mercredi 14 décembre 2011

La vie est dans : les fake finals

Désolée pour l'anglicisme, mais expliquons tout d'abord le concept (pour ensuite l'inclure dans une règle...gna gna...procédure...gna gna...résolution de problème...gna gna...examen de cognition...).

Établissons tout d'abord que je ne suis pas qu'une DESScente accrochée à son ordinateur qui tape ses tergiversations pour votre bon plaisir. J'ai aussi, quelque part cachée sous un tas de poussière incommensurable, une vie pleine de rebondissement. Et en fouillant dans cette vie, on peut découvrir que je suis une danseuse.

Nah, petits lecteurs mal-tournés, pas de ces danseuses-là. Je suis une danseuse de swing. Pour faire un résumé clair, il s'agit d'une danse sociale (en couple) sur de la musique swing par définition, et qui se base, hors compétition, sur de l'improvisation. Le but ultime de la chose, c'est que les mouvements doivent s'accorder avec la musique pour qu'on puisse non plus seulement l'entendre, mais également la voir...

Or, parfois, dans ces improvisations, il arrive un moment où la chanson se termine, moment habituellement accompagné d'une finale du couple (le mec montre comment la fille est cute à son cher public, tous deux font des tatas, et voilà). Seulement, il existe, dans le merveilleux monde de la musique, ce qu'on appelle des fake finals, des finales qui n'en sont pas. La musique s'éteint doucement, ça a l'air d'être la fin, silence...et OUPS! elle repart.

Ça, ça fait sacrer. Parce que vous êtes là, à faire des tatas, alors que la musique rejoue. Il faut revenir dans la danse, et là, on se sent vraiment con.

Faisons donc un transfert dans une nouvelle situation. Nos travaux scolaires sont terminés. Nos examens sont terminés. Mais il nous reste tout de même des cours à l'horaire. Je comprends que nos chers enseignants veulent conclure sur un mot de la fin. Je comprends aussi qu'ils se sont, d'une certaine manière, attachés à nos beaux yeux. Je suis pleine d'une sensible et adorable compréhension.

Sauf que faire 45 minutes de bus pour ça...ça correspond au moment où on est supposé se sentir vraiment con. Pourquoi la musique n'arrête tout simplement pas de jouer? À quoi ça sert d'étirer le plaisir? Je veux bien croire que ce programme se présente comme une torture constante d'un étudiant consentant, l'élastique de mon consentement commence à s'étirer cordialement.

Mheu oui, je vais y aller pareil, mes petits coquins.
Et on boira à cette perte de temps supplémentaire vendredi...

dimanche 11 décembre 2011

La vie est dans : La fin de session

Et oui, mes pauvres petits lecteurs affligés, nous voilà rendus à cette période harassante de (bruit de tambour, de tonnerre, ou insérez l'effet sonore suprenant de votre choix) LA FIN DE SESSION! La cafetière fonctionne 24h sur 24, vous calculez à la minute près vos heures de sommeil, toutes vos activités deviennent combinatoires à l'étude (vous cuisinez en étudiant, vous mangez en étudiant, vous ch...enfin, vous avez saisis) et votre mémoire de travail se booste aux boissons énergies pendant que votre énergie créative est inverstie à pleine capacité dans la rédaction.

Je profite donc d'un intermède où mon ordinateur a besoin de se recharger (la prise de courant à côté de mon fauteuil de rédaction est prise par la sapin, et il est hors de question que je débranche le sapin, et il est hors de question que je rédige hors de mon fauteuil de rédaction) pour m'évader dans ce blogue.

Oui, c'est de la procrastination. Parce qu'en fin de session, on procrastine. Je pense que la chose est inscrite dans nos gênes. Par obligation, quand l'être humain se voit forcé de faire quelque chose, ça le rebute, et il trouve des échappatoires à la situation. Forcez un enfant à manger des légumes, et il vous affirmera, avant même d'y avoir goûté, qu'il n'aime pas ça. Peur, esprit de contradiction, volonté de s'affirmer, appelez ça comme vous voulez : il ne fait que repousser l'inévitable. C'est pareil vingt ans plus tard : l'homme a tendance à se braquer quand il se sent forcé de faire quelque chose.

Cependant, si on lui suggère qu'il a très envie de faire la dite chose, il semble se découvrir un intérêt marqué pour l'élément en question.

C'est pas clair? Ok, j'illustre.

J'ai un travail rémunéré. La compagnie pour laquelle je me désâme a lancé, cette année, une campagne publicitaire. Dans cette campagne, une lectrice semble absorbée par un livre dont le titre et l'auteur sont précisés, sans que le contenu du livre soit explicité d'une quelconque manière. Et, peu après le lancement de la publicité, de petits clients curieux vinrent frapper à notre porte pour réclâmer le dit roman.

Intéressant, non? La publicité marche.
Sauf que le livre, ben, il existe pas.
Y'a pas juste la publicité qui marche, ça a l'air. Le client aussi.

Je pensais à ça, l'autre jour. Peut-être y aurait-il moyen de faire ça avec nos élèves. On pourrait engager de faux élèves pour venir témoigner dans nos classes que les romans en lecture obligatoire sont «full bons!». Ou bien leur montrer un faux reportage télévisé montrant des gens absorbés par le roman à un point qu'ils subissent une combustion spontanée. Ou bien, utiliser la psychologie inversée et leur recommander de ne surtout pas lire ce livre. Qu'il est mauvais. Qu'il est mal. Amoral. Qu'il fait engraisser. N'importe quoi.

C'est de la manipulation bas de gamme?
Et alors, si ça les fait lire?
Tout, plutôt que de les forcer...parce que Wikipedia résume tellement bien les choses, de nos jours.
Tiens, on pourrait les OBLIGER à aller sur Wikipédia...gna gna.
Oui oui. J'arrête de déconner et je retourne à ma séquence didactique.

mercredi 30 novembre 2011

La vie est dans : la Vengence Adorable

Tiens tiens...je suis de retour.


Je vous ai manqué? Faut dire que la fin de session s'avère particulièrement active. Entre ses derniers compte-rendus et l'étude pour l'examen final de Cognition et Apprentissages, votre DESScente préférée a, dirait-on, la broue dans le toupet. Une fois passé le party de bureau du Travail Rémunéré (une bien jolie apothéose...), la fin du Stage 1 (et la rédaction des rélexions qui y sont relatives) ainsi que l'accomplissement d'avoir réussi à monter le sapin de Noël avant le premier décembre, me voilà de nouveau dispose à vous entretenir de mes tergiversations.


