mercredi 30 novembre 2011

La vie est dans : la Vengence Adorable

Tiens tiens...je suis de retour.


Je vous ai manqué? Faut dire que la fin de session s'avère particulièrement active. Entre ses derniers compte-rendus et l'étude pour l'examen final de Cognition et Apprentissages, votre DESScente préférée a, dirait-on, la broue dans le toupet. Une fois passé le party de bureau du Travail Rémunéré (une bien jolie apothéose...), la fin du Stage 1 (et la rédaction des rélexions qui y sont relatives) ainsi que l'accomplissement d'avoir réussi à monter le sapin de Noël avant le premier décembre, me voilà de nouveau dispose à vous entretenir de mes tergiversations.


Ça bouillonne dans les couloirs du De Sève et du De Konninck, ces temps-ci. Les aspirants professeurs, un livre à la main, dissertent avec animation. Des examens à venir? Des épreuves à traverser avant la date fatidique du 22 décembre (date butoir sonnant le glas de la première session)? Des stages à venir dans les prochains mois?

Pantoute. Tout le monde ne parle que d'une seule chose.


La brosse du 16 décembre.


Nous ne sommes pas dévergondés (du moins, pas particulièrement). Nous ne sommes pas non plus des buveurs invétérés. Cette envie de se libérer dans le divertissement (et, disons-le, dans l'alcool) est issue d'un des très vieux principes pacifistes de ce monde: la Vengeance Adorable.


Procédons étape par étape.


Le principe se définit par une compensation positive d'un stimulus négatif. Cette façon de procéder vient contrer l'action de l'Entropie (théorie basée sur la prémisse que le monde aspire au chaos) et suppose une neutralité comme finalité des deux actions.Je déclare la guerre au Paraguay? D'accord. Mais, pour compenser, je construis un réseau scolaire au Nicaragua. Naturellement, à si grande échelle, ça sent l'utopie. Mais si on réduit, ça peut donner : mon chum me plaque, j'avale un contenant complet de crème glacée.


Il n'y a que deux principes fondamentaux pour que l'on puisse parler de vengeance adorable. Le premier, c'est que l'action compensatrice doit absolument être positive (sinon, ce serait de la vengeance tout court, et ça c'est vilain, vilain, vilain!). Le second, c'est que la compension doit nécessairement être équivalente du stimulus premier. Si mon chum me plaque ET sort avec ma soeur (ce qui implique que je dois me taper sa face à chaque meeting familial), le pot de crème glacé semble nettement insuffisant.


Vous suivez?


Revenons donc à mes collègues aspirants-profs. Nous nous sommes tous accordés quelques compensations au cours de la session (mon portfolio de didactique m'a d'ailleurs valu une superbe paire de botte). Cependant, les compensateurs habituels n'arriveront pas à égaliser la charge négative du programme scolaire, qui semble incommensurable. Rajoutons à cela quelques frustrations issues de la vie personnelle (mon appart est un bordel depuis 2 mois!) et professionnelle : une bombe d'énergie négative est sur le point d'exploser dans toutes les petites têtes du D.E.S.S.


Seule solution pour éviter le suicide collectif? L'espoir que ça finisse dans une apothéose. Un verre de vodka ne sera pas suffisant. Pour compenser tout cela, voici ma prescription personnelle.


- Un shooter d'alcool faible (sour puss, amaretto, abricot brandy...) pour chaque concept non-pertinent à notre formation d'enseignant.



- Un shooter d'alcool fort (vodka, tequila...) pour chaque devoir effectué sur l'un de ces concepts.



- Le dit shooter doit être bu entre les seins d'une barmaid consentante s'il ne comptait pas.



- Vous avez droit à une bière pour chaque cours réussi., deux si vous avez une moyenne supérieure à 80%



- Si vous avez effectué ces cours sans vous plaindre, vous avez le droit de boire au pichet.



