moi, là-bas. Du travail,
une carrière, une sécurité. De grands espaces. De l’air. Du changement.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Mais y’as-tu du monde qui t’aime, là-bas? Y’as-tu
un gars qui t’aime?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Ce fut mon tour de sourire en coin, mais pas parce que c'était drôle. Il aime le drame, Max. Il a
toujours aimé ça. J’ai regardé ses yeux bleus pour essayer d’y trouver l’étincelle qui m’avait plu, une fois. Ce petit rien qui m'aurait retenue près de lui. Mais elle s’était
éteinte. Alors je me suis levée. Lasse de mon voyage. Lasse de cette étape de
ma vie qui s’étirait.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Tu comprends pas, Max. Ce genre d’amour-là, j’en
veux plus.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Tu pourras pas fuir ça toute ta vie.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Non. Mais deux, trois ans encore, certain.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je lui ai tendu la canette de bière et il l’a prise. En
profitant pour effleurer mes doigts, une seconde. S’il n’avait pas pris cet air
innocent, je ne m’en serais même pas rendu compte.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Si je comprends bien, t’es pas venue dire
bonjour. T’es venue dire adieu.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Toi pis tes grandes phrases…</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Mais ce n’est pas parce que la phrase était lourde qu’elle
était moins vraie. J’ai senti mon cellulaire vibrer dans ma poche. C’était le
signal. Le vent tournait à ce moment-là, et j’étais la seule à le savoir. </div>
<div class="MsoNormal">
J’ai
regardé Max en essayant d’imprimer son visage dans ma mémoire. Je savais qu’après
ça, ce serait terminé. Qu’il ne me le pardonnerait pas, et que je ne me le
pardonnerais pas moi-même. Qu’il n’y aurait pas d’effusion, ni de grand moment
d’accolade, ni de larme. Il n’y aurait que deux personnes qui quittent un
congélateur. Mais il fallait que je m’en souvienne.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Parce qu’il est si beau, Max.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Va falloir que j’y aille.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : Pourquoi t’es pressée? Personne sait que t’es là.
Personne t’attends.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Y’a toujours quelqu’un qui m’attends quelque
part.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
C’était vrai. Je voulais surprendre d’anciens collègues à leur sortie du travail, les
minutes étaient comptées. Et il y avait l’autre gars, aussi, mais ça, Max n’avait
pas besoin de le savoir. Il a vidé sa bière. One shot. J’ai vu sa pomme d’Adam monter
et descendre, et c’était fini. Il s’est levé, mais est resté appuyé contre le
congélateur. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Max : C’est plate.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Moi : Je suis d’accord.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
On a haussé les épaules parce qu’on savait que ça se
finissait là. Qu’on ne resterait pas amis. Qu’on ne garderait pas contact. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et pourtant, encore un long moment, on est restés là, incapables de se dire au-revoir. </div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-69382384192698259612013-03-07T23:11:00.002-05:002013-03-07T23:18:49.374-05:00La vie est dans : Corriger des copiesLa correction, chez nous, ça se fait sur la table de la cuisine avec un verre de vin blanc.<br />
<br />
C'est le moment doux-amer des profs en tout genre. Parfois on prend une gorgée de miel, parfois d'arsenic...on constate par la bande qui dort depuis le début de la session, qui écoute à mi-temps, qui se prend pour Shakespeare dans son cours de français...et qui a appris il y a longtemps que parler ne signifie pas nécessairement dire quelque chose.<br />
<br />
La plupart du temps, j'essaie de déchiffrer un bla-bla pseudo scientifique très mal amené et mal décortiqué. Entre la logique de Toto et la Tautologie, j'erre à la recherche du moindre élément valable. Je creuse jusqu'au dixième plancher dans la réflexion labyrinthique des adultes émergeants qui tardent à émerger jusqu'à ce que j'en déterre la trace faible, mais réelle, du cours que j'ai donné.<br />
<br />
Ce n'est pas toujours évident. Tout d'abord, on doit se le dire, y'a quelqu'un qui a raté le film <i>The syntaxe VS the sémantique</i>. Je comprends ce que tu veux dire, chaton. C'est juste pas ça que t'es en train de me dire. Tu sais, je comprends que tu veux dire que X est très très amoureux d'Y. Mais tu ne peux pas dire qu'il est tout perdu d'amour...éperdu, oui, tout perdu, non...Aussi, les virgules, même si t'en plante aux deux pieds, elles ne pousseront pas. Désolée de briser tes espoirs de voir germer dans tes copies une pousse de francofolie. Tout ce que je vois germer, c'est une céphalée à chaque fois que je croise une nouvelle virgule semée aux hasard en plein milieu de tes subordonnées relatives. Aoutch!<br />
<br />
Y'a aussi ceux qui inventent des mots. Parce qu'avoir du vocabulaire, c'est payant. Il faut prouver qu'on lit, tsé, pis qu'on a ouvert le dictionnaire. Sauf qu'on se mélange les pinceaux un peu, hein, lapin? La forme transitive d'être « récréant », c'est pas d'être en récréation. Ni en récréitude... À part le petit sourire baveux dans un coin de mon visage, tu ne provoques pas grande réaction avec ça. Et si c'était le pire...À force de chercher des synonymes, on dévie un peu. Comme ça, Lancelot part avec ses escadrons combattre le méchant? Ils se battent sûrement avec des semi-automatiques (l'arme blanche, ça fait tellement Antiquité...). Aussi, quand il appelle sa blonde « sa mie et sa drue », non, il ne la compare pas à la partie molle du pain ni ne souligne sa pilosité légendaire. Pitié.<br />
<br />