Ça bouillonne dans les couloirs du De Sève et du De Konninck, ces temps-ci. Les aspirants professeurs, un livre à la main, dissertent avec animation. Des examens à venir? Des épreuves à traverser avant la date fatidique du 22 décembre (date butoir sonnant le glas de la première session)? Des stages à venir dans les prochains mois?

Pantoute. Tout le monde ne parle que d'une seule chose.


La brosse du 16 décembre.


Nous ne sommes pas dévergondés (du moins, pas particulièrement). Nous ne sommes pas non plus des buveurs invétérés. Cette envie de se libérer dans le divertissement (et, disons-le, dans l'alcool) est issue d'un des très vieux principes pacifistes de ce monde: la Vengeance Adorable.


Procédons étape par étape.


Le principe se définit par une compensation positive d'un stimulus négatif. Cette façon de procéder vient contrer l'action de l'Entropie (théorie basée sur la prémisse que le monde aspire au chaos) et suppose une neutralité comme finalité des deux actions.Je déclare la guerre au Paraguay? D'accord. Mais, pour compenser, je construis un réseau scolaire au Nicaragua. Naturellement, à si grande échelle, ça sent l'utopie. Mais si on réduit, ça peut donner : mon chum me plaque, j'avale un contenant complet de crème glacée.


Il n'y a que deux principes fondamentaux pour que l'on puisse parler de vengeance adorable. Le premier, c'est que l'action compensatrice doit absolument être positive (sinon, ce serait de la vengeance tout court, et ça c'est vilain, vilain, vilain!). Le second, c'est que la compension doit nécessairement être équivalente du stimulus premier. Si mon chum me plaque ET sort avec ma soeur (ce qui implique que je dois me taper sa face à chaque meeting familial), le pot de crème glacé semble nettement insuffisant.


Vous suivez?


Revenons donc à mes collègues aspirants-profs. Nous nous sommes tous accordés quelques compensations au cours de la session (mon portfolio de didactique m'a d'ailleurs valu une superbe paire de botte). Cependant, les compensateurs habituels n'arriveront pas à égaliser la charge négative du programme scolaire, qui semble incommensurable. Rajoutons à cela quelques frustrations issues de la vie personnelle (mon appart est un bordel depuis 2 mois!) et professionnelle : une bombe d'énergie négative est sur le point d'exploser dans toutes les petites têtes du D.E.S.S.


Seule solution pour éviter le suicide collectif? L'espoir que ça finisse dans une apothéose. Un verre de vodka ne sera pas suffisant. Pour compenser tout cela, voici ma prescription personnelle.


- Un shooter d'alcool faible (sour puss, amaretto, abricot brandy...) pour chaque concept non-pertinent à notre formation d'enseignant.



- Un shooter d'alcool fort (vodka, tequila...) pour chaque devoir effectué sur l'un de ces concepts.



- Le dit shooter doit être bu entre les seins d'une barmaid consentante s'il ne comptait pas.



- Vous avez droit à une bière pour chaque cours réussi., deux si vous avez une moyenne supérieure à 80%



- Si vous avez effectué ces cours sans vous plaindre, vous avez le droit de boire au pichet.



- Si vous avez sacré une fois après CMapTools, vous avez droit à un drink de fille (sex on the beech, amaretto sour...).



- Si vous avez perdu votre calme devant le travail de préparation de la prise en charge évaluée, octroyez-vous un drink de gars (black russian, bloody ceasar...)



- Si vous n'avez jamais sauté une seule lecture, vous gagnez une sambuka flambée à même votre bouche.



- Chaque heure passée à répéter un exposé oral correspond à une minute où vous avez le droit de vous asseoir sur les genoux d'un inconnu ou d'une inconnue.



- Chaque minutes que vous avez passées assis durant un stage correspond à une minute où vous devez vous défouler en dansant.



- Si ces dites minutes ont provoqué chez vous une certaine frustration, l'action compensatrice peut se faire debout sur une table.



- Les conversations avec les pairs ou les professeurs pour essayer d'éclaircir une consigne obscure peuvent être compensées par des propos grivois qui ne le sont pas.



- Si vous êtes intervenu, au moins une fois, dans un cours, sans que votre propos ne soit jugé correct par le professeur, vous avez le droit de démarrer une chanson à boire.



-Si vous avez séché lors d'une question posé par un prof dans le cadre d'un cours ou par un étudiant lors d'un stage, vous avez le droit de crier «C'est ma toune! » avant de vous lancer sur la piste de danse ou de chanter par-dessus la musique ambiante.



- Si c'était par le prof associé ou par l'évaluateur lors d'une prise en charge, vous avez le droit de fausser ou d'inventer des paroles.



- Et finalement, si vous n'avez manqué aucun cours lors de votre formation, s'il-vous-plaît, partez avec le Barman...


Si je me plie à ma propre médecine, une seule chose est sûre :



Ça va être une belle veillée...

mercredi 16 novembre 2011

La vie est dans : Les activités non-combinatoires

Vous connaissez les objectifs généraux du Cégep?

Vous savez, quand notre magnifique Ministère nous jase des objectifs de l'institution collégiale, il se prend très au sérieux. Notre mission ne consiste pas seulement à inculquer les principes fondamentaux propres à notre expertise : nous devons également encourager la socialisation et l'orientation de nos élèves (étudiants? apprenants?) au sein de ladite institution, pour les encourager à apprendre sur eux-mêmes et à prendre place dans une communauté, qui, plus tard, sera élargie pour devenir la société, dans laquelle ils évolueront en tant que citoyens.

C'est beau, hein?

Je pensais à ça, quelque part dans mon cours de Cognition. Et l'Université, elle? Je suis d'accord, nous apprenons à développer notre savoir par nous-mêmes et à nous outiller pour développer ce dit savoir, puis nous apprenons à expliciter le fruit de nos recherches dans un compte-rendu. Sauf qu'on fonctionne toujours en communauté. Et nous sommes tous, en théorie et toujours, de futurs citoyens respectables. Pourquoi l'université (Univers-cité :p) ne prend-elle donc pas en compte les autres objectifs de formation?