- Si vous avez sacré une fois après CMapTools, vous avez droit à un drink de fille (sex on the beech, amaretto sour...).



- Si vous avez perdu votre calme devant le travail de préparation de la prise en charge évaluée, octroyez-vous un drink de gars (black russian, bloody ceasar...)



- Si vous n'avez jamais sauté une seule lecture, vous gagnez une sambuka flambée à même votre bouche.



- Chaque heure passée à répéter un exposé oral correspond à une minute où vous avez le droit de vous asseoir sur les genoux d'un inconnu ou d'une inconnue.



- Chaque minutes que vous avez passées assis durant un stage correspond à une minute où vous devez vous défouler en dansant.



- Si ces dites minutes ont provoqué chez vous une certaine frustration, l'action compensatrice peut se faire debout sur une table.



- Les conversations avec les pairs ou les professeurs pour essayer d'éclaircir une consigne obscure peuvent être compensées par des propos grivois qui ne le sont pas.



- Si vous êtes intervenu, au moins une fois, dans un cours, sans que votre propos ne soit jugé correct par le professeur, vous avez le droit de démarrer une chanson à boire.



-Si vous avez séché lors d'une question posé par un prof dans le cadre d'un cours ou par un étudiant lors d'un stage, vous avez le droit de crier «C'est ma toune! » avant de vous lancer sur la piste de danse ou de chanter par-dessus la musique ambiante.



- Si c'était par le prof associé ou par l'évaluateur lors d'une prise en charge, vous avez le droit de fausser ou d'inventer des paroles.



- Et finalement, si vous n'avez manqué aucun cours lors de votre formation, s'il-vous-plaît, partez avec le Barman...


Si je me plie à ma propre médecine, une seule chose est sûre :



Ça va être une belle veillée...

mercredi 16 novembre 2011

La vie est dans : Les activités non-combinatoires

Vous connaissez les objectifs généraux du Cégep?

Vous savez, quand notre magnifique Ministère nous jase des objectifs de l'institution collégiale, il se prend très au sérieux. Notre mission ne consiste pas seulement à inculquer les principes fondamentaux propres à notre expertise : nous devons également encourager la socialisation et l'orientation de nos élèves (étudiants? apprenants?) au sein de ladite institution, pour les encourager à apprendre sur eux-mêmes et à prendre place dans une communauté, qui, plus tard, sera élargie pour devenir la société, dans laquelle ils évolueront en tant que citoyens.

C'est beau, hein?

Je pensais à ça, quelque part dans mon cours de Cognition. Et l'Université, elle? Je suis d'accord, nous apprenons à développer notre savoir par nous-mêmes et à nous outiller pour développer ce dit savoir, puis nous apprenons à expliciter le fruit de nos recherches dans un compte-rendu. Sauf qu'on fonctionne toujours en communauté. Et nous sommes tous, en théorie et toujours, de futurs citoyens respectables. Pourquoi l'université (Univers-cité :p) ne prend-elle donc pas en compte les autres objectifs de formation?

Parce que ça a déjà été fait? Parce qu'à notre âge, nous sommes supposés savoir exactement où nous allons, savoir interagir avec nos pairs et connaitre exactement les facettes de notre complexe personnalité?

Nah.

Tout simplement parce qu'on n'a pas le temps.

Avez-vous déjà fait l'étude des activités non combinatoires? Il s'agit d'un exercice pour évaluer votre temps de vie dans une semaine. Le calcul, très simple, consiste à additionner les opérations non combinatoires (donc, que vous ne pouvez pas faire un multitasking) que vous êtes obligés de faire en une semaine. Donc, vous pouvez calculer vos heures de sommeil, mais pas le temps que vous prenez à vous brosser les dents, car vous pouvez étudier en même temps. L'exercice ne doit comprendre, je le répète, que les activités OBLIGATOIRES à votre survie littérale, à votre survie scolaire et à votre survie professionnelle.