Il y a aussi le bout où ils doivent trouver des figures de style et des images. La plus facile? L'énumération. Pas compliqué : tu <i>spottes</i> le paquet de virgules. Mais une fois que c'est fait, il faut l'expliquer. Beaucoup moins simple. Aussi, une énumération doit comporter, techniquement, plus que deux éléments, ce qui ne semble pas constituer une vérité d'évangiles pour mes petits étudiants. Y'a aussi ceux qui s'essayent avec les métaphores. Tout devient une métaphore. Un moment donné, le personnage beurre son pain.Non, l'auteur ne fait pas allusion au combat à venir, ni à la virilité du chevalier, ni à la façon dont il va s'«étendre» avec sa compagne. C'est seulement un signe qu'avec du beurre, c'est bien meilleur.<br />
<br />
Ce qui m'amène à mon erreur préférée : l'erreur de compréhension. Ça, d'habitude, ça vient du gus qui n'a pas lu le livre et qui patine des réponses comme il peu. Pourquoi Énide aime Érec? <i>Bah heu...c'est le seul chevalier disponible, tous les autres ont déjà des compagnes.</i> Pas le choix, hein? Pourquoi le chevalier a-t-il perdu son honneur? <i>Heum...parce qu'il n'a pas fait ce que le peuple demandait</i>. Ok. Et qu'est-ce qu'il demandait, ce peuple-là? <i>Aheum *sueurs froides*...un chevalier qui ferait ce qu'on demande</i>? Bravo, mon poussin. T'as rien compris.<br />
<br />
Après une demie-heure de correction, l'amusement se transpose en lassitude et je passe à un autre élément de ma vie d'enseignante (genre écrire ma vie ici). Cependant, mes cinquante copies me regardent d'un oeil inquisiteur. Oui, oui, je vous obéis, mes petites. Je reviens, esclave de ma passion, employée de mes étudiants.<br />
<br />
Qui me doivent un crayon rouge.<br />
Et une autre bouteille de vin.<br />
<br />
<br />DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-47252888248121111652013-02-23T00:40:00.000-05:002013-02-23T00:49:23.607-05:00La vie est dans : Le p'tit crissPeu importe où j'enseigne, c'est toujours le même <i>pattern.</i> En avant de la classe, il y a les licheux de profs, les insécures et les bien-pensants. En arrière, on trouve ceux qui reprennent le cours pour huitième fois et qui pensent qu'à force de le suivre, ils vont finir par le passer, les pseudo-cools qui croient encore que le ratio entre la distance de leurs fesses et l'arrière de la classe est directement relié à leur cote de popularité, les allergiques à la poussière de craie, les endormis et les <i>texteux</i> compulsifs qui pensent que je n'ai pas remarqué qu'ils sourient à leurs cuisses. Quelque part dans le milieu, on trouve les gagnes de filles, les namoureux, les rêveurs...pis le p'tit criss.<br />
<br />
Lui, il arrive - dix minutes en retard - avec son air arrogant, ses fancy boots, son air je-m'en-foutiste et son attitude rebelle. Il marche comme s'il tenait le <i>beat</i>, porte de gros écouteurs, sourit aux filles et fait des signes <i>trendy</i> de la main aux gars. Il ne porte son sac que sur une épaule, il est le King de sa cohorte et il pense que le monde lui appartient. Quand il rentre dans ma classe, il considère que je lui dois quelque chose. Il conteste ma matière, essaie de me manipuler, ne travaille pas...et passe quand même ses examens.<br />
<br />
Eux-autres, ils m'écoeurent.<br />
Et ils sont souvent mes préférés.<br />
Cette année, j'en ai un.<br />
<br />
Il est plus vieux que moi. Il vient de la Nouvelle-Calédonie, il se prend pour un intellectuel mais il n'a jamais ouvert un livre. Il pense que le français de France est meilleur que le mien, que l'écriture c'est pour ceux qui ne savent pas parler, que les classiques sont des <i>niques</i> à poussière et que le Cégep est une idée folle de québécois incapables de se brancher. Il pose son cul sur une chaise quatre heures par semaine parce qu'il est obligé, ne fait jamais un devoir ni aucune lecture.<br />
<br />
Aujourd'hui, il devait retravailler son plan pour sa rédaction de la semaine prochaine. Il m'a dit, devant toute la classe bien sûr - sinon, ce ne serait pas cool - que ça ne lui tentait pas de travailler. Qu'il pouvait faire ça de chez lui, que mon cours s'en trouvait inutile. Je lui ai répondu qu'il devrait profiter d'être là pour me poser des questions et profiter du temps offert pour avancer son travail. Il a continué à m'obstiner. Je lui ai demandé de sortir.<br />
<br />
Et soudain, il ne voulait plus sortir.<br />
<br />
Note à moi-même : on ne résonne pas un paresseux, encore moins un paresseux qui veut avoir raison. Probablement que ça a déjà marché, avant. Qu'une petite prof a craqué pour ce genre d'insubordination. Il a peut-être déjà fait pleurer une suppléante et a rocké l'école primaire pendant un temps.<br />
<br />
Mais là, Mr.King, t'es rendu au Cégep.<br />
<i>And there, I am the Queen.</i><br />
<br />
Je lui ai envoyé un courriel. Tout simple. Qui lui révélait que la classe, ce n'est pas une lutte de pouvoir. Mon cours n'est pas un jeu. Pas parce que ça dérange les autres. Pas parce que son éducation est importante. Nanon.<br />
<i> </i><br />
<i>Parce que j'ai déjà gagné.</i><br />
<br />
Ma classe, <i>my game, baby. </i>Je suis le boss dans ma salle de cours. J'ai le droit de te remettre à ta place, si je veux. Je peux te sortir. Je peux t'interdire de revenir. Je peux avertir ton A.P.I. Je peux t'interroger à répétition sur des sujets que tu ne connais pas et te faire passer pour un con. Je peux te rembarrer. Je peux arrêter de tolérer tes retards et t'empêcher de rentrer. Je peux te mettre en équipe avec la gagne qui reprend le cours pour la huitième fois et qui ne comprends toujours que dalle. Je peux te demander de lire à voix haute devant tout le monde. Je peux t'obliger à te lever pour écrire au tableau. Je peux t'obliger à t'asseoir en avant. Je peux te convoquer à mon bureau avec un membre de la direction pendant ton match de volley.<br />
<br />
Mon p'tit criss, si tu me cherches, ta vie va devenir un enfer. Et crois-moi, j'ai de l'imagination. Faque <i>adjust.</i><br />