Parce que ça a déjà été fait? Parce qu'à notre âge, nous sommes supposés savoir exactement où nous allons, savoir interagir avec nos pairs et connaitre exactement les facettes de notre complexe personnalité?

Nah.

Tout simplement parce qu'on n'a pas le temps.

Avez-vous déjà fait l'étude des activités non combinatoires? Il s'agit d'un exercice pour évaluer votre temps de vie dans une semaine. Le calcul, très simple, consiste à additionner les opérations non combinatoires (donc, que vous ne pouvez pas faire un multitasking) que vous êtes obligés de faire en une semaine. Donc, vous pouvez calculer vos heures de sommeil, mais pas le temps que vous prenez à vous brosser les dents, car vous pouvez étudier en même temps. L'exercice ne doit comprendre, je le répète, que les activités OBLIGATOIRES à votre survie littérale, à votre survie scolaire et à votre survie professionnelle.

Faisons donc le calcul d'après mon mode de vie.

Heures de sommeil : 6h par nuit = 42 heures par semaine
Préparation des repas : 1/2 heure par jour = 10,5 heures par semaine
Prise de repas : 1h par jour = 7 heures par semaine
Hygiène personnelle (nettoyage et poupounage) = 1.5 h par jour : 10,5 heures par semaine
Tâches ménagères : 2 heures par semaine
Déplacement : 1h par jour (moyenne non combinatoire) = 7h par semaine
Heures de cours : 12 heures par semaine
Heures de stage : 8 heures par semaine
Heures de devoir : 6 h par cours (moyenne) donc = 24 heures par semaine.
Heures de préparation de cours : 2 heures par semaine
Heures de travail rémunéré : 25 heures par semaine

Total = 150.
Total des heures dans une semaine : 168
Il nous reste donc 18 heures pour procéder à nos activités combinatoires et non obligatoires, dont font partie les relations humaines et sociales.
Et on ne s'est pas encore brossé les dents...

C'est peut-être pour ça que le programme du D.E.S.S. ne s'est pas transformé en immense agence de rencontre. Je discutais de cela, tantôt, avec deux filles de mon cours : avez-vous remarqué à quel point les gens sont beaux, dans notre programme? Non seulement sur le point de vue de l'apparence physique (car je n'ai pas encore rencontré Quasimodo dans les détours de ma plage horaire), mais aussi sur le plan intellectuel. Des hommes et des femmes intelligents, en pleine possession de leurs moyens, dans la force de l'âge, curieux, audacieux, frondeurs, ambitieux... et cherchant à s'engager dans une carrière. Or, quelqu'un qui sait relativement où il s'en va au niveau professionnel a aussi, généralement, une idée globale de ce qu'il désire trouver dans sa vie personnelle... et, habituellement, commence à effectuer les étapes nécessaires à la construction de cette vie personnelle.

Réfléchissons. L'homme et la femme du programme connaissent l'horaire harassant et la lourdeur de la tâche relatifs au D.E.S.S. Tous deux vivent des émotions connexes et de nouvelles expériences propres à les rapprocher. Tous deux passent un maximum de temps dans le même environnement. Et, d'un point de vue intellectuel, tous deux sont capables de porter une réflexion intelligente sur un domaine donné.

Si on base notre propos sur le fait qu'au moins 25 % (chiffre approximatif) de cette communauté doit être célibataire...

Le but de billet n'est pas d'engager une réflexion sur le teacher-meeting dans le cadre d'une expérience psychosociale. Je veux seulement signifier aux non-étudiants qui lisent ce blogue à quel point nous avons la tête ailleurs quand même nos bas instincts ne s'expriment plus sur un terrain de chasse idéal...

Ne perdez donc pas trop de temps à nous draguer : comme il s'agit d'une activité combinatoire, il y a de fortes chances que je me brosse les dents pendant que vous me chantez la pomme.

Ah, et au fait : merci à tous mes lecteurs. Nous sommes aujourd'hui le 16 novembre, le blogue est ouvert depuis 2 mois, et mon compteur affiche 642 lecteurs (qui ne sont pas tous moi!). Faut croire que je ne suis pas la seule à aimer perdre quelques secondes de temps non combinatoire pour avoir l'impression de parler à quelqu'un...!

lundi 14 novembre 2011

La vie est dans : La bonne journée

Des fois, c'est cool, enseigner.


Aujourd'hui, prise en charge. Je prenais le taureau par la langue (ha ha) et je donnais un cours de...français. Et oui! Parce qu'au cégep, nous sommes supposés faire de la grande littérature : courants, genres, tutti quanti et citations latines, nous voilà partis pour la culture avec un gros Cul!


Sauf que voilà, pour analyser la grande littérature, mes élèves chéris, ils doivent comprendre le texte, ce qui n'est pas toujours acquis, pour ensuite me transmettre leurs réflexions par écrit, ce qui n'est pas toujours facile. Si vous avez déjà fait un peu de correction, vous avez sûrement croisé, plus souvent qu'à votre tour, quelques perles d'étudiants. Ils écrivent, un peu au hasard, choisissent des mots longs et à portés pseudo-scientifique, essaient désespérément de les imbriquer dans CHACUNE de leurs dissertations (ouais, parce qu'on ne s'en rend pas compte, nous, les profs). Bref, les dissertations deviennent une partie de Scrabble : les étudiants essaient de placer les mots les plus longs dans un cadre donné, et se foutent de la définition réelle du mot...


...ou même de son existence.


J'ai cet élève qui met tous les faits en exergue, par exemple. Qu'ils le soient ou non par l'auteur importe peu : exergue, ça sonne bien. Ou un autre qui fait un «postiche» du style d'un auteur connu (mais il aurait été plus joli d'en faire un pastiche, je pense....joke de littéraire). J'en ai même une qui m'a raconté, lors d'un exercice, que deux savants, dans un texte, avaient restitué un lion. J'imagine qu'elle voulait dire rescucité. Mais j'aime bien l'idée que deux savants me vomissent un lion.


On a donc fait un atelier sur les paronymes.

«De kessé?»

Les paronymes. Les mots qui, dans la langue française, se ressemblent, mais qui ne veulent pas dire la même chose. Veineux et venimeux. Paradoxe et parapluie. Amnésie et amnistie. Sceptique et septique (ceux-là, inversés, peuvent être très, très drôles).

Vous avez saisis?