Faisons donc le calcul d'après mon mode de vie.

Heures de sommeil : 6h par nuit = 42 heures par semaine
Préparation des repas : 1/2 heure par jour = 10,5 heures par semaine
Prise de repas : 1h par jour = 7 heures par semaine
Hygiène personnelle (nettoyage et poupounage) = 1.5 h par jour : 10,5 heures par semaine
Tâches ménagères : 2 heures par semaine
Déplacement : 1h par jour (moyenne non combinatoire) = 7h par semaine
Heures de cours : 12 heures par semaine
Heures de stage : 8 heures par semaine
Heures de devoir : 6 h par cours (moyenne) donc = 24 heures par semaine.
Heures de préparation de cours : 2 heures par semaine
Heures de travail rémunéré : 25 heures par semaine

Total = 150.
Total des heures dans une semaine : 168
Il nous reste donc 18 heures pour procéder à nos activités combinatoires et non obligatoires, dont font partie les relations humaines et sociales.
Et on ne s'est pas encore brossé les dents...

C'est peut-être pour ça que le programme du D.E.S.S. ne s'est pas transformé en immense agence de rencontre. Je discutais de cela, tantôt, avec deux filles de mon cours : avez-vous remarqué à quel point les gens sont beaux, dans notre programme? Non seulement sur le point de vue de l'apparence physique (car je n'ai pas encore rencontré Quasimodo dans les détours de ma plage horaire), mais aussi sur le plan intellectuel. Des hommes et des femmes intelligents, en pleine possession de leurs moyens, dans la force de l'âge, curieux, audacieux, frondeurs, ambitieux... et cherchant à s'engager dans une carrière. Or, quelqu'un qui sait relativement où il s'en va au niveau professionnel a aussi, généralement, une idée globale de ce qu'il désire trouver dans sa vie personnelle... et, habituellement, commence à effectuer les étapes nécessaires à la construction de cette vie personnelle.

Réfléchissons. L'homme et la femme du programme connaissent l'horaire harassant et la lourdeur de la tâche relatifs au D.E.S.S. Tous deux vivent des émotions connexes et de nouvelles expériences propres à les rapprocher. Tous deux passent un maximum de temps dans le même environnement. Et, d'un point de vue intellectuel, tous deux sont capables de porter une réflexion intelligente sur un domaine donné.

Si on base notre propos sur le fait qu'au moins 25 % (chiffre approximatif) de cette communauté doit être célibataire...

Le but de billet n'est pas d'engager une réflexion sur le teacher-meeting dans le cadre d'une expérience psychosociale. Je veux seulement signifier aux non-étudiants qui lisent ce blogue à quel point nous avons la tête ailleurs quand même nos bas instincts ne s'expriment plus sur un terrain de chasse idéal...

Ne perdez donc pas trop de temps à nous draguer : comme il s'agit d'une activité combinatoire, il y a de fortes chances que je me brosse les dents pendant que vous me chantez la pomme.

Ah, et au fait : merci à tous mes lecteurs. Nous sommes aujourd'hui le 16 novembre, le blogue est ouvert depuis 2 mois, et mon compteur affiche 642 lecteurs (qui ne sont pas tous moi!). Faut croire que je ne suis pas la seule à aimer perdre quelques secondes de temps non combinatoire pour avoir l'impression de parler à quelqu'un...!

lundi 14 novembre 2011

La vie est dans : La bonne journée

Des fois, c'est cool, enseigner.


Aujourd'hui, prise en charge. Je prenais le taureau par la langue (ha ha) et je donnais un cours de...français. Et oui! Parce qu'au cégep, nous sommes supposés faire de la grande littérature : courants, genres, tutti quanti et citations latines, nous voilà partis pour la culture avec un gros Cul!


