vendredi 23 mars 2012

La vie est dans : La journée off

Qu'il est difficile d'être une DESScente...en grève.

Faut dire qu'on se voit tirailler. Prendre de l'avance dans les travaux? Étudier cet examen de TIC qui ira fouiller dans les fondements de la création de l'ère informatique? Aérer mes jupons dans l'air frais du printemps lors des manifs? Utiliser mes capacités littéraires pour rédiger de jolis slogans? Nettoyer mon appart? Réaligner mon karma? Me laver de mes vieux péchés?

J'ai choisi la correction.

Ça se fait bien, sur le balcon, avec un verre de vin blanc dans une main et un crayon rouge de l'autre. Rajoutez un petit air populaire à la radio, et vous vous dessinez un après-midi aussi charmant qu'agréable. Et puis, vous ouvrez votre premier feuillet, plein d'ambition et de motivation quant à la besogne à abattre, et puis...

Vous êtes-vous déjà penchés sur les copies d'étudiants, dernièrement? Je veux dire, vraiment? Car si vous avez encore la vision hollywoodienne des quatre feuilles blanches brochées accompagnées d'une page de présentation où le nom du professeur est bien orthographié, vous êtes (déjà) à côté de la plaque.

Commençons seulement par l'aspect matériel de la chose. Y a-t-il un cota d'établit sur les broches? Ne regardant que rarement la télévision, j'ai peut-être raté l'information. N'empêche que, peu importe le nombre de feuillets que constitue l'exercice, il y a toujours un élève qui pense que les attacher ensemble reste optionnel. Et ça s'égare dans le fond de la malette, et il manque une page, et ça tombe par terre, et naturellement, ce n'est pas paginé...Mais bon, un petit coup d'agrapheuse, et voilà, c'est réglé. Et puis, on regarde la première page.

Il y a les copies colorées, les copies illustrées, les copies chiffonées, les copies sales, les copies odorantes et les copies...bizarres (quelle est l'utilité d'écrire son adresse complète sur une page de présentation, je vous le demande!). Il y aurait une étude sociologique à faire sur mes étudiants à partir de ces examens-là : ils fument, boivent du café, traînent leurs examens «lousses» dans des sacs qui, naturellement, traînent sur des planchers qui sont d'une propreté douteuse.

Mais bon, une gorgée de vin blanc, un peu de purell et ça aussi, ça passe.

C'est là que le fun commence. Après avoir déchiffré une calligraphie approximative (pourquoi Prof Associé permet encore les travaux écrits à la main, je vous le demande...), on doit réussir à analyser le dédale obsur de la pensée estudiantine. Faut pas oublier que la compréhension de texte, c'est comme la chimie, sauf que vos éléments peuvent changer d'idée. Reste donc quelques questions à se poser :

1. Qu'est-ce que t'as compris ;
2. Comment t'es arrivé là ;
3. Où t'as pigé ça.

Une session, qu'ils font ça, mes cocos. Sans relâche, ils ont analysé des nouvelles, des contes, des fables...et je trouve encore le moyen d'éclater de rire en lisant des copies. « Le capitaine est gentil car il frappe l'esclave avec déférence » , « L'esclave respecte sa femme même s'il la donne contre une bouteille d'eau-de-vie», « Le capitaine fouette ses esclaves parce qu'il n'a rien d'autre à faire » et, mon préféré, « l'esclave n'est pas brillant parce que s'il l'était, il ne serait pas un esclave».

Logique implacable. Parfois, ils ajoutent des mots, pour faire joli (ou pour remplir la page). D'autres fois, ils tournent autour du pot pendant un certain temps, sans jamais regarder ce qu'il y a dedans. Et encore, certains passent totalement à côté de la question et me parlent de la veillée chez Chose qui a réussit à plier un bouchon de bière avec ses dents (j'exagère à peine). J'ai même une étudiante qui s'est servie du papier de son travail pour écrire un devoir à faire dans un autre cours.

Ça, c'est de l'ironie!

Heureusement, au travers de tout ça, on commence à sentir le raisonnement qui émerge. Les jeunes, à force de répétition et d'insistance, ils finissent par comprendre ce qu'on attend d'eux. Ils veulent tellement bien faire, ils veulent bien écrire, avec des beaux mots. Alors, quand un d'eux me sort qu'un personnage est « fort comme une gazelle »(?), « doux comme un lion » (??) ou «riche comme Crédule » (?!?), je prends une autre gorgée de vin blanc en essayant de saisir l'idée.

