dimanche 26 août 2012

La vie est dans : La bonne perspective

L'important, quand le professeur se trouve devant sa classe d'étudiants assoiffés de savoir, est d'avoir la bonne perspective de ce qui se passe dans leurs têtes.

Il faut savoir que, lorsque tous ces jeunes esprits se retrouvent entre les quatre même murs, ils portent sur leurs frêles épaules le poids d'au moins cinq bonnes années de secondaire, de six mignonnes années de primaire, d'une maternelle, de cinq ans de petite enfance et, pour les chanceux, d'environ 36 semaines de grossesse. Ces expériences, non-cumulées et non-équivalentes pour tous, s'attroupent donc dans le même cours. Cela peut équivaloir à une compréhension instantanée et complète d'un concept maintes et maintes fois répété par un professeur à l'air récapitulatif, ou par d'énormes et incommensurables «hein?», «WTF??» et «kwat?!?».

Un professeur qui reçoit sa nouvelle classe doit donc se trouver apte à assimiler rapidement le niveau INDIVIDUEL de ses étudiants, et non pas les considérer comme un groupe homogène. À partir de là, il se doit d'éviter le piège du nivellement par le bas tout en évitant de prendre au piège ses apprenants plus faibles (qu'on ne peut pas désigner comme faibles, en passant...on dit des apprenants en émergence...entéka...), passer sa matière et correspondre aux exigences du Collège, tout cela en tentant désespérément de ne pas aggraver son ulcère à l'estomac.

Cinécure, cinécure que tout cela...Parce qu'au-delà de toutes ces peccadilles, Monsieur le Professeur doit se souvenir de ce qu'il avait l'air lorsque ses propres fesses venaient astiquer les assises raides et inconfortables des bancs d'école. Si tout autour de lui semble d'une clarté luminescente, il doit réussir à codifier l'ignorance de ses étudiants pour la transformer en une réminiscence qui lui apportera l'empathie nécessaire à l'exécution de ses tâches.

Je reformule : le prof doit se rappeler le temps où il n'y comprenait que dalle.

Et c'est comme cela dans toutes les tâches auxquelles l'être humain se voit confronté. À partir du moment où il se retrouve dans un nouvel environnement, il doit apprendre à apprivoiser celui-ci et adopter la vision de ses habitants AVANT d'y progresser. Ainsi, il installe son autorité, son leadership, s'impose comme figure principale, oriente la pensée (la manipule, s'il le faut...) et abouti à un résultat satisfaisant. Au contraire, s'il brûle les étapes, son manque d'empathie se transmet en ignorance, l'ignorance se permute l'intolérance et l'intolérance devient la source de l'incompétence.

Le nombre prime toujours sur le solo. L'avantage numérique place donc le professeur, ou toute personne en autorité, en position inconfortable. Comme un jongleur avec un peu trop de quilles. Évaluation. Performance. Entertainment. Culture. Matière. Discipline. Charge de travail. Étudiants en difficulté. Ça commence à faire beaucoup. Et s'il est plutôt facile de se retrouver en haut de l'échelle alimentaire d'une classe, il est également possible que celui qui s'y présente comme chasseur en devienne finalement la proie. Je crois qu'il faut une solide formation et une expérience solide pour seulement oser poser sa mallette sur le gros bureau en face du tableau vert.

Pensez-y la prochaine fois que votre boss vous tape sur les nerfs. Probablement que ce n'est qu'un pauvre guss qui s'est retrouvé là parce qu'il avait performé à l'étage d'en-dessous. Il est peut-être incompétent, inconscient, ou alors seulement inexpérimenté. Il n'a probablement aucune idée de ce qu'il fait, et il essaie de jongler comme il peut.

Détournez le regard en vous félicitant de votre professionnalisme.

Mais bon, s'il s'échappe une quille sur le pied, vous avez le droit de rire.




samedi 18 août 2012

La vie est dans : Mon roman

Comme vous le savez, chers lecteurs, mon vrai travail dans la vie, c'est écrivain. Oui oui! Or donc, quand on est écrivain, ça a l'air qu'on gribouille des trucs sur des p'tits bouts de papier, qu'on envoie ça à un petit éditeur, qui envoie ça lui-même à un p'tit imprimeur et qu'on reçoit ça un p'tit bout de temps après dans un p'tit bouquin.