Sauf que voilà, pour analyser la grande littérature, mes élèves chéris, ils doivent comprendre le texte, ce qui n'est pas toujours acquis, pour ensuite me transmettre leurs réflexions par écrit, ce qui n'est pas toujours facile. Si vous avez déjà fait un peu de correction, vous avez sûrement croisé, plus souvent qu'à votre tour, quelques perles d'étudiants. Ils écrivent, un peu au hasard, choisissent des mots longs et à portés pseudo-scientifique, essaient désespérément de les imbriquer dans CHACUNE de leurs dissertations (ouais, parce qu'on ne s'en rend pas compte, nous, les profs). Bref, les dissertations deviennent une partie de Scrabble : les étudiants essaient de placer les mots les plus longs dans un cadre donné, et se foutent de la définition réelle du mot...


...ou même de son existence.


J'ai cet élève qui met tous les faits en exergue, par exemple. Qu'ils le soient ou non par l'auteur importe peu : exergue, ça sonne bien. Ou un autre qui fait un «postiche» du style d'un auteur connu (mais il aurait été plus joli d'en faire un pastiche, je pense....joke de littéraire). J'en ai même une qui m'a raconté, lors d'un exercice, que deux savants, dans un texte, avaient restitué un lion. J'imagine qu'elle voulait dire rescucité. Mais j'aime bien l'idée que deux savants me vomissent un lion.


On a donc fait un atelier sur les paronymes.

«De kessé?»

Les paronymes. Les mots qui, dans la langue française, se ressemblent, mais qui ne veulent pas dire la même chose. Veineux et venimeux. Paradoxe et parapluie. Amnésie et amnistie. Sceptique et septique (ceux-là, inversés, peuvent être très, très drôles).

Vous avez saisis?


Donc, voilà. Je sors à ma gagne de casquettes à l'envers et de gomme balloune ma série d'exercices, et je leur donne cinq minutes pour le compléter. Je vous le confesse : il était impossible pour un humain normalement constitué de le conclure dans un délais aussi restreint.


Pourquoi 5 minutes? Non, ce n'est pas parce que je suis une stagiaire sadique et méchante (quoi que...), mais bien parce que mes étudiants, ils travaillent à la course. Ils ont 6 heures pour faire une dissertation ; ils en prennent 3. Le reste, basta! Je voulais donc les induire à porter une réflexion sur leur manière de travailler : en ne prenant pas le temps, ils ne peuvent pas identifier toutes leurs coquilles, et laissent des points s'envoler. Est-ce que j'ai entendu : métacognition? Aussi, j'avais pris tous mes exemples dans leurs dissertations, ils ne pouvaient donc pas dire que l'exercice était non-pertinent, car ce sont des erreurs qu'ils n'ont pas pu éviter précédemment.


Et c'était drôle de les voir chercher, sans dictionnaire, la différence entre luxueux et luxurieux.


Alors bon, moi, j'explique mon exercice, toute fière, toute contente. Mes élèves me regardent vraiment comme si j'étais une drôle de bébitte (c'est pas de ma faute : quand on parle de paronymes, je viens les yeux pleins d'étoiles...). Et là, y'a une main qui se lève.


Moi : Oui, tu as une question?

Élève : Ben...ça a pas vraiment rapport avec la matière, mais...c'es-tu vrai que ta sonnerie de cellulaire, c'est Britney Spears?

Moi: ...


Bon, d'accord, je me suis laissée déculotter, un peu. Je n'avais pas pensé que mon second groupe contaminerait le premier. Dans ma tête, les élèves, ça ne se parle pas en-dehors d'une classe. Cependant, peut-être par bonté d'âme, mes élèves ont quand même complété l'exercice et ont très bien travaillé. Dans le second groupes (ma gagne de traîtres :p), le débat a pris sur la signification de certains mots : plusieurs sont allés d'eux-mêmes chercher dans le dictionnaire. Et, fait surprenant sur lequel je ne veux pas m'avancer, mais dont je suis assez fière :


...j'ai l'impression qu'ils ont aimé ça.