<br />
...ben non, je ne lui ai pas écrit ça.<br />
Mais s'il me provoque une autre fois devant mes étudiants, il va pogner dequoi.<br />
Il va se frapper à l'InDESScente.<br />
<i>'Cause it's true...still the Queen.</i><br />
Pis dans mon jeu de carte, c'est toi le deux de pique. <i> </i>DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-3343755194249451702013-02-20T12:24:00.001-05:002013-02-20T12:24:40.612-05:00La vie est dans : Mes groupes<div style="text-align: justify;">
Je suis en train de mourir. Non, sérieusement. Je dois faire 10 000 de fièvre, présentement, je tousse, je crache mes organes internes ('sont fondus, anyway) et, pour prévenir la chute, je me tiens proche de mon bureau quand j'enseigne. Oui, parce que j'enseigne pareil. Que voulez-vous, je suis un peu gênée de prendre un congé de maladie alors que ça ne fait qu'un mois que j'enseigne. En plus, mes étudiants ont un gros examen la semaine prochaine, qui sera suivi par la semaine de relâche. Je ne peux pas le déplacer : j'ai besoin de la semaine complète pour le corriger. Et puis, cette semaine, j'accueille mes petits coquins de la formation continue. Alors on se sacrifie un peu, s'il vous plaît.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai six groupes pour quatre cours. Pour les non-initiés, ça veut dire que j'enseigne - live - 22 heures par semaine, que je prépare des cours environ 15 heures par semaine, que je fais du centre d'aide en français 4 heures par semaine, que je suis disponible 8 heures par semaine à mon bureau et que je corrige un bon 2 heures de plus. Mettons que je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Ça veut aussi dire que lorsque le cerveau est en train de fondre, ça use le système et que j'arrive à la maison sur les genoux.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Heureusement, j'ai des groupes merveilleux.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Le fait est que, lorsqu'on enseigne à six groupes différents, à Sept-Îles, on finit par être connue. Pas moyen d'aller m'acheter des bobettes sans tomber sur deux-trois étudiants qui magasinent à la Vie en Rose...ou qui y travaillent (« As-tu besoin d'aide pour ton soutien-gorge, Madame? ») . Or, quand on se promène dans le cégep même, croiser ses étudiants devient inévitable. Et les nouvelles vont très vite. Quand je rentre en classe, les étudiants sont sages : ils sont assis, silencieux, ils essaient de ménager ma voix en lisant des passages eux-mêmes dans leurs livres (eux qui détestent lire à voix haute!). Dans un de mes cours, on m'a offert des pastilles et une bouteille d'eau. Dans un autre, un étudiant s'est proposé pour faire mon secrétaire au tableau, que je puisse m'asseoir et revenir à une couleur normale. Mes cours se donnent presque tout seuls, et personne ne s'oppose à ce qu'on finisse d'avance pour que j'aille faire un ti-dodo en cachette dans mon bureau...</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est ça qui me plaît, chez mes collégiens. Ils ont des réactions d'adultes : ils comprennent la situation, s'adaptent et essaient de la corriger du mieux qu'ils peuvent. Ils sont aussi pleins d'empathie (qui parfois, s'exprime par la suggestion - toute désintéressée - d'annuler le cours...ils sont si gentils!) et de respect. En même temps, je leur démontre qu'il n'y a pas vraiment d'état latent entre la vie et la mort : tant que t'es pas mort, tu peux venir à mon cours. Si je le fais, toi aussi, t'es capable.</div>
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Et je dois avouer que je profite allègrement de mon statut de demoiselle en détresse. Y'a toujours un chevalier-servant quelque part pour m'offrir de déneiger ma voiture, de porter ma mallette jusqu'à mon bureau ou d'aller chercher mes documents à la reprographie. </div>
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Vous pensez que je peux étirer ça combien de temps, une grippe?</div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-23117513340455925242013-02-13T23:17:00.000-05:002013-02-13T23:19:04.471-05:00L'o?$!- de St-Valentin - la suiteEn écrivant ces lignes, je réalise que je tiens ce blogue depuis un an au moins. Ça en fait, du temps à perdre. Je remercie au passage mes 6000 entrées pour mes 2000 lecteurs différents et salue bien bas mes trois lecteurs de la Russie qui m'ont confondue avec un site spécialisé en vodka. Za zdorovie!<br />
<br />
Bon, ensuite, revenons à ce sujet désespérant (et répétitif, à la fin) de la St-Valentin. C'est qu'en tant que fille éternellement célibataire - et fière de l'être, soit dit en passant - je m'étais développée tout un mécanisme d'évitement solitaire pour échapper aux guimauves, couleurs roses et chocolats véhiculés par la tradition et certains livreurs au job pour le moins désagréable. Car toute bonne célibataire qui s'assume sait qu'il est inutile de compter sur le cercle social lors de cette soirée fatidique : la moitié A est en couple, donc voudrait bien venir-m<i>ais-tu-comprends-ça-fait-trois-ans-avec-Robert-pis-tsé.</i>..alors que la moitié B n'est pas en couple et-<i>pour-quoi-qui-de-dont-que-je-suis-célibataire-je-suis-moche-si-laide-et-je-rappelle-mon-ex-en-me-mouchant-dans-son-vieux-linge</i>. Vous reste une copine, dans le coin, à l'air ambiguë, qui se dit que, si vous êtes assez désespérée et qu'elle vous fait boire suffisamment, peut-être aura-t-elle une chance de rompre son célibat dans vos draps. Enfin.<br />
<br />
