On m'a comparée à une poupée, aujourd'hui.
Ça m'a fait drôle parce que j'ai perdu l'habitude des compliments. Faut dire, j'ai perdu l'habitude d'attirer les regards et donc les jolis mots qui viennent avec. Les gens ici croient que je suis issue d'un curieux croisement entre une maman et une grand-mère (croisement impossible, certes, mais tout de même intéressant!). Il semble que je me sois développé une routine de vieille fille bien calée dans ses coussins en macramé.
Il me semble loin le temps où mes décolletés étaient plus plongeants qu'un Alexandre Despatie au plus fort de sa carrière. Mes jupes provocantes prennent la poussière dans le fond d'un placard, remplacées par de longs pans de tissus qui n'ont plus grand chose d'indécent. Mes talons les plus hauts ne dépassent pas le deux pouces réglementaire, toutes les autres chaussures à la hauteur déloyale dorment dans mon coffre de voiture. Je cache mes tatouages, les maquille au besoin. Je porte mes lunettes au lieu de mes verres de contact. Le soir, à la place de Sex in the City, je regarde The Big Bang Theory, j'ai troqué les Cosmos pour des tisanes au tilleul. J'écoute la musique de Chopin, j'ai oublié Britney. Je décore, je
couds, je cuisine, je nettoie, je frotte, je plie, j'aspire, je balaie,
je brode, je tricote...
...bref, je m'emmerde.
Au lieu de traîner dans les bars de toutes sortes avec des fréquentations peu recommandables, mes souliers dans une main et le goulot d'une bouteille dans l'autre, j'aménage l'appartement de mon colocataire. Il me semble loin le temps où j'ouvrais les deux portes principale pour entrer dans un lieu de perdition dans le but de me faire payer des verres par des inconnus, de tirer les cheveux d'une comparse et de partir avec le barman à la fin de la veillée. Je ne laisse plus mon numéro de téléphone aux serveurs des restaurants ; d'ailleurs, je ne parle presque plus au téléphone. En tout cas, mon cellulaire n'a pas sonné depuis au moins un mois, rangé dans un tiroir de ma commode. Ce n'est pas peu dire, j'ai même (presque) arrêté de draguer les caissiers de dépanneur.
C'est que, voyez-vous, j'ai peur de la ville.
Ici, assumer une vie de péchés équivaut à recevoir un aller-simple pour Ailleurs. Les rumeurs vont plus vite que les transports en commun (faut dire, ce n'est pas très difficile de battre une calèche à la course...), tout le monde connaît vaguement tout le monde (échanger une demie-heure avec le livreur de pizza est une pratique tout à fait commune) et les étudiants sont partout. On ne peut même plus aller au service au volant du McDonald's en pyjama sans en entendre parler en réunion départementale! Alors sortir dans les bars, les attributs dévoilés, le regard aguicheur et la bouche invitante, c'est une très mauvaise idée. Vous ne le savez pas, mais vous êtes en train de draguer le frère de la fille de l'oncle du cousin de la tante d'un de vos étudiants. Dans deux heures, tout le monde croira que vous êtes une croqueuse d'homme à l'appétit insatiable.
Bon, j'en suis une, mais j'apprécie de traquer du côté des anonymes. Alors je suis supposée faire quoi,? Aller cruiser à l'église?
Non. Je nous terre, moi et mon côté coquin, bien cachés derrière un personnage plein de sagesse et de candeur.
Personne ne se doute que je suis en train de faire une overdose de vertu. Que la folie me guette.
Mais je descends à Québec dans une semaine.
Ce ne sera pas joli.
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