C'est pour ça que c'est grisant, enseigner. On travaille avec des coquins...mais qui sont aussi curieux et qui cherchent à comprendre ce qu'on veut inculquer. Quand ils travaillent et qu'ils y mettent l'effort, ils se rendent compte que nous leur offrons quelque chose de nouveau, quelque chose qu'ils ne comprenaient pas auparavant. Et ils apprécient ces nouveaux outils et ont hâte de les mettre en pratique. Et je dois le dire...mes étudiants sont brillants. Souvent, ils découvrent des détails que je n'avais pas relevés, se rendent compte de subtilités auxquelles je ne m'étais pas attardée.


Je suis sortie du Cégep, ce matin, très fière de ce que je faisais. Persuadée que j'étais à la bonne place, au bon moment. Et certaine d'une chose.

Je suis une très bonne prof.

samedi 12 novembre 2011

La vie est dans : La solution

Parlons un peu de moi, voulez-vous?

Je suis une jeune fille de 25 ans. J'habite seule dans un 3 et demi. Je n'ai pas d'ordinateur Apple, de Ipod, de Ipad ou autre bidule. J'ai un cellulaire, mais pas de téléphone de maison. Je n'ai pas de permis de conduire, mais j'ai ma passe de bus. Je travaille entre 24 et 30 heures par semaine, à un salaire un peu au-dessus du minimum. J'étudie à temps plein à l'université Laval dans un programme de deuxième cycle ; je fais également des stages dans un Cégep de la ville de Québec. Je dirige une troupe de swing, bénévolement, et cela constitue ma seule activité sociale effectuée sur une base régulière. Ma mère habite avec ma grand-mère, mon père est décédé sans rien laisser derrière lui, et je n'ai qu'un accès très limité aux prêts et bourses. Je me débrouille comme je peux, et je ne m'en plains pas.

Ceci étant dit, je ne me considère pas comme «pauvre», seulement comme très serrée. À la limite. Et voilà que j'entends qu'on veut augmenter les frais de scolarité. Pis que cela, je lis, aujourd'hui même, que le nouveau régime de prêts et bourses ne pourra pas couvrir totalement la hausse des frais. Et moi, petite DESScente au sang chaud, je me dis : « Holà! Les étudiants vont bien monter aux barricades! »

...et ben non.

C'est que les étudiants, ils pensent. Et ils comptent, aussi. Ils comptent fort, et ils comptent gros, et ils ont de gros principe. L'égalité, c'est que tout le monde paie. Les américains paient, les anglo-canadiens paient, alors nous devons payer aussi. Dans un beau système où il n'y a jamais de perte, où les fonds injectés dans l'éducation vont directement dans les services et dans le perfectionnement des enseignements, où les étudiants prennent tous l'autobus et travaillent en communauté sur les ordinateurs présents dans la structure et où le téléphone ne sert qu'à téléphoner, que demander de plus?

Et d'ailleurs, il est où, le problème? Le système d'aide financière du gouvernement est là pour les autres. Et nos chers amis étudiants décisionnaires sont heureux de cette réflexion, et se disent qu'ils ont quand même une conscience sociale, car ils mettront une canne de tomate dans un panier de Noël, le mois prochain.

Ils ont raison.

Oui, car au fond, nous, petits étudiants aux moyens limités, mais prisonniers d'une faille dans le système, nous ne sommes que des domages collatéraux. De même que ces étudiants adultes, qui travaillent dans les McDonald's, et qui veulent retourner sur les bancs d'école : ils ne peuvent bénéficier du soutient financier, car leurs revenus sont calculés sur l'année antérieure. Vous savez, pendant qu'ils travaillaient à temps plein, au salaire minimum. Mais bon, ça prend quelqu'un pour retourner les burgers...Et puis, que dire de ces étudiants dont les parents refusent d'accorder une aide financière? Comme ils descendent d'une lignée de pingres, autant arrêter là la propagation du mauvais gêne.