Donc, très peu pour moi que la mauvaise idée de sortir les amies. Allons, les filles, vous avez enfin une occasion en or blanc pour sortir vos talons hauts et votre vilaine attitude. Vous êtes célibataire? Tant mieux : les soirées célibataires pleuvent. Ravalez votre amertume et les deux pouces de trop au bas de votre jupe et faites la tournée des bars en vous imposant des défis. Photo-bombez les couples amoureux qui se bécotent sur les confortables sofas du bar. Volez le shooter d'une fille qui se désespère du numéro de téléphone d'un <i>Douche Bag</i>. Dégonflez l'égo du même gars qui vient vous draguer vingt minutes plus tard. Et pariez sur l'heure ou votre ex célibataire, entouré d'alcool et de ses vieux chums de gars, va décider de vous rappeler-<i>parce-que-scuse-bebé-j'aura-vraiment-tsé-pas-dû-hic-te-laisser</i>...<br />
<br />
Du moins, c'est la stratégie proactive que j'avais adoptée jusqu'à ce que je me retrouve dans un coin perdu. Ici, il y a deux bars, que j'ai affectueusement surnommés Trop Cher et Trop Jeune. Les seuls prospects intéressants sont ou pris ou...pris. Ma seule opportunité d'aller veiller consiste à aller draguer le gars du dépanneur, et si j'ose sortir mes talons trop hauts, ça va faire le <i>front</i> du Nord-Côtier lundi. Il ne me reste qu'une seule option.<br />
<br />
Crème glacée. Rosé. <i>The Notebook.</i><br />
<br />
Ah, pis by the way, c'est aussi mon anniversaire. Non contente de savoir qu'il y avait une possibilité que je le vive en célibataire, moi, j'ai décidé de naître ce jour-là. Tendre ironie du sort.<br />
<br />
Vous pensez que le gars du dépanneur me chantera bonne fête?DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-44662767625813141052013-02-03T21:59:00.003-05:002013-02-03T21:59:37.051-05:00La vie est dans : L'adaptation<div style="text-align: justify;">
Avant d'arriver ici, j'étais étudiante. Et fauchée, à part ça. J'habitais Québec - tout seule, s'il-vous-plaît - et je connaissais la ville par choeur. Je chauffais ma voiture jusqu'à mon travail où je vendais des livres tout à fait inintéressants à des gens qui ne les liraient pas de toute façon. J'achetais des bouteilles de vin à 9,95$ que je prenais à l'épicerie et seulement pour les grandes occasions. Je sortais de chez moi en jeans et en décolleté plongeant pour aller au dépanneur, et avec des talons hauts qui me faisaient friser les chevilles. Je ne me maquillais presque pas, un coup de brosse me semblait suffisant pour me coiffer. J'étais écrivain quand j'avais le temps, je tenais mon blogue pour parler au monde parce qu'avec deux ou trois jobs je ne pouvais pas le faire en vrai. J'écoutais de la pop quand je faisais le ménage parce que personne ne me voyait danser avec le balai, le CD des N'Sync jouait dans ma voiture. J'achetais la marque en spécial à l'épicerie, je passais voir mes amis à chaque fois que le prix de l'essence baissait, j'invitais à souper quand j'étais sur le point de perdre de la bouffe. Je mangeais des pâtes quatre fois par semaine, de la viande une fois seulement. J'achetais du café à 50 sous la tasse chez <i>Pol</i>. J'allais patiner à place d'Youville, danser à la<i> Korrigane</i>, boire au St-<i>Angèle</i>. Mes priorités ressemblaient pas mal aux deux boules de poils qui dormaient sur mon divan ou dans mon lit, et aux enfants qui m'entouraient. Je ramassais les animaux perdus et les gens égarés. Je parlais fort, je chialais, je <i>bitchais</i>, je cherchais le trouble et souvent je le trouvais, mais je redevenais douce et mignonne quand c'était le temps de l'être.<br />
<br />
Y'a des choses qui ne changent pas.<br />
Pour le reste, il a fallu s'adapter.<br />
<br />
C'est bizarre d'avoir un colocataire. J'étais habituée à la vie solitaire. Maintenant, quand j'arrive, il y a de la vie, chez nous. Une vie barbue et souvent en lendemain de brosse qui s'en va enseigner la psycho, mais bon...c'est un prof de psycho. Cette semaine, il m'a amené à un brunch. On a commencé ça au mimosa (pour les non-initiés, c'est un mélange de jus d'orange et de mousseux), puis on a poursuivi au café-amarula pour finir ça au brandy aux pommes. Au travers de ça, il y avait des crêpes - à la bière - et beaucoup, beaucoup de gens qui mangeaient des fruits. Parait que c'était la Chandler (ne me demandez pas ce que c'est, à part un vague prétexte pour <i>flipper</i> des crêpes d'une étrange façon) et qu'il fallait fêter ça. La surprise qu'on me tende un verre avant 10h le matin a dû me faire changer de figure, parce que j'ai récolté pas mal de sourires entendus (« Elle est nouvelle en ville... », « Me semblais, aussi...») mais à Rome, on fait comme les Romains. À 10h15, j'étais finie. Cheers.<br />
<br />
Je suis allée veiller avec les profs, aussi. Cocktail des nouveaux. J'imaginais ça un peu comme la consécration : je me suis habillée correctement, coiffée correctement, maquillée correctement...et je me suis fait remarquer correctement. Je représentais parfaitement la bonne fille bien éduquée que je ne suis presque pas et qu'on devait présenter à tout le monde. Et une petite bière par-ci, et un petit verre de vin par-là, et tiens, goûte à ça, et as-tu déjà essayé ça...Un verre d'eau et deux-trois confidences plus loin, je suis sortie de ce lieu de perdition avant que mes collègues ne se mettent à chanter des chansons grivoises.<br />
<br />
J'exagère à peine.<br />
<br />
Je suis allée veiller dans un bar, aussi. Quelqu'un m'a invitée à une place qui s'appelle <i>Le Clandestin</i>. Encore une fois, je me mets mignonne et je sors avec l'intention de m'amuser un brin. Quand je suis rentrée là, il y avait plus d'étudiants que de boissons alcoolisées au pied carré. Mettons que j'ai fait celle qui s'est trompée de porte.<br />
<br />
J'ai fait une de mes premières vraies épiceries aujourd'hui. Je me rends compte que les années estudiantines m'ont marquées profondément. Tout d'abord, je réalise que j'ai encore le budget psychologique de 25 dollars pour mes courses de la semaine. À chaque fois que je vois un article de 4,99 et plus, je me dis que c'est trop cher et j'ai le réflexe de passer mon chemin. Maintenant que je fais plus d'argent, je devrais pourtant me lancer dans le fromage à bouche-que-veux-tu et m'envoyer les craquelins les plus chers et les plus bios du monde juste pour sentir que j'ai les moyens d'avoir une conscience sociale. Quand c'est rendu que t'as des palpitations devant ta marque préférée de yogourt parce qu'elle n'est pas en spécial mais que tu vas (peut-être) te la permettre, tu te rends compte que tu as mené une bien drôle de vie.<br />
