Dans ma tête, il y a deux hamsters.
Oui oui.
Bon, d'accord, deux hamsters et une souris. Mais la souris ne compte pas : elle s'occupe de mon roman. Quelque part dans ma tête, elle court dans sa petite roue et alimente mon subconscient en nouvelles tournures de phrases et en retravail d'intrigues. Elle ne fait donc pas partie du staff officiel et ne figure pas non plus sur le payroll (pauvre Ernestine...). Nous n'en ferons donc pas mention outre ce court paragraphe.
Donc, deux Hamsters, je disais. Le p'tit brun, Alphonse, et le p'tit roux, Lewiss. Deux hamsters très bien. Comme je suis née avant 1990, mon cerveau n'est pas encore informatisé ; ils fonctionnent donc avec l'ancien système de fiches qu'on avait dans ce temps-là dans les bibliothèques. Faut bien recycler...Or , quand ils ne sont pas occupés à ronger les fils inutiles de mes connections cognitives, tous deux travaillent au fonctionnement général de la machine, c'est-à-dire m'amener du point «A» au point «B» et ce, avec le maximum de pièces essentielles possibles.
La plupart du temps, les hamsters se lèvent, font leur quart et se couchent. Alphonse s'occupe des fonctions motrices et Lewiss des fonctions intellectuelles. Ils étendent les dossiers quelque part sur mon lobe occipital, discutent des décisions à prendre et rigolent quand ils entendent un air des Chipmunks. La formule fonctionne si bien que j'en ai même oublié leur présence et que j'ai par le fait même oublié de les augmenter quand j'ai soudainement doublé mes propres heures de travail.
Ils ont décidé de se syndiquer.
Non seulement ai-je dû leur fournir des uniformes aux couleurs chatoyantes, mais de plus ai-je dû limiter leur participation à mes activités dans la journée. Ces deux-là travaillent maintenant 8h maximum par jour. Ils arrivent le matin, se préparent un café aux noisettes, saluent la souris, grimpent sur leurs petits sièges de hamsters et s'y mettent. Ils traitent les dossiers urgents, classent les fiches et surveillent l'horloge : l'heure passée, ils mettent le pilote automatique et lèvent les pattes.
Seul hic : moi, je travaille 12h par jour. Et je n'en dors que six. Ce qui nous laisse 18h au total d'occupation du corps en éveil.
Faut que je gère les horaires serrés. Or, je n'y arrive pas toujours. Des fois, y'a une fiche qui finit par être oubliée en quelque part dans ma tête (on a été le 3 juillet pendant genre une semaine!). Des fois, le système automatique s'emballe et je finis par obliger mes élèves à se photographier à côté de statues grecques dénudées. Les dossiers ne se règlent pas ou bien sont très en retard. Par exemple, je n'ai toujours pas réussi à trouver un trou dans mon horaire pour laver mon linge de la semaine passée . Seule solution : acheter d'autre vêtements.
Ça laisse place à des évènements cocasses. Je commence des phrases sans en savoir la fin. Je dis au-revoir quand un client arrive pour payer à la caisse. Je donne mon numéro de téléphone à une classe d'étudiants coquins qui ADORENT faire des mauvais coups (genre tous s'asseoir dans une autre classe et essayer de me faire croire que c'est moi qui me suis trompée, ou se cacher derrière l'écran de projection pour me faire sursauter...des p'tits comiques !).
Bref, j'en perd des sérieux bouts.
Mais ce n'est pas grave. C'est l'été et, dans trois semaines, je serai sur le bord d'une piscine avec un verre de pinot gris à écouter la Cumparsita.
Et à ce moment-là, je recevrai encore probablement des textos étranges...
Misère!
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