Ils ont encore raison.
Sauf pour un détail.
Je fais partie de ces exceptions jugées comme négligeables.
Et je suis intelligente.

J'ai donc un plan. Un plan pas très socialement acceptable, j'en conviens. Il est même sur la ligne de l'éthique. Par contre, la fin justifiant les moyens, je peux bien jouer au jeu de la haute classe, si ça leur plaît.

Partons donc sur la prémisse que je ne me trouverai pas d'emploi à la fin de ce cours, qui est donc considéré, à partir de maintenant, comme inutile. Je me retrouve donc sans emploi et, grâce à la hausse des frais de scolarité, incapable de poursuivre mes études.

La première étape consiste à m'inscrire sur la liste des assistés sociaux. C'est laid, n'est-ce pas? Je vis comme je peux pendant un an : j'écris un second roman, je travaille un peu au noir, bref : I play the game. Mon niveau de vie ne changera pas beaucoup ; je profiterai, en plus, de l'assurance dentaire, du service ambulancier, du service d'optométrie...je ferai donc les petits travaux sur ma personne que je retarde, faute d'argent, depuis trop longtemps.

Après un an, j'ai le droit de prendre part à un programme qui me permet d'accéder à un cours visant à me réintégrer au marché du travail. En langage clair, le gouvernement me paie une formation pour me sortir du pétrin. Plomberie, ça me tente ; toujours pratique dans une maison, Faut juste que je me change la craque de place. Et qui sait? Je serai peut-être le premier plombier de Québec à citer Camus.

Une autre année passe. Je suis plombier. Grâce aux cotas privilégiant les femmes, je me fais engager immédiatement, à temps partiel, dans une compagnie de construction. Je me réinscris à la maîtrise. Je la termine dans les temps, car en travaillant deux fois moins, je gagne quatre fois plus, et je bénéficie des prêts et bourses, car je n'avais aucun revenu déclaré l'année d'avant.

Avec le D.E.S.S. et ma maîtrise, je me fais engager dans un collège. J'ai un cours supplémentaire en plomberie, payé par le gouvernement, et il m'a en plus payé une année complète à ne rien faire. Et je fais maintenant partie des fortunés de la socitété.

Oh, et vous savez la meilleure? Grâce à ce livre que j'ai écrit pendant mon année sabbatique, je gagne le Goncourt...ou tout du moins, le Femina.

Je l'ai dit, que j'étais intelligente.
Mais la société n'a que faire des génies...tant qu'ils n'ont pas d'argent.

mercredi 9 novembre 2011

La vie est dans : La catastrophe...

Je suis une coquine, vous savez?

Toute cette histoire en est une de perception. Je suis censée incarner la compétence, le sérieux, le professionnalisme et la discipline. Une enseignante sérieuse, en talons hauts, s'il vous plaît, avec un accent français et un béret, même. Je dois citer Voltaire de mémoire, et l'opposer à Rousseau si possible, de même que faire un lien entre ces deux auteurs et le dernier épisode d'Occupation Double (maudite approche culturelle...). Je ne dois jamais oublier la date de publication d'un bouquin, jamais ne manquer à la sacro-sainte catégorisation des genres littéraires, et ne jamais, NE JAMAIS induire mes pauvres âmes innocentes d'élèves sur les chemins tortueux de la facilité et de la perversion.

Ceci étant dit, je suis naturellement parfaite, et donc, là n'est pas problème.

Nous sommes en classe et nous étudions l'analyse de poèmes. Pour changer un peu, Prof Associé soumet l'idée que les élèves pourraient utiliser les clefs n'analyse sur une chanson de leurs choix. L'idée passe au conseil, et voilà que 40 têtes nous suggèrent 40 chansons différentes... et pour la plupart insipides. Où sont passés les « Coeur de Loup », les « Été Indien » et les « Si Dieu existe » de notre belle société (une chanson, même très quétaine, peut offrir un excellent bagage à analyser, vous saurez). Que Nenni? Même quelques-uns ont le front de me répondre qu'ils ne connaissent aucune chanson francophone!