<br />
Je suis partie avec un paquet de biscuits, finalement (ce qui était proscrit de mon alimentation auparavant, car considéré comme non-essentiel à ma survie). Quand j'ai pris la boîte, j'ai senti l'émotion monter. Les biscuits étaient à 2,50$. Baby steps.<br />
<br />
Ah, j'ai recommencé à lire, aussi. À jouer aux jeux vidéos. Je joue de la guitare (je suis vraiment mauvaise, mais j'aime ça). Et j'enseigne. Je me trouve vraiment chanceuse, parce que je fais le plus beau métier du monde (enseigner), dans la plus belle discipline du monde (la littérature) et que je suis payée pour le faire. Maintenant, J'OBLIGE du monde - pas toujours insignifiant - à lire des livres que je trouve intéressant. Je leur donne le moyen de les comprendre. Et quand ça ne fonctionne pas, je tourne le tout en dérision, j'ironise, je gueule. En dernier recours, j'enlève mon veston.<br />
<br />
Comme je disais, il y a des choses qui ne changent pas. </div>
DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-31460220606087770582013-01-20T22:12:00.001-05:002013-01-20T22:12:08.573-05:00La vie est dans : La première semaineQuand on est nouveau prof dans une tout petit établissement, quand on est nouvelle résidente dans une toute petite ville, quand on est nouvelle colocataire pour une toute petite salle de bain, c'est certain qu'il s'en passe, des choses, pendant sa première semaine.<br />
<br />
Je viens de Québec. J'ai un manteau mignon - et blanc, deux chats, une paire d'espadrille, une dégaine du dimanche matin en permanence. Je bois trop de café, je me lève à pas d'heure, je ne me couche jamais. J'écris, je patine, je tricote, je parle (beaucoup), je danse, je ris, je lis, je blogue, j'achète des cossins et je repeinture mes murs à chaque fois que je change d'humeur. J'ai aussi l'habitude de mener trois vies en même temps (trois jobs, trois meilleurs amis, trois boyfriends....meuh non!) et toutes de front, à part ça.<br />
<br />
Pis là, j'arrive ici.<br />
<br />
C'est pas que c'est tranquille, ici. Il se passe toujours quelque chose. Et ça a toujours un vague rapport avec la météo. Faut dire que, à mes deux premiers jours dans la région, il mouillait. Mais comme qui dirait beaucoup. Assez pour faire un sort à mon beau manteau blanc. Tant pis pour le <em>cuteness. (j</em>e ne sais même pas s'il y a un service de nettoyeur, à Sept-Îles), ça ne m'a pas empêché de faire un peu d'exploration. <br />
<br />
À mon premier jour, je me suis retrouvée au Cégep. Je dis bien retrouvée, parce qu'avant, j'étais perdue. Ici, le Cégep, il est dans le bois. Pas dans un sous-bois, là. Dans le bois-bois. Un érable, un chêne, un Cégep, un érable...En entrant, je suis allée à la Coop pour commander les livres de mes étudiants. Premier contact? Une petite madame <em>Bonjour</em> toute heureuse d'être contente mais qui n'a aucune idée de l'endroit où peut se cacher le département de français. Qu'à cela ne tienne, deux pas plus loin, je me faisais ramasser par le D.P. (comprendre : directeur des programmes) qui m'a reconnu au premier coup d'oeil et qui m'a amené gentiment jusqu'à ma coordonatrice.<br />
<br />
Une vraie perle, ma coordo. Un mélange de Maya l'abeille et de la soeur volante. Artiste, travaillante, joyeuse, engagée...avec un goût vestimentaire remarquable. Moi qui avait fait un effort et avait troqué mon traditionnel coton ouaté/souvenir de Sissy (c'est-à-dire plein de poils de chat) pour un jupe-veston, je me sentais un peu drabe. Mais bon. Une fois les présentations faites à quelques nouvelles collègues, on m'a montré mon bureau (que j'occupe seule - suis-je en quarantaine??), la photocopieuse (qui ne marche jamais!) et la machine à café. Avec ça, je suis bonne pour un bout.<br />
<br />
Le deuxième jour, après ma formation anti-terroristes (faut barrer la porte et se cacher en-dessous des bureaux...une prière, avec ça?) j'ai exploré Sept-Îles. Pas très compliqué, suffit de trouver la rue Laure. T'as besoin de quelque chose? C'est sur la rue Laure. T'as besoin de rien? C'est sur la rue Laure. Ici, y'a encore un Géant des Aubaines et un Rossy. Ils ont caché la caisse populaire (paraît qu'ils la rénovent, mais moi, je soupçonne un plan machiavélique pour m'empêcher d'avoir de l'argent <em>cash</em> sur moi) et la fille de la bijouterie me confond avec une de ses vieilles connaissances du secondaire. <br />
<br />
Mercredi, j'ai sû que je devais remettre mes plans de cours pour...là, lâ. Je t'ai pagossé ça en me disant que le plus important, c'était la date des examens. J'improviserai la viande, ils n'ont besoin que des os...d'ailleurs, c'est tout ce qui intéresse mes pauvres étudiants. La date des examens et les oeuvres à l'étude, bien sûr.<br />
<br />
D'ailleurs, je me permets une parenthèse. En tant qu'ancienne étudiante en lettres, je pouvais me targuer d'avoir une belle collection de livres à la maison. Non seulement j'avais la prescription de l'académie littéraire (genre la <em>Chartreuse de Parme) </em>mais aussi mon <em>best of</em> personnel. Or, quand on est enseignant, c'est très pratique d'avoir tout ça à portée de main. Monter un cours sans ses bouquins? Presque mission impossible. Alors j'ai lâché deux ou trois mots chrétiens quand le collège m'a rajouté un cours...Une chance, une collègue a été assez fine pour me prêter les siens.<br />
<br />
Jeudi, j'ai travaillé mes séquences didactiques, j'ai terminé de dépaqueter mon char et j'ai jasé avec le colocataire et son amie. Tout le monde se connaît ici, et tout le monde connaît mon coloc. Sans trop de temps, je vais finir par connaître tout le village. Bon, lui me prend probablement pour une workaholic-maniaque du ménage- pas de vie-dépressive, mais il va finir par se rendre compte de ma personnalité flamboyante et de mon caractère peu commun. <br />