Donc, voilà. Je sors à ma gagne de casquettes à l'envers et de gomme balloune ma série d'exercices, et je leur donne cinq minutes pour le compléter. Je vous le confesse : il était impossible pour un humain normalement constitué de le conclure dans un délais aussi restreint.


Pourquoi 5 minutes? Non, ce n'est pas parce que je suis une stagiaire sadique et méchante (quoi que...), mais bien parce que mes étudiants, ils travaillent à la course. Ils ont 6 heures pour faire une dissertation ; ils en prennent 3. Le reste, basta! Je voulais donc les induire à porter une réflexion sur leur manière de travailler : en ne prenant pas le temps, ils ne peuvent pas identifier toutes leurs coquilles, et laissent des points s'envoler. Est-ce que j'ai entendu : métacognition? Aussi, j'avais pris tous mes exemples dans leurs dissertations, ils ne pouvaient donc pas dire que l'exercice était non-pertinent, car ce sont des erreurs qu'ils n'ont pas pu éviter précédemment.


Et c'était drôle de les voir chercher, sans dictionnaire, la différence entre luxueux et luxurieux.


Alors bon, moi, j'explique mon exercice, toute fière, toute contente. Mes élèves me regardent vraiment comme si j'étais une drôle de bébitte (c'est pas de ma faute : quand on parle de paronymes, je viens les yeux pleins d'étoiles...). Et là, y'a une main qui se lève.


Moi : Oui, tu as une question?

Élève : Ben...ça a pas vraiment rapport avec la matière, mais...c'es-tu vrai que ta sonnerie de cellulaire, c'est Britney Spears?

Moi: ...


Bon, d'accord, je me suis laissée déculotter, un peu. Je n'avais pas pensé que mon second groupe contaminerait le premier. Dans ma tête, les élèves, ça ne se parle pas en-dehors d'une classe. Cependant, peut-être par bonté d'âme, mes élèves ont quand même complété l'exercice et ont très bien travaillé. Dans le second groupes (ma gagne de traîtres :p), le débat a pris sur la signification de certains mots : plusieurs sont allés d'eux-mêmes chercher dans le dictionnaire. Et, fait surprenant sur lequel je ne veux pas m'avancer, mais dont je suis assez fière :


...j'ai l'impression qu'ils ont aimé ça.


C'est pour ça que c'est grisant, enseigner. On travaille avec des coquins...mais qui sont aussi curieux et qui cherchent à comprendre ce qu'on veut inculquer. Quand ils travaillent et qu'ils y mettent l'effort, ils se rendent compte que nous leur offrons quelque chose de nouveau, quelque chose qu'ils ne comprenaient pas auparavant. Et ils apprécient ces nouveaux outils et ont hâte de les mettre en pratique. Et je dois le dire...mes étudiants sont brillants. Souvent, ils découvrent des détails que je n'avais pas relevés, se rendent compte de subtilités auxquelles je ne m'étais pas attardée.


Je suis sortie du Cégep, ce matin, très fière de ce que je faisais. Persuadée que j'étais à la bonne place, au bon moment. Et certaine d'une chose.

Je suis une très bonne prof.

samedi 12 novembre 2011

La vie est dans : La solution

Parlons un peu de moi, voulez-vous?

Je suis une jeune fille de 25 ans. J'habite seule dans un 3 et demi. Je n'ai pas d'ordinateur Apple, de Ipod, de Ipad ou autre bidule. J'ai un cellulaire, mais pas de téléphone de maison. Je n'ai pas de permis de conduire, mais j'ai ma passe de bus. Je travaille entre 24 et 30 heures par semaine, à un salaire un peu au-dessus du minimum. J'étudie à temps plein à l'université Laval dans un programme de deuxième cycle ; je fais également des stages dans un Cégep de la ville de Québec. Je dirige une troupe de swing, bénévolement, et cela constitue ma seule activité sociale effectuée sur une base régulière. Ma mère habite avec ma grand-mère, mon père est décédé sans rien laisser derrière lui, et je n'ai qu'un accès très limité aux prêts et bourses. Je me débrouille comme je peux, et je ne m'en plains pas.

Ceci étant dit, je ne me considère pas comme «pauvre», seulement comme très serrée. À la limite. Et voilà que j'entends qu'on veut augmenter les frais de scolarité. Pis que cela, je lis, aujourd'hui même, que le nouveau régime de prêts et bourses ne pourra pas couvrir totalement la hausse des frais. Et moi, petite DESScente au sang chaud, je me dis : « Holà! Les étudiants vont bien monter aux barricades! »

...et ben non.

C'est que les étudiants, ils pensent. Et ils comptent, aussi. Ils comptent fort, et ils comptent gros, et ils ont de gros principe. L'égalité, c'est que tout le monde paie. Les américains paient, les anglo-canadiens paient, alors nous devons payer aussi. Dans un beau système où il n'y a jamais de perte, où les fonds injectés dans l'éducation vont directement dans les services et dans le perfectionnement des enseignements, où les étudiants prennent tous l'autobus et travaillent en communauté sur les ordinateurs présents dans la structure et où le téléphone ne sert qu'à téléphoner, que demander de plus?

Et d'ailleurs, il est où, le problème? Le système d'aide financière du gouvernement est là pour les autres. Et nos chers amis étudiants décisionnaires sont heureux de cette réflexion, et se disent qu'ils ont quand même une conscience sociale, car ils mettront une canne de tomate dans un panier de Noël, le mois prochain.

Ils ont raison.

Oui, car au fond, nous, petits étudiants aux moyens limités, mais prisonniers d'une faille dans le système, nous ne sommes que des domages collatéraux. De même que ces étudiants adultes, qui travaillent dans les McDonald's, et qui veulent retourner sur les bancs d'école : ils ne peuvent bénéficier du soutient financier, car leurs revenus sont calculés sur l'année antérieure. Vous savez, pendant qu'ils travaillaient à temps plein, au salaire minimum. Mais bon, ça prend quelqu'un pour retourner les burgers...Et puis, que dire de ces étudiants dont les parents refusent d'accorder une aide financière? Comme ils descendent d'une lignée de pingres, autant arrêter là la propagation du mauvais gêne.

Ils ont encore raison.
Sauf pour un détail.
Je fais partie de ces exceptions jugées comme négligeables.
Et je suis intelligente.