Je voulais mourir. Me sacrifier sur l'autel de la musique et de la langue. Or donc, j'ai fait ce que tout futur enseignant passionné et dynamique aurait fait; j'ai sauté une coche, sorti mon lecteur MP3 et j'ai fait jouer du Brel et des poésies d'Aragon en faisant métacogiter mes élèves sur leurs connaissances générales. Moment génial, tout le monde écoutait, mes sportifs ont même recraché leurs gommes pour mâcher mes mots. Et puis...

Il y a le cellulaire qui a sonné. Les élèves, tout heureux, se sont regardés (il faut bien constater le visage confus du collègue qui va se faire chicaner, franchement). Et moi, j'étais sidérée.

Pourquoi?

Parce que c'était mon cellulaire qui sonnait.

Et c'est quoi, ma sonnerie de cellulaire?

...baby one more time. Britney Spears.

Après une perte de contrôle générale, j'ai envoyé tout le monde en pause, réanimé Prof Associé qui venait de décéder de rire sur le plancher de classe, ravalé ma fierté et fait comme si de rien était. Mais depuis ce temps, à chaque fois que je me retourne, il me semble entendre quelques mesures et l'inévitable : « Hit me baby, one more time! » qui me suit comme un refrain coupable.

Parait que ça forge le caractère...

vendredi 4 novembre 2011

La vie est dans : l'organisation de l'horaire

Ah! La semaine de lecture. Semaine de repos, la tête sur un oreiller de rêves, l'esprit vagabondant sur les principes fondamentaux de la vie, tantôt occupé à perdre son temps dans une paresse méritée, tantôt pensant à entreprendre un travail avec une motivation tranquille.

Belle utopie, hein?

Il n'y a qu'un problème avec ce magnifique tableau...et c'est que notre scolarité tient en deux jours ouvrable. Hey oui! Les Cégeps ne fermant pas (leur semaine, à eux, étant passée depuis longtemps) vous devez rattraper toutes les tâches non-effectuées pendant la semaine de lecture ET clancher (parce qu'il n'y a pas d'autre terme équivalent chez Molière, je m'en excuse) les travaux offerts en grand nombre par vos quatre cours et donc, vos quatre professeurs, qui craignent avec force que vous ne soyez frappés d'un ennui mortel. En même temps, vous devez peut-être planifier un petit cours pour Monsieur ou Madame Prof Associé qui se languit de vous céder sa placer pour une petite scéance, de même que remplir vos autres obligations (car le travail rémunéré, sur la fin de mois, ça a aussi du bon).

Tout ça pour dire (oui oui, je m'en allais quelque part avec ça) que votre organigramme doit être en béton. Un jour = un travail spécifique, les heures de sommeil sont toujours comptées (même si vous débordez un peu...c'est la relâche, après tout), vous clanchez la vaisselle d'une main et révisez la théorie de psycho de l'autre, votre cerveau gauche tente de se remémorer les conférences dans le but d'en faire une synthèse pendant que votre cerveau droit essaie d'imaginer des schémas en images pour retenir les propos non-pertinents de votre vénéré et obligé professeur de didactique. Une chance que l'examen de cognition est passé...mais vous devrez quand même vous réserver quelques petites minutes pour faire les lectures.

Qu'à cela ne tienne! Démarrez la mijoteuse, finissez de tricotter vos mitaines, sortez le verre de caribou et profitez-en donc pour « câller » malade au travail rémunéré. On étudie très bien, dans une grosse doudou, la soupe à la main, et si vous ne possédez point d'oreiller de rêve, sachez que le bouquin de Cégep et Société est très épais...

Bonne fin de semaine!