<br />
Je l'ai quand même averti de ne pas s'attacher. Je m'en vais dans quatre mois.<br />
<br />
Vendredi, j'ai su que, en plus de mes heures de cours, je devais être disponible pour le centre d'aide en français libre (le sans rendez-vous, finalement) au moins quatre heures par semaine. En plus, je dois donner des disponibilités à mon bureau. C'est qu'on est très présent, ici. Alors je me suis patenté un horaire. Avec Omnivox. Plate-forme très <em>cool</em>, en passant...et nouvelle. Oui oui, ici, Omnivox, la plate-forme 2.0 pour la communication étudiante, la TIC traditionnelle au collégial, la borne surutilisée dans le temps de mes années étudiantes, c'est nouveau.<br />
<br />
Faut dire qu'Internet se rend depuis deux ans, à peu près. Faut pas charrier.<br />
<br />
J'ai donc gossé mon horaire et je suis rentrée chez moi. Y'avait rien d'autre à faire, de toute façon : tout était fermé à cause du froid. C'était la première fois que j'entendais parler de ça, moi, des écoles qui ferment parce qu'il fait trop froid. Dans mon temps, on marchait pour aller à l'école, mais j'imagine que sans le bout de mon nez, je serais moins jolie. D'ailleurs, ici, tout le monde s'est déjà gelé quelque chose, et tout le monde se montre ses cicatrices d'engelures comme des blessures de guerre. Menfin.<br />
<br />
Samedi et dimanche, j'ai dormi. Ça gruge, être une inDESScente qui travaille. Faut se rattraper quelque part. <br />
<br />
Demain, j'enseigne. C'est quand même drôle. Voilà deux semaines, je n'étais qu'une humble libraire. Maintenant, je suis une near-to-be prof.<br />
<br />
Et demain...y'a une classe qui va goûter de l'inDESScente.<br />
<br />
Ils s'attendent à ça, vous pensez?DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-76569846944771663462013-01-14T22:59:00.001-05:002013-01-14T22:59:33.767-05:00La vie est dans : Sept-ÎlesMon colocataire joue de l'accordéon.<br />
<br />
Il pleut, ici. On m'avait décrit un pays blanc de neige, blanc d'hiver. Où les gens se déplacent en ski-doo et se réchauffent à l'alcool fort. Pourtant, ici, l'hiver se fond et mouille les bottes jusqu'à la doublure.<br />
<br />
Le voyage a été long. Dix heures de route dans une brume plus épaisse qu'une purée de pois. Au moins, quand on roule à 30 km/heure dans une zone de 90, ça donne le temps de penser. Malheureusement, quand on pense en voiture, on pense plus à ce qu'on laisse en arrière qu'à ce qu'il y a devant. Au travers des montagnes, la bretelle qui nous mène au nord nous semble comme une longue complainte dans l'air humide de la mer.<br />
<br />
Une chance, il y a mon coloc.<br />
<br />
C'est un bon gars, mon coloc. C'est un gars, en tout cas. Même s'il a un nom de fille. Prof de psycho, en plus. En fait, prof d'à peu près tout. Ski, musique, raquette...Il cuisine, il fume, il enseigne et il fait de la contrebande d'ail. La première fois que je l'ai rencontré, il était en bobettes, à moitié réveillé et sur un lendemain de brosse. La deuxième fois, il écoutait de la musique classique dans le salon et il lisait de la philosophie. Faudra bien que je le laisse m'amener dans le bois, bientôt. On pourrait aller se perdre quelque part, qu'il me montre combien c'est beau, Sept-Îles.<br />
<br />
Je suis allée au Cégep aujourd'hui. J'ai dû rencontrer le personnel au complet. Je semble être le bébé-bébé du département (la plus jeune et la pluss nouvelle), ce qui attire beaucoup l'attention. Naturellement, qui dit département de français dit département de filles. Beaucoup de cocottes donc, l'air survolté de la session qui commence faisant cliqueter leurs boucles d'oreilles. Elles sont jolies, elles sont maquillées, elles sont en talons hauts. Bref, c'est des madames. Des madames avec des clés USB, des séquences didactiques et des méthodes pédagogiques, mais des madames pareilles. Et, en ce qui me concerne, elles n'ont qu'une seule mission.<br />
<br />
M'intégrer.<br />
<br />
Bref, on m'a donné des becs, on m'a serré la main, on m'a donné assez de matériel de bureau pour scolariser un petit pays du tiers-monde, puis on m'a laissé là en m'informant que ma tâche allait encore monter et qu'elle serait donc pas mal pleine cet hiver. Même que la coordonatrice (une madame bien branchée, avec un doctorat en grec ancien...fouille-moi pour savoir quelle haine du temps libre peut te pousser à étudier une langue aussi morte que ça!) avait l'air un peu inquiète. Faut dire qu'elle ne me connaît pas encore...<br />
<br />
Je me suis fait enrôler dans le prix littéraire des collégiens (vive les livres gratuits!) et j'ai faillit me faire embarquer dans un groupe de recherche (qui prend forme dans la revue littéraire Le Littoral, spécialisation Nord-Côtière), mais comme je n'y connais rien, mon voisin de bureau n'a pas trop insisté. En parlant de mon bureau, je suis complètement au fond, un peu à part, et j'y serai toute seule la plupart du temps. Tant mieux, quand j'y pense. J'ai beaucoup de travail à faire. D'ailleurs, j'ai appris à midi que mon plan de cours était à remettre pour demain, juste après notre formation anti-terroriste (ce n'est pas une blague). By the way, vive la planif-que-je-n'ai-pas-apprise-à-faire-en-didactique-du-français...<br />
<br />
Ce n'est pas facile de n'être pas chez soi. Parfois, la nuit, j'ai envie de ramper sous le lit pour retrouver une peluche, ou une quelque forme de réconfort cachée dans le noir. Mais il n'y a rien, sous le lit. Pas de peluche, pas de chat. Alors je regarde vos photos, vous, mes amis que j'ai laissés derrière et que je n'ai pas vu assez avant de partir. J'envisage de m'acheter un capteur de songes sur la réserve pour vous y retrouver au matin, accrochés dans les plumes. Au lieu de ça, je me transforme en madame et je me dirige vers mon nouveau travail en entendant sonner mon nouveau trousseau de clefs.<br />