Et dans le pire des cas, j'ouvre une autre bouteille.

samedi 10 mars 2012

La vie est dans : Le sexe!

Et oui, me revoici.

Avec toute une entrée en matière, n'est-ce pas?

Plus inDESScente que jamais, revue, améliorée et reposée, sans gluten et sans retenue! Et oui, c'est que, voyez-vous, entre ma prise en charge supervisée, ma mi-session surchargée, mes obligations de gréviste et la préparation d'une séquence didactique qui achève de faire blanchir ma charmante chevelure brune, je n'ai plus eu le temps de vous entretenir de mes tergiversations. Seulement, après plusieurs rappels de votre part (je ne pensais pas pouvoir créer la dépendance, mais j'en suis très fière...) je n'ai d'autre choix que de revenir au galop sur ma monture virtuelle.

Donc.

Je suis en train de terminer ma semaine de lecture, précédée par une semaine assez intense. Prof associé doit être le seul suffisament cruel pour prévoir la prise en charge supervisée de sa stagiaire en plein dans sa semaine d'examens. Lundi, donc, prise en charge supervisée ; heureusement, j'ai pris soin de choisir mon groupe le plus à jeun pour le soumettre aux yeux avisés de mon évaluatrice. Je connaissais aussi mon matériel, qui marche tout le temps bien. Pour les curieux, ça s'est bien passé. Le seul hic, c'est que...

...maintenant, en classe, je peux me détendre.

La plupart d'entre vous me connaissez sous un jour plutôt studieux ; outre le fait que je m'échappe des restaurants, que j'entraîne des gens à rester prisonniers des bancs de neige de ma rue et que je sauve des petites vieilles de la mort en allant m'acheter des bananes le matin, je semble mener une vie assez ordinaire. Caractère égal, jeune femme rangée, qui tricotte...

Je vous le donne en mille : ce sont des airs que je me donne.

Une parcelle de mes amis connaissent ce côté de ma personnalité que je cache par professionnalisme. Ce côté un rien bitch, à l'humour légèrement en bas de la ceinture et à la répartie à peine cynique. Vous savez, si, en situation de stress, j'ai tendance à compenser la nervosité par la cérébralité, une fois détendue...je vous laisse deviner.

Et donc, il y a eu le mercredi.
Après ma prise en charge supervisée.

Non, je ne suis pas entrée en classe les cheveux aux vents et les tatouages à l'air en chantant Poor some sugar on me, les hanches dans le rythme (quoique c'est toute une image!). Seulement, nous analysions, cette journée-là, l'histoire d'une étoile, incarnée en femme magnifique, qui descend rencontrer un berger. Lors d'une soirée dans un champ, elle lui demande d'aller cueillir un fruit en haut d'un arbre ; il y grimpe, elle le rejoint, l'arbre s'allonge vers l'infini et ils montent au ciel.

Elle lui demande de cueillir un fruit.
L'arbre allonge.
Ils montent au ciel.
Come on. Je ne suis pas la seule suffisament mal tournée pour y avoir pensé.
Le seul problème, c'est que moi, je l'ai dit.

Oui, nous nous sommes mis à parler de la métaphore sexuelle dans la littérature. Oui, nous avons évoqué certaines expériences de lecture très explicites. Oui, sans être déplacée, disons que j'ai interprété assez clairement le reste de la nouvelle, car une fois qu'on voit la tête de la métaphore, il faut bien en trouver la queue...(sans mauvais jeu de mot, bien sûr).

Disons-le, parler de sexe, quand on enseigne à des post-ados, c'est inévitable. Comme nous l'avons étudié dans notre cours de psychologie, nos élèves en sont à un âge où, s'ils ne pensent pas qu'à ça, du moins l'idée les effleurent-elle occasionnellement (et avec assez d'intensité). En plus, quand on veut réveiller son groupe, une bonne blague grivoise, c'est très efficace. Bref, lors de cours précédents, on avait abordé le sujet, mais je me gardais bien d'y plonger. Et mercredi, je me suis, comme qui dirait, lâchée lousse. Je n'avais bien sûr pas prévu la réaction de Prof Associé qui, loin de réfréner mes ardeurs, les a plutôt encouragées. En clair, on a passé le reste de la période à parler de c**. C'était drôle, détendu et même, pour une fois, pertinent.

Je devrai quand même prendre garde à ne pas adopter une attitude trop détendue...avant d'un peu trop renseigner mes étudiants sur les choses de la vie. Je trouverai bien d'autres occasions plus propices à illustrer ce côté plus sucré de ma personnalité...

Quand est-ce qu'on prend une bière? ;)