J'ai donc un plan. Un plan pas très socialement acceptable, j'en conviens. Il est même sur la ligne de l'éthique. Par contre, la fin justifiant les moyens, je peux bien jouer au jeu de la haute classe, si ça leur plaît.

Partons donc sur la prémisse que je ne me trouverai pas d'emploi à la fin de ce cours, qui est donc considéré, à partir de maintenant, comme inutile. Je me retrouve donc sans emploi et, grâce à la hausse des frais de scolarité, incapable de poursuivre mes études.

La première étape consiste à m'inscrire sur la liste des assistés sociaux. C'est laid, n'est-ce pas? Je vis comme je peux pendant un an : j'écris un second roman, je travaille un peu au noir, bref : I play the game. Mon niveau de vie ne changera pas beaucoup ; je profiterai, en plus, de l'assurance dentaire, du service ambulancier, du service d'optométrie...je ferai donc les petits travaux sur ma personne que je retarde, faute d'argent, depuis trop longtemps.

Après un an, j'ai le droit de prendre part à un programme qui me permet d'accéder à un cours visant à me réintégrer au marché du travail. En langage clair, le gouvernement me paie une formation pour me sortir du pétrin. Plomberie, ça me tente ; toujours pratique dans une maison, Faut juste que je me change la craque de place. Et qui sait? Je serai peut-être le premier plombier de Québec à citer Camus.

Une autre année passe. Je suis plombier. Grâce aux cotas privilégiant les femmes, je me fais engager immédiatement, à temps partiel, dans une compagnie de construction. Je me réinscris à la maîtrise. Je la termine dans les temps, car en travaillant deux fois moins, je gagne quatre fois plus, et je bénéficie des prêts et bourses, car je n'avais aucun revenu déclaré l'année d'avant.

Avec le D.E.S.S. et ma maîtrise, je me fais engager dans un collège. J'ai un cours supplémentaire en plomberie, payé par le gouvernement, et il m'a en plus payé une année complète à ne rien faire. Et je fais maintenant partie des fortunés de la socitété.

Oh, et vous savez la meilleure? Grâce à ce livre que j'ai écrit pendant mon année sabbatique, je gagne le Goncourt...ou tout du moins, le Femina.

Je l'ai dit, que j'étais intelligente.
Mais la société n'a que faire des génies...tant qu'ils n'ont pas d'argent.

mercredi 9 novembre 2011

La vie est dans : La catastrophe...

Je suis une coquine, vous savez?

Toute cette histoire en est une de perception. Je suis censée incarner la compétence, le sérieux, le professionnalisme et la discipline. Une enseignante sérieuse, en talons hauts, s'il vous plaît, avec un accent français et un béret, même. Je dois citer Voltaire de mémoire, et l'opposer à Rousseau si possible, de même que faire un lien entre ces deux auteurs et le dernier épisode d'Occupation Double (maudite approche culturelle...). Je ne dois jamais oublier la date de publication d'un bouquin, jamais ne manquer à la sacro-sainte catégorisation des genres littéraires, et ne jamais, NE JAMAIS induire mes pauvres âmes innocentes d'élèves sur les chemins tortueux de la facilité et de la perversion.

Ceci étant dit, je suis naturellement parfaite, et donc, là n'est pas problème.

Nous sommes en classe et nous étudions l'analyse de poèmes. Pour changer un peu, Prof Associé soumet l'idée que les élèves pourraient utiliser les clefs n'analyse sur une chanson de leurs choix. L'idée passe au conseil, et voilà que 40 têtes nous suggèrent 40 chansons différentes... et pour la plupart insipides. Où sont passés les « Coeur de Loup », les « Été Indien » et les « Si Dieu existe » de notre belle société (une chanson, même très quétaine, peut offrir un excellent bagage à analyser, vous saurez). Que Nenni? Même quelques-uns ont le front de me répondre qu'ils ne connaissent aucune chanson francophone!

Je voulais mourir. Me sacrifier sur l'autel de la musique et de la langue. Or donc, j'ai fait ce que tout futur enseignant passionné et dynamique aurait fait; j'ai sauté une coche, sorti mon lecteur MP3 et j'ai fait jouer du Brel et des poésies d'Aragon en faisant métacogiter mes élèves sur leurs connaissances générales. Moment génial, tout le monde écoutait, mes sportifs ont même recraché leurs gommes pour mâcher mes mots. Et puis...

Il y a le cellulaire qui a sonné. Les élèves, tout heureux, se sont regardés (il faut bien constater le visage confus du collègue qui va se faire chicaner, franchement). Et moi, j'étais sidérée.

Pourquoi?

Parce que c'était mon cellulaire qui sonnait.

Et c'est quoi, ma sonnerie de cellulaire?

...baby one more time. Britney Spears.

Après une perte de contrôle générale, j'ai envoyé tout le monde en pause, réanimé Prof Associé qui venait de décéder de rire sur le plancher de classe, ravalé ma fierté et fait comme si de rien était. Mais depuis ce temps, à chaque fois que je me retourne, il me semble entendre quelques mesures et l'inévitable : « Hit me baby, one more time! » qui me suit comme un refrain coupable.

Parait que ça forge le caractère...

vendredi 4 novembre 2011

La vie est dans : l'organisation de l'horaire

Ah! La semaine de lecture. Semaine de repos, la tête sur un oreiller de rêves, l'esprit vagabondant sur les principes fondamentaux de la vie, tantôt occupé à perdre son temps dans une paresse méritée, tantôt pensant à entreprendre un travail avec une motivation tranquille.

Belle utopie, hein?

Il n'y a qu'un problème avec ce magnifique tableau...et c'est que notre scolarité tient en deux jours ouvrable. Hey oui! Les Cégeps ne fermant pas (leur semaine, à eux, étant passée depuis longtemps) vous devez rattraper toutes les tâches non-effectuées pendant la semaine de lecture ET clancher (parce qu'il n'y a pas d'autre terme équivalent chez Molière, je m'en excuse) les travaux offerts en grand nombre par vos quatre cours et donc, vos quatre professeurs, qui craignent avec force que vous ne soyez frappés d'un ennui mortel. En même temps, vous devez peut-être planifier un petit cours pour Monsieur ou Madame Prof Associé qui se languit de vous céder sa placer pour une petite scéance, de même que remplir vos autres obligations (car le travail rémunéré, sur la fin de mois, ça a aussi du bon).