<br />
J'ai du temps pour m'habituer. Il y a sûrement de la beauté cachée dans la grisaille. Mais pour l'instant, je ne vois que ma mélancolie.<br />
<br />
Et je n'entends que le silence d'une ville endormie, et l'air triste d'un l'accordéon.DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-19730201819283350992013-01-13T20:57:00.002-05:002013-01-13T21:12:16.545-05:00La vie est dans : Partir.Je suis partie au Couche-Tard. Fallait que je fasse le plein avant mon départ. Tant qu'à y être, je suis rentrée acheter deux ou trois trucs pour le voyage : seven up et bouteille d'eau. Pas cher. De quoi me tenir hydratée, en tous cas. J'ai déposé ça en vrac sur le comptoir. Derrière, le caissier.<br />
<br />
Moi : Salut, Max.<br />
<br />
Après 3 ans et avec mon tempérament, je connais tout ce qui vit de nuit par son nom. Il a sourit.<br />
<br />
Max : Salut, Val. Tu pars à soir?<br />
<br />
J'ai opiné pendant qu'il scannait. Il m'a dit un montant, j'ai payé. Puis, Max a fait un geste pour attraper son foulard.<br />
<br />
Max : T'as-tu deux minutes?<br />
<br />
J'ai dit oui. Il s'est habillé puis s'est dirigé vers la machine à café pour en faire couler deux. Il ne paie jamais ses cafés, Max. Ni les miens non plus. Avantage de travailler de nuit, paraît-il. Petit larcin innocent. On est sortis, il m'a tenu la porte, puis m'a tendu une tasse fumante. On s'est assis sur le congélateur. Lui pour fumer, moi pour boire.<br />
<br />
Max : La route va être belle, ce soir. Fait doux.<br />
<br />
C'est le genre de chose qu'on dit pour partir la conversation, alors j'ai opiné.<br />
<br />
Max : Combien d'heures de route jusqu'à Sept-Îles?<br />
Moi : Neuf, à peu près.<br />
Max : Je pense que tu vas donner tout le sens à l'expression « aller se perdre dans la brume ».<br />
Moi : Crains pas, je me perdrai pas.<br />
<br />
Il a sourit sans me croire, alors j'ai sourit aussi. <br />
<br />
Max : T'as fait quoi, aujourd'hui?<br />
Moi : Fait du ménage. Vu ma petite soeur. Paqueté. Dormi<br />
<br />
J'ai bu du café et soupiré en regardant ma voiture pleine. Toute ma vie tenait là-dedans, maintenant.<br />
.<br />
Max : Grosse journée, hein?<br />
Moi : Pas mal. Et elle est pas finie.<br />
<br />
On a bu du café, encore. Je l'ai poussé du coude.<br />
<br />
Moi : Peut-être que, quand je vais revenir, tu vas avoir fini ton secondaire.<br />
Max : Peut-être. Là, c'est quoi, le programme, pour toi?<br />
<br />
J'ai désigné l'auto.<br />
<br />
Moi : Je finis mon café, j'embarque là-dedans, pis je pars.<br />
Max: Faque je suis le dernier gars que tu vois à Québec?<br />
<br />
Il a rougit un peu, je pense. Il est mignon, Max. C'est comme si ses yeux n'avaient jamais vieillis.<br />
<br />
Max : Tu reviens quand?<br />
Moi : Dans quatre mois.<br />
<br />
L'air de la nuit nous a caressé le visage. Les clients entraient et sortaient du Couche-Tard. J'avais les pieds gelés, alors je me suis levée.<br />
<br />
Max : C'est plate que tu partes aussi vite. On aurait pu aller prendre un café, avant.<br />
Moi : On vient de le faire.<br />
<br />
Tout était dit. Je suis montée dans ma voiture et j'ai démarré. Max, assis sur le congélateur, n'a pas bougé, et son reflet s'est progressivement dissous dans mon rétroviseur. DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-40859590523195582252013-01-04T15:20:00.004-05:002013-01-04T15:20:56.175-05:00La vie est dans : Se revirer de bordCe qu'il y a de bien avec la vie, c'est qu'on ne la voit jamais venir.<br />
<br />
Dernièrement, elle m'a foncé dedans. Un poste à Sept-îles. Yeah! Quelle magnifique surprise. D'ailleurs, avec le magnifique système de l'Université - la grande la vraie - qui m'a officiellement diplômée en décembre 2012 (alors que j'ai terminé son programme en mai d'avant...franchement, j'ai l'air de quoi...) je me suis trouvée un emploi immédiatement après mes études. Ils doivent se dorer la statistique, eux-autres. Aussi, d'après mon cours de Système Collégial 101 et ma connaissance vague mais pratique de la corréalation saisonnière et de la fréquentation estudiantine, il est presque impossible d'avoir a) une tâche qui a de l'allure l'hiver et b) d'obtenir un emploi là-dedans quand on n'a pas d'expérience.<br />
<br />
Or, moi qui ne fait jamais rien comme les autres (dixit mon karma...) j'ai réussi les deux.<br />
<br />
Bon. C'est beau tout ça. Mais quand on apprend un 17 décembre en plein rush de Noël qu'on déménage dans une contrée lointaine le 14 janvier, on réalise que finalement, tout ce temps-là, on avait une vie.<br />
<br />
Ce que j'avais :<br />
- Un travail rémunéré.<br />
- Un abonnement au gym. <br />
- Un appartement.<br />
- Deux chats.<br />
- BEAUCOUP de stock.<br />
<br />
Ce que je n'avais pas.<br />
-Un plan de cours...<br />
- Une connaissance hypothétique de c'est où, Sept-Îles...<br />
- Un endroit où vivre, là-bas.<br />
- Une idée de comment j'allais patenter ma vie pour les quatre prochains mois.<br />
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Qu'à cela ne tienne. Armée de ma désespérante confiance et de ma désarmante pensée positive, j'ai trouvé (bon, harcelé, ok...) deux gardiennes pour les minous (Sissi et Voltaire s'en-vont-en-guerre...bonne chance, les chatons). L'abonnement au gym, ça se diffère, ça a l'air. Un coup de fil, et je réserve une chambre en résidence (ce qui me permettra certainement de vous fournir quelques anecdotes croustillantes, c'est à suivre). J'ai choisi mes oeuvres à l'études, je suis en train de monter un plan de cours et trois power-séquences-didactiques.<br />
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Bref, je me débrouille, je planifie, et mon frigo est recouvert de post-it. Coupe de cheveux avant de partir, renouveler la prescription de verres de contact, faire vacciner les minous, donner ma démission au job rémunéré (craignez pas, je vais revenir...) achats d'une nouvelle garde-robe « professionnelle » (prétexte) et rendez-vous avec presque tous ce que j'ai dans mon bottin social qui veut me voir avant que je parte.<br />