C'est pas joli, ça?

Soyons honnêtes, mon roman, bien que sous contrat de publication, n'est pas encore prêt à être mis sous presse. Sa correction occupe donc une bonne partie de ma vie ces temps-ci, et croyez-moi, c'est bien loin des exercices clownesques du travail de professeur au quotidien. J'avais cependant envie de partager quelque chose avec vous, quelque chose de mon style «littéraire» d'écriture, et qui, peut-être, vous donnerait éventuellement le goût d'acheter mon roman dans un futur proche.

Voici donc, pour vous, lecteurs privilégiés, une petite nouvelle de rien du tout. Juste pour le plaisir. Bonne lecture!

- Nouvelle 418


Je me souviens de son index sur mon poignet. Un contact léger, délicat, rassurant, qui me fit lever le visage vers le sien. Son sourire chaleureux ne me réconforta pas, mais je me sentis tout de suite moins seule, dans la grande église. Je ne pus cependant affronter son regard, car je savais que j’y aurais trouvé toute la pitié et la sympathie du monde. Je n’étais pas prête pour cela. Pas encore. Pas tout de suite.

Le prêtre parlait mais je n’y portais aucune attention. Je ne voulais sentir que cet index, chaud et solide, contre l’intérieur de mon poignet. Il suivait la ligne de mon bracelet d’or, jusqu’à la limite du côté, puis revenait au centre, et encore de l’autre côté. Avec lenteur, je le sentis glisser, tout le long de la veine qui battait faiblement, s'arrêtant au creux de ma paume. Un pouce l’accompagna, fidèle, le long de mes doigts. Tous deux  se mirent à caresser ma peau jusqu’à la limite de l’ongle, puis à remontrer sans se presser le long des phalanges. Je fermai les yeux pour mieux apprécier la tendresse de cette étreinte. Comme si nous faisions un pied de nez au Seigneur. J’avais le goût de pencher la tête vers lui et de m’appuyer sur son épaule forte, son épaule d’homme. Et de pleurer. Dieu! que j’avais le goût de pleurer. Mais je ne pouvais pas. Personne n’aurait compris. Je dus me faire violence pour fixer mon regard sur la cérémonie et mon attention sur ces doigts contre les miens, sur cette tentative de lumière dans la nuit qui s’installait, chassant le soleil des vitraux que je trouvais si beaux.

Alors que le curé chantait, la caresse devint plus intime. Les doigts passaient entre les miens, en exploraient les creux, les lignes et les ombres. Je laissais la paume ouverte, le dos de ma main appuyé contre ma cuisse, et lui s’y promenait, sans se soucier des gens autour. Personne ne nous regardait, de toute façon. Je sentis ses ongles – trop longs pour un homme – racler avec douceur la surface plate, juste sous les doigts, et s'arrêter au gonflement de ma paume. Ils escaladèrent le mont du pouce avec attention, en dessinèrent les contours deux, trois fois, puis suivirent le chemin des doigts jusqu’au plus petit. Puis, ils recommencèrent. Encore et encore. Sans se lasser jamais, tout au long de la messe. Que nous fixions tous les deux sans la voir. Sans vouloir la regarder.

Et puis, alors que le prêtre appelait au Sacrement et avec toute la conviction que mon désespoir appelait, la main s’est refermée sur la mienne. Si vite, de façon si brusque, que j’en ai sursauté. Je le sentis la serrer. Si fort. Si longtemps. Au désespoir, j’ai serré moi aussi. Assez pour faire taire le hurlement qui gonflait ma poitrine. 

Là, seulement,  j’ai osé verser une larme. Une larme échappée d’un sanglot beaucoup plus lourd, beaucoup plus profond, qui sait qu'il n'aura plus d'autre occasion de se faire entendre. Un immense sanglot qui resterait là, caché pour toujours à l’intérieur de moi, et dont personne ne serait jamais témoin.  La larme fit briller mon œil un instant, puis s’en dégagea pour glisser, brûlante, le long de ma joue. Elle y resta suspendue un instant, incertaine, indolente. Je fermai les yeux et après quelque seconde, elle tomba, dans le silence et l'indifférence.