Tout ça pour dire (oui oui, je m'en allais quelque part avec ça) que votre organigramme doit être en béton. Un jour = un travail spécifique, les heures de sommeil sont toujours comptées (même si vous débordez un peu...c'est la relâche, après tout), vous clanchez la vaisselle d'une main et révisez la théorie de psycho de l'autre, votre cerveau gauche tente de se remémorer les conférences dans le but d'en faire une synthèse pendant que votre cerveau droit essaie d'imaginer des schémas en images pour retenir les propos non-pertinents de votre vénéré et obligé professeur de didactique. Une chance que l'examen de cognition est passé...mais vous devrez quand même vous réserver quelques petites minutes pour faire les lectures.

Qu'à cela ne tienne! Démarrez la mijoteuse, finissez de tricotter vos mitaines, sortez le verre de caribou et profitez-en donc pour « câller » malade au travail rémunéré. On étudie très bien, dans une grosse doudou, la soupe à la main, et si vous ne possédez point d'oreiller de rêve, sachez que le bouquin de Cégep et Société est très épais...

Bonne fin de semaine!

jeudi 27 octobre 2011

La vie est dans : La fin de ce p$+"/ de travail

Je viens de terminer mon portfolio de didactique. Il est imprimé, paginé, tout frais, tout beau. Seize pages bien comptées de synthèse de différents textes portant sur l'approche à adopter face à la littérature et sur la relation lecteur-auteur par l'oeuvre ainsi que sur les textes à choisir dans un corpus littéraire. D'autres de ces pages se concentrent sur l'analyse d'un livre intitulé « La chambre » que sûrement plusieurs d'entre vous n'ont jamais lu, car, on doit se l'avouer, c'est d'un ennui à faire jaunir les murs.

La question que je me pose, c'est : en tant que future professeure qui prend en compte la bonne santé mentale de ses futurs étudiants, comme cette matière peut-être être considérée comme pertinente?

Je m'explique.

Nous sommes dans ce cours pour apprendre COMMENT enseigner. Comme établir l'approche des livres auprès de l'élève. Comment construire un cours. Quelles oeuvres choisir. Comment aborder le français versus la littérature. Comment intéresser l'étudiant à une matière générale. Comment, comment, comment.

Les textes parlent du quoi. Ce qu'est la littérature (parce que, naturellement, le cours ne prend pas en compte le fait que nous avons passé trois ans de baccalauréat dans cette discipline), qu'est-ce qu'une oeuvre littéraire, qu'est-ce que la littérarité (aux non-initiés, il s'agit du degré de valeur littéraire d'un livre, genre Verlaine vs Archie), quels sont les critères d'évaluation qu'il pourrait être possibles de considérer, quels sont les débats sur la question. Quoi, quoi, quoi.

Dans l'optique où mes collègues et moi-même avons passé toute notre scolarité à définir des concepts, ne serait-il pas temps pour nous d'apprendre les procédures propres à leur partage aux étudiants? Au lieu de poser des questions à des textes qui suscitent encore plus de questions, ne serait-il pas plus pertinent de prendre en exemple des approches de cégeps (par exemple, de ceux où nous effectuons nos stages) pour s'interroger sur le choix le plus approprié d'oeuvres à mettre au programme? Ne serait-il pas utile de théoriser sur la façon dont on monte un cours, sur les supports didactiques à utiliser, sur le temps à passer sur chaque oeuvre, sur les éléments à considérer et prescrits par le Ministère de l'Éducation et, dans le pire des cas, sur l'obligation qu'ont nos élèves de passer l'Épreuve Uniforme de Français et sur notre mission de les préparer à passer cette épreuve?

Et tant qu'à faire, rendre ce cours-là intéressant ne tuerait pas non plus. En attendant, je dois me préparer à un examen maison qui couvrira plus de 300 pages de texte et dont la correction sera si pointue qu'on se demandera si le prof l'aura faite au crayon ou au scalpel. Jamais (ou presque jamais) notre profession ne sera évoquée dans ces textes, pas plus que la théorie ne sera mise en application sur quelque sphère que ce soit.

C'est pas grave. Le café est en spécial au Super C.

mercredi 26 octobre 2011

La vie est dans : Ce qu'on va faire après.

La question nous effleure tous à un moment ou à un autre, mais elle a tendance à affecter tout particulièrement les ex-étudiants en littérature, car ils sont habitués de se la poser : partant sur la prémisse qu'il est impossible que ce programme ait un taux de placement de 100% et que donc un certain nombre d'entre nous ne se trouveront pas d'emploi à la fin de leurs études...


Qu'est-ce qu'on peut foutre d'autre avec un Diplôme d'études supérieures spécialisées en Enseignement collégial?


Je pensais à cela pendant mon examen de cognition (j'ai le double raisonnement facile, vous saurez) et l'idée m'est venue de vous partager un article super-intéressant que j'ai eu l'occasion de feuilleter pendant mes heures de travail rémunéré (c'est que les mardis soirs sont tranquilles...).


Même si, la plupart du temps, j'ai l'impression que les articles du Reader's Digest sont seulement bons à calfeutrer mes fenêtres dès l'annonce de nos froids hivers, j'ai eu l'occasion de tomber sur l'article « Le bal des tricheurs », qui s'intéressait à un homme dont le métier s'avère tout particulièrement intéressant. En effet, ce monsieur, dont l'identité est dissimulée, travaille pour une compagnie qui se spécialise dans la rédaction d'essais, de thèses et de mémoires (bref, de travaux universitaires), pour une clientèle de cancres riches. Choquant, n'est-ce pas? Dans des délais plus que raisonnables (l'auteur parle généralement d'une semaine), le rédacteur offre au client une recherche précise, une rédaction selon les paramètres établis par l'évaluateur ainsi qu'un résumé permettant au client d'assimiler les principes fondamentaux évoqués dans le texte et ainsi d'en défendre les idées, le tout pour la modique somme de 2000 $ américains.