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Seul pépin, l'appart.<br />
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Quand t'habite dedans, c'est pas trop grave de payer ça. C'est chez vous, tu t'endures. Mais le laisser vide pendant quatre mois, c'est une autre histoire. Je faisais des cauchemars la nuit où des squatteurs venaient utiliser mes toilettes. Où on me piquait mes saisons de Buffy. Où on repeignait mon appart en brun.<br />
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Le calvaire.<br />
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Heureusement, la vie, elle est bien faite. On vient de sous-louer mon appart. Petite famille mal prise qui vit à peu près le même problème que moi et qui doit emménager à Québec au P.C. Bref, dans cette histoire, je suis le messie qui arrive avec sa manne bénie qui tient dans un beau trois et demi.<br />
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Alléluia.<br />
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Dernier problème. Avez-vous déjà déménagé à deux places en même temps? Je dois m'arranger pour boiter ce qui est nécessaire à mon départ pour Sever Island (ça fait plus exotique) et caser le reste dans mon locker. Fastoche! Mais avec mon indicible capacité à m'emmêler les pinceaux, je vais probablement déballer un assortiment de nounours rendue là-bas pendant que ma vaisselle s'ennuiera à Québec.<br />
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Pas grave. Les nounours, c'est réconfortant.<br />
Pour le reste, il y a Visa.<br />
...ils prennent Visa, là-bas, hein? <br />
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<br />DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3606239701489040574.post-33797233209665048112012-12-19T10:06:00.002-05:002012-12-19T10:23:04.425-05:00La vie est dans : Le vent qui tourneBonjour, petits lecteurs inDesscents.<br />
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Je vous ai manqué?<br />
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Je dois vous avouer que j'avais envie de revenir patouiller ici depuis un certain temps. Cependant, je n'avais rien de bien brillant à vous raconter. Les trépidantes aventures d'une inDESScente au chômage ne reluisaient pas d'anecdotes et mon ironie habituelle se transformait en sarcasme mordant aussitôt qu'on discutait de mes tâches incroyables de libraire. Pas que ma vie manquait de piquant : un accident de voiture, la scarlatine, j'ai même eu le temps de tomber en amour - deux fois. Mais disons que l'idée générale dérogeait de ce que je voulais vraiment partager dans ce blog : les dessous affriolants d'une nouvelle enseignante.<br />
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Et là, le vent vient de tourner.<br />
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J'ai eu l'appel téléphonique mercredi de la semaine dernière. J'avais envoyé mon Curriculum Vitae il y avait un certain temps, déjà, j'avais complètement oublié ma candidature et je convoitais le Cégep de Rosemont, dans le grand Montréal. Et là, j'avais une offre. D'ailleurs. Assez loin pour que l'entrevue doive se faire par skype. J'ai beau apprécier le Web 2.0., skyper, j'avais jamais fait ça.<br />
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Test technique le vendredi avec un monsieur pas très heureux d'être pris pour faire ça. « Oui, madame, vous avez une fenêtre qui fait un contre-jour, votre micro est trop puissant, oh tien, vous avez un chat? ». En sont sorties deux constatations : la première étant que mon internet était trop lent, la seconde que Voltaire aimait un peu trop passer à la télé. J'avais donc prévu de passer chez ma mère pour profiter de la sécurité parentale rassurante et de la connection haute-vitesse. C'était réglé. Mon entrevue, le mardi, se déroulerait sans anicroche.<br />
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Sauf que lundi, la fin du monde est arrivée. Et elle s'est concrétisée en je-ne-sais-combien-de-pieds-de-neige. Il est mardi matin, je panique. J'appelle ma soeur qui me permet de passer l'entrevue chez elle. Je débarque, m'installe, patiente, puis le monde du service technique m'appelle : certains membres du comité de sélection n'ont pas pu se rendre. Va falloir patienter jusqu'en après-midi.<br />
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Mautadine.<br />
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Je ronge mon frein jusqu'en après-midi. Là, devant les cinq paires d'yeux reliés à mes beaux yeux par les voies pas-vraiment-impénétrables du net, je déploie tout mon charme en banque. Ça en fait, du charme au pouce carré. Ça faisait longtemps que je n'avais pas dragué un potentiel employeur, j'avais une revanche à prendre sur mes mois de patience. Et parle de Cyrano par-ci, du socioconstructivisme par-là, et de j'aime-donc-bien-la-diversité-et-les-milieux-ruraux...Bref, en bon français, je beurre épais. Je m'étais promis que je ne manquerais pas ma <i>shot</i> sur celle-là.<br />
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Et bien, je ne l'ai pas manquée.<br />
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Vous voulez embarquer avec moi dans l'aventure? La session commence le 13 janvier. J'ai 3 semaines pour trouver un moyen de me téléporter là-bas, me loger, relire les oeuvres que je veux mettre au programme, monter un plan de cours et le soumettre. On parle de SEPT-ÎLES, ici. De la Côte-Nord. Je suis à Québec. À neuf heures de route. Va falloir goaler.<br />
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Mais avant tout ça, je voulais vous écrire.<br />
Heille gagne...je suis prof de cégep.<br />
C'est reparti! DESScentehttp://www.blogger.com/profile/00052255401612322134noreply@blogger.com1