Si lui la remarqua, il n’en fit rien. Il resta là, immobile, perdu dans le spectacle et dans ses pensées, sans aucune autre solution que de me serrer la main jusqu’à m’en broyer les os.  Et je le laissai faire. J’étais impuissante, moi aussi. Et je m'obligeai à remonter le regard vers lui. Car je devais le regarder. Je ne le pourrais plus jamais.

Parce qu’aujourd’hui, tout allait changer. Cette femme, devant l’autel, qui embrassait cet homme, ce n’était pas ma mère. Et cet homme qui venait de relever son voile ne regarderait plus jamais ma mère avec ces yeux-là. Ma mère, aujourd’hui, disparaissait pour toujours de cette vie qu’elle avait tant aimé.

Pour laisser sa place à une autre mère. Le véritable amour de mon père. Son amour de jeunesse, celle qui avait attendu si longtemps pour venir le retrouver. Cette mère qui n'avait aimé qu'un seul homme dans sa vie.

La mère de l’homme assis à mes côtés.

dimanche 5 août 2012

La vie est dans : Le plan «P»

Je. Suis. Écoeurée.

Ce n'est pas de ma faute, mes lecteurs, si tout s'établit par la comparaison. Il s'agit de l'une des lois de l'univers : tout élément, fait ou constat se relativise lorsque mis en parallèle avec son contraire. En d'autres mots, vous êtes plus grosses que les mannequin des couvertures, votre chum est moins charmant que le sien et votre gazon aura toujours l'air moins vert que celui de voisin et ce, même si vous le peinturez au rouleau.

Quand on se compare, on se console? Pauvre mythe! À moins que vous ne fassiez l'effort de vous comparer à plus faible que vous, ce qui équivaut à regarder vers le bas. Pas tout à fait dans la nature humaine...Lorsque l'on est un brin carriériste, voyez-vous, faut prendre les moyens de ses envies. Prenez ce gars, aux Olympiques, qui arrive 21ème au plongeon. Vous pensez qu'il se compare à ma tante Thérère qui fait des flats dans sa piscine?

Nanon. Il se compare au Top Trois olympique et il enrage tout seul dans son trou d'eau.

Voyez-vous, j'ai toujours cru en la Rocky attitude. J'ai donné tout ce que j'avais au job rémunéré, dans mes études, dans mon stage et mes relations en croyant que ce qu'on obtient, on le gagne par le travail et par la compétence, par la capacité et les aptitudes. Sur la base que rien ne s'offre sur un plateau d'argent, je me suis mis les mains dans le four pour en sortir la miche de la réussite.

Sauf que voilà. J'ai les deux mains dans le four, direct sur le moule en métal, et je suis en train de me brûler solide.

Mois d'août. Pas de tâche, pas prévu d'en avoir une. Je n'ai pas opté pour une maîtrise (tannée pas mal de me faire tartiner le quotient intellectuel par une université qui me promet la lune si je lui décroche trois étoiles...) et je n'ai pas davantage eu le poste à temps plein dans mon entreprise. Moi qui croyais qu'à ce temps-ci de l'année, je courrais les rues en sifflant Eye of the Tiger pour me préparer psychologiquement à mon premier combat de prof, me voici au pied du mur, avec un appart à payer et deux chats à nourrir. J'ai épeluché ma listes de plans de vie jusqu'à la lettre «O». Nous voici donc au plan «P».

Pour panique.

Savez-vous quoi? J'ai bien envie de poursuivre le gars du choix de carrières. Celui qui m'a dit de suivre mes rêves et mes ambitions. Qui me poussait la littérature dans le dos (et même plus bas) en me répétant que j'étais un génie. Bon, d'accord, j'en suis un. Mais notre cher orienteur de mon coeur n'avait-il pas oublié deux ou trois détails? Genre...

- Qu'un baccalauréat en littérature ne peut être considéré comme pertinent pour faire augmenter un salaire de libraire.