L'auteur utilise les ressources propres à Internet. Ainsi, il va chercher son savoir des les cours disponibles en ligne, que ce soit sur les sites ouverts (comme le M.I.T.) ou en utilisant les clefs électroniques des élèves pour accéder à des renseignements en ligne (équivalent à votre identifiant et votre nip sur Capsule, par exemple). Il ne va jamais dans les bibliothèques, se contentant des contenus disponibles sur le net, sur Amazon par exemple, et dans les références propres à Wikipédia, qu'il considère comme la plus grande ressource encyclopédique documentée. Il lui arrive même de prendre complètement la place de l'étudiant, dans un cours en ligne, par exemple, où il participe aux forums obligatoires et exécute les examens-maison, effectuant même la préparation pour le client de l'examen en classe, se basant sur un corpus de questions pré-établies dont le client apprend les réponses par choeur. Joyeux, non? Et savez-vous qui sont ses clients les plus fréquents?


Les étudiants dans le domaine de l'enseignement.


Nous avons donc ici un besoin, un service et une clientèle qui font à eux trois fonctionner un commerce très lucratif (et underground, faut-il le préciser) aux États-Unis, qui sert à préserver le statut social des cancres de notre société. Je suis presque sûre qu'il y a aussi des cancres riches au Québec (on m'a déjà offert 50$ pour effectuer un travail synthèse de 5 pages en une nuit, offre que j'ai refusée, évidemment). Nous sommes un groupe spécialisé dans la pédagogie, dans l'assimilation de compétences; nous avons chacun des spécialisations diverses et multiples. De plus, certains d'entre nous sont des spécialistes de la rédaction. L'article spécifiait que jamais aucun des clients ne s'était fait prendre, et que son auteur, s'il n'était pas millionnaire, considérait son salaire annuel comme plus que confortable, et surtout plus élevé quand dans sa spécialisation originelle. Si la demande est là, s'il y a profit à la clef, et si on n'a pas d'autre option...


Après tout, ce n'est qu'une autre façon de faire passer des gens au travers du système scolaire... et qu'importe la valeur d'un diplôme, au fond? L'étique, après tout, n'est qu'un moyen de nous empêcher de profiter des opportunités qui s'offrent à nous.


Moi je dis ça, je ne dis rien...


...au fait, on a déjà parlé d'ironie, vous et moi?

mardi 25 octobre 2011

La vie est dans : Les petits moments

Ce matin, tous les verres étaient sales et reposaient dans l'évier en compagnie d'une large masse de vaisselle hygiéniquement discutable. J'ai dû boire ma limonade (car il ne restait plus de jus d'orange, bien sûr) dans une coupe à champagne.

J'ai tout d'abord sacré après ma mi-session.
Puis, après ma deuxième gorgée, j'ai réalisé que finalement, dans la vie, y'a pire.

dimanche 23 octobre 2011

La vie est dans : La mi-session

Ladies and Gentlemen, bienvenue dans ce moment extatique de la vie de tout étudiant universitaire qui se respecte, c'est-à-dire...

LA MI-SESSION!!! (bah oui, fallait lire le titre, hein...)

Alors que, jusqu'à maintenant, vous vous comportiez en bon élève, que vos devoirs, propres et faits, avaient facilités votre compréhension des concepts jusqu'au paroxysme de l'intelligence, si vos travaux, avancés comme il se doit, reposaient en parties synthétisées et sémantiquement corrigées, si votre vie roulait avec sagesse sur le long chemin tranquille de la connaissance...

Vous vous frappez maintenant face aux terribles affres de la désorganisation.

Hé oh, c'est que tout se presse, maintenant : entre les feuillets facilitant l'assimilation de vos (oh! combien nombreux) concepts de cognition (qui doivent se présenter sous forme de connaissances déclaratives (préférablement significatives) et de connaissances conditionnelles), vous devez également remettre un travail de synthèse de TOUT VOTRE COURS de Cégep et société (sans utiliser la phrase : « On a parlé en groupe, puis on a lu le Power-Point»), suivi, parfois, d'un autre travail long dans un cours de didactique, par exemple (arg...didactique...). Certains doivent faire de la correction pour leurs stages (je viens de mettre la dernière note à une suite de 72 copies...merci Prof Associé!) ou pire...effectuer le travail préparatoire à son évaluation! D'autres ont des obligations familiales, travaillent, même, parfois, certains sont obligés de dormir, et perdent de précieuses secondes en songes perturbés. S'en suivent des maux de tête continus, quelques problèmes de digestion, et une pile incommensurable de vaisselle sale dans un évier qui semble de plus en plus petit.

Mon conseil : faites venir une pizza, préparez-vous un café (très fort et noir), et pressez le citron jusqu'à épuisement du jus cognitif. Pondez de bons travaux, assimilez toute la matière qui peut physiquement entrer dans votre cerveau. Et pendant que d'une lèvre tremblante vous vous demanderez «Elle est où, la vie», essayez de voir le côté positif de la chose:

On en a toujours bien la moitié de fait...

mercredi 19 octobre 2011

La vie est dans : L'autre problème

Et oui, c'est ça, écrire pendant la pause entre son cours de cognition et son cours de Cégep et société : on oublie de se relire, et on oublie quelque détails, entre autres que la prémisse « il y a deux problèmes à » doit nécessairement être suivie de l'énonciation des deux problèmes sus-mentionnés.

Récapitulons donc.

Application technique du cours :
« Lecture + compréhension de la lecture = analyse juste du texte »

Problème A : Les étudiants n'aiment pas lire. En général. Et les oeuvres qu'on leur soumet en particulier. J'aime beaucoup l'image de « cracher sur un tas de fumier ». Dans le coin droit, représentée par le crachat, l'oeuvre présentée dans le cadre du cours. Dans le coin gauche, représentée par le tas de fumier, la perception qu'ont une certaine portion de mes élèves de la littérature. Se faire imposer un livre, pour la plupart d'entre eux, revient à rajouter l'insulte à l'injure.

Mais passons donc au problème B. Ne lisant pas le texte (ou alors d'une manière très sommaire, en sautant des passages, par exemple) les étudiants n'arrivent pas à en saisir le propos. Pour paler en termes très clairs : ILS N'Y COMPRENNENT RIEN. Niet. Nada. M.Prof Associé et son adorable stagiaire doivent se démener autant qu'ils veulent pour leur donner les clefs qui ouvrent les voies de la connaissance, car, en abandonnant les descriptions, les passages narratifs et, tant qu'à y être, les paragraphes trop longs, les élèves perdent de vue l'essentiel du texte, et donc, passent à côté du propos.