- Qu'un baccalauréat en littérature s'avère nettement insuffisant à décrocher un métier de professeur.

- Qu'un baccalauréat en littérature ne constitue pas une expérience valable pour travailler en bibliothèque ou pour une maison d'édition.

- Que le baccalauréat en littérature est socialement considéré comme un bagage culturel mais non comme un domaine d'études valable.

- Qu'un enseignant au collégial n'a pas de date maximale pour prendre sa retraite et peut donc rester en poste jusqu'à ce qu'il ait finit de se putréfier.

- Que les syndicats enseignants empêchent quiconque n'ayant pas fait le baccalauréat en enseignement secondaire d'enseigner dans les murs des écoles de ce niveau et ce, même si l'individu détient les qualifications requises et l'expérience nécessaire.

- Que le certificat ou le baccalauréat en création littéraire ne fera de personne un meilleur écrivain qu'il ne l'est déjà.

Oui, parce que c'est TELLEMENT important d'étudier...quel beau projet. Sauf que dans une société où l'on peut facilement obtenir un emploi tout à fait respectable sans avoir franchi les barrières (grandes ouvertes, en passant) de son secondaire 5, que doit-on attendre d'une universitaire deux fois diplômée? Je coûte plus cher, je sais ce que je vaux, je ne veux plus faire la jobine que je fais depuis deux ans et je ne veux pas faire le travail d'un autre qui me considérera comme son larbin.

Mauvaise littéraire que je suis.

Vous savez quoi? C'est culturel, tout ça. J'avais des élèves de partout dans le monde, cet été. Des gens qui croyaient qu'il fallait à tout prix décrocher les diplômes menant aux carrières payantes pour avoir les moyens de faire ce que l'on aimait vraiment dans ses loisirs. Des gens qui croyaient que l'essentiel, c'était de travailler le moins possible pour avoir le temps de profiter de la vie et de sa famille. Toutes sortes de moyens de penser qui ne sont pas monnaie courrante ici, parce que nous tenons tellement à éduquer nos enfants que nous les empêchons de réaliser à quel point l'instruction ici, est marginale, dévalorisée et minorisée. J'irais même plus loin : notre système est ainsi fait qu'il devient pénalisant à nos cerveaux de s'afficher, que ce soit sur une sphère professionnelle ou privée. Les plus brillants d'entre nous se retrouvent ostracisés dès leurs plus jeunes âges pour être rabattus par des cromagnons au gourdin plus gros que leur toute petite riquiqui matière grise. Plus tard, on leur dira qu'ils sont surqualifiés.

Je ne suis pas contente.

Alors, qu'est-ce que je vais faire?

Je vais changer toute cette colère-là en charge d'impact. Demain, je commence à défoncer des portes. Il suffit d'envoyer mon curriculum dans le vide. Je veux parler à quelqu'un. Je veux dire au monde que je suis là, que j'existe, que je suis brillante, ambitieuse et carriériste. Je veux montrer ma compétence live et citer du Rostand pendant mon entrevue. Je veux planifier des cours jusqu'à minuit le soir alors que je me lève à 6h le matin. Je veux faire des promesses que je vais tenir, ne pas compter mon temps, faire du bénévolat et baîller dans mes réunions de profs.  Je veux rendre mes étudiants complètement fous en leur faisant lire du Voltaire, du Camus, du Balzac! Je veux créer des examens, je veux les mettre sous le nez de mes jeunes, je veux qu'ils réussissent.Je veux sortir de mon marasme et de ma maigre vie d'étudiante pour accéder à l'inconnue et très excitante vraie vie. JE VEUX ENSEIGNER!

Mais plus que ça...

Je veux crever les pneus de mon orienteur.




jeudi 2 août 2012

La vie est dans : Les hightlights

Maman...
C'EST FENI!

Ces moments-là sont réservés uniquement au club sélect des brevetés de l'enseignement. Cet ultime instant où tous les élèves se réunissent devant vous pour dire au-revoir. Où ils brandissent leurs téléphones cellulaires pour prendre une photo de votre joli minois endrapé dans la robe la plus présentable de votre garde-robe. Où ils vous invitent à signer sur leurs t-shirts, à leur révéler comment on dit « Sugar » et « Honey » en français et où vous apprenez qui sort avec qui, finalement.