Ne comprenant pas le texte, ils n'en voient pas l'intérêt. Donc, la littérature ne les intéresse pas, parce qu'ils ne la comprennent pas. Et ils ne la comprennent pas parce qu'elle ne les intéresse pas. Est-ce que je viens d'inventer la roue?

Peut-être que le secret de la réussite serait de travailler autrement. Au lieu de simplifier les lectures en offrant à nos élèves des oeuvres aux chapitres courts, au nombre de pages adapté et au vocabulaire accessible, pourquoi ne pas travailler avant, et de manière très progressive, la compréhension du texte? En comprenant mieux, les élèves saisiraient donc d'une meilleure façon l'intérêt du texte, et donc, de la lecture.

Car avant de se moquer de Cyrano, il faut bien savoir ce qu'est un nez...

La vie est dans : L'évaluation de stage

Brrr...j'ai comme un frisson. Pas vous?

Les stages. Le rêve assumé de tout futur professeur de quelque sorte que ce soit. L'occasion rêvée d'enfin mettre les deux pieds dans le plat, de développer son réseautage et de se replacer dans le bon contexte. C'est que c'est loin, nos années de cégep, et qu'en lien à certaines causes externes à l'établissement lui-même (c'est qu'il s'en passe, des choses, autour de 18 ans!), on s'en souvient plus ou moins...

Alors depuis septembre que j'enseigne dans une classe de littérature 101. Jusque-là, pas trop de problèmes. Une plaisante routine. La formule est simple :

« Lecture du texte + compréhension du texte = bonne analyse »

Sauf que bon, il y a deux problèmes à cela. Le premier, c'est que les élèves, et bien, ils n'aiment pas lire (sauf quelques rares exceptions). Eh oui! Pour faire leur bonheur, je devrais proposer un épisode d'Archie (quoique Betty et Véronica pourraient faire l'affaire...) et lier les fondements psychosociaux véhiculés par la BD au dernier épisode d'Occupation Double! Je veux bien croire qu'une partie de notre travail consciste à intéresser l'élève, mais à quel prix?

Ceci dit, mon professeur associé étant un fier défendeur de Verlaine et de Rimbaud, nous en sommes quand même là, à tenter d'éveiller ce groupe du lundi matin à différents textes issus de plusieurs genres littéraires. Puis se pointe le jour fatidique.

L'évaluation de stage.

Cette petite madame qui s'assoit en avant. Avec un crayon. Et une fiche. Et qui regarde. Et qui écoute. Et qui prend des notes. Et ton professeur. Assis au fond. Qui craint un peu de te laisser son groupe au complet. Parce que là c'est sérieux.

Préparée? Je l'étais. Motivée? Parfaitement. Une quantité inavouable de caféine courrait dans mes veines; je me répétais les quelques blagues préparées en avance (tant pis pour la spontanéité!); je marchais d'un pas décidé vers ma salle de classe, support visuel en main. Je me sentais comme Catwoman : mes talons hauts claquaient sur le parquet, l'air vicié des corridors faisait voler mes cheveux au vent, mon professeur associé m'accompagnait d'un air confiant, la caméra effectuait un travelling arrière parfaitement à propos.

Jusqu'à ce que j'arrive en classe.

Rappelons-nous qu'il s'agissait du retour de la « semaine de lecture »... comprendre ici « semaine de débauche totale, car nous avons 17-18 ans, après tout! ». La moitié des élèves absents, ne me restait qu'une poignée de jeunes, l'air chiffonné, effondrés sur leurs tables. De ce qui restait, la moitié n'avait pas fait la lecture, et de ce qui restait encore, la moitié n'avait pas fait le travail.

Tomber de haut, vous dites?

Heureusement, je n'étais pas évaluée pour ce groupe, mais pour le suivant (vous avez eu peur, hein?). Et ça s'est bien passé!

Mais la morale de cette histoire? Ne jamais sous-estimer le groupe. Vous pouvez travailler tant que vous voulez sur votre plan, votre théorie, vos supports; si une bouteille de vodka se promène entre les bureaux, vous ne serez guère plus avancés.

Alors autant en prendre un verre...cheers!

La vie est dans : Le D.E.S.S.

Ça sonne comme une I.T.S., hein?

Le D.E.S.S. Le diplôme d'études supérieures spécialisées en enseignement collégial, s'il vous plaît. Le charmant cauchemar.

Mais reculons un peu.

C'est l'histoire de ce type, là. Appelons-le Toto (c'est joli, Toto). Toto, donc, a terminé son baccalauréat, l'an passé. Ou sa maîtrise. Peu importe. Donc, ce Toto, il a enfilé la robe et le mortier, il s'est fait tirer le portrait, il a encadré son savoir entre quatre palettes de bois qui lui ont coûté la coquette somme de 140 $ et là, il est assis dans son salon. Et il tergiverse.

Et à quoi il pense, Toto?

Il se demande : « Bon. Kessé que je fais, astheure?!? » (il aura du mal au TFLM, Toto...)

C'est que, voyez-vous, Toto, il n'est pas satisfait de la conclusion de son cheminement. Peut-être a-t-il choisi, au départ, un diplôme qui ne conduit pas derechef à un emploi (car c'est beau, l'innocence de la jeunesse où l'on prend ce genre de décision!). Peut-être, aussi, n'aime-t-il pas tant les caractéristiques propres à sa fonction directe. Ou peut-être veut-il essayer autre chose. Ou peut-être que c'est un plan B. Ou peut-être qu'il a coché la mauvaise case dans le formulaire. La chose importe peu : ce qui prévaut, c'est qu'il se lève, Toto, et il marche droit vers l'ordinateur. Il va sur le site. Oups! Ça y est. Il est inscrit.

Il ne sait pas dans quoi il s'embarque, Toto!

Mais moi, je le sais! Je me présente : DESScente (parfois inDESScente, je m'assume!) et fière de l'être. Cette session, je me tape un cours de cognition, de psycho, d'histoire collégiale et de didactique, ainsi qu'un stage dans une classe de littérature 101 dans un cégep de la ville de Québec. J'ai un emploi (qui me prend 25 heures par semaine de mon temps), mon appart, une vie sociale, une famille, deux chats et un ordinateur. Et quand je me plante enfin devant pour réaliser mes graphiques avec Cmaptools, si utiles à l'illustration de mes connaissances conceptuelles, je prends toujours une seconde pour me demander...

Elle est où, la vie?

Bienvenue dans mon exutoire, et bonne session!