Oui, tous les profs finissent par aller brailler dans le bois en cachette. Normal, vous savez. On s'attache à ces petites bibittes-là. Ceux qui allaient s'assoir dans une autre classe et qui vous juraient que VOUS vous étiez trompés. Ceux qui dissimulaient votre chaise dans un local mystérieux du Casault et qui riaient à chaque fois que vous faisiez mine de vous asseoir. Ceux qui prenaient place sur la S.O.S. chair (seul endroit où ils avaient droit de parler dans leur langue natale) pour vous raconter l'histoire TRÈS IMPORTANTE sur les marins qu'ils avaient croisés la veille dans le vieux Québec.

Oui oui, ceuse-là, ils vous manquent cruellement.

Alors vous rentrez chez vous en braillant après votre mère. Vous ouvrez la bouteille du cidre et vous en versez une généreuse rasade. Et puis, vous commencez à penser. C'est qu'il s'en passe, des choses, en cinq semaines. Des choses qui ne sont pas réglées. Des choses que vous n'avez pas terminées. Des moments cocasses, des moments coquins et des moments coqueluches. Un melting pot de moments dont on ne parle pas dans la salle des professeurs, parce qu'on aime l'intimité de notre groupe et que tout ne peut se dire devant la directrice de programmes.

Je vous offre donc les hightlights de ce programme de fous qui m'a amputé de plusieurs heures de sommeil et de mon été au complet, en vous conseillant de vous rappeler que ce sont des jeunes de 14 à 17 ans, et que je ne suis qu'une InDESScente...

- « I'm a little less pure than I was when I came first in your class. Thank you for that! » - Élève sage.

- Un élève m'arrive avec son t-shirt de l'école en voulant que je le signe. Je lui dis que je veux bien, mais me voilà un peu mal à l'aise de lui signer ça sur le chest. Je lui explique donc que je préférerais qu'il l'enlève avant. Il l'a fait...live là, en face de la classe. Comment devenir intime avec ses étudiants, cours 101.

- « You're like the Dr.House of teaching! » Élève qui voulait me faire plaisir...

- Première semaine. Nous allons jouer dehors, mais le matériel est dans ma voiture. Le temps que je la déverrouille, un élève est entré dedans et a refermé les portes à clef...

- Premier jour. Je veux savoir la date de naissance des élèves. Je bloque à « naissance ». Comment expliquer ça? ...j'ai mimé un accouchement.

- Examen oral et spectacle de marionnettes. Mes élèves doivent mettre un métier dans leurs personnages (pompier, policier...). Un groupe vient me voir et me demandent s'ils peuvent mettre un strip-teaser. Heum...

- Jeux des célèbrités. Trois élèves sont devant le tableau, sur lequel je projette la photo de quelqu'un. Les trois élèves doivent deviner qui c'est en posant des questions sur son physique, son travail, etc...Je veux afficher la photo de Channing Tatum. Je tape ça sur Google. Tout ce qui apparait à l'écran sont des photos de Magic Mike...aheum...attention les yeux!
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- J'ai enseigné les pick-up lines en français dans mon cours. La plus populaire? « Je pars dans 3 jours et je voudrais connaître l'amour avant. »

- Explication des concepts de relation (chum, blonde, mari, fiancé...). Je demande aux élèves s'ils ont des copains. Réponse d'un coquin : « Oui, j'ai une blonde, but what happens in Quebec stays in Quebec...!».

- Moi, tannée de demandes pour la salle de bain : Coudonc, qu'est-ce qui se passe aux toilettes?
   Élève : You don't wanna know...

- Lors d'un conseil étudiant, je demande aux élèves si les infrastructures sont suffisantes. Réponse? Paraît que, dans une résidence étudiante, y'a jamais moyen de faire caca tranquille. Ah bon.

- À la fin d'un cours, je demande à mes élèves s'ils veulent faire un jeu. Ils s'interrogent du regard, puis me disent qu'en fait, ils aimeraient faire du vocabulaire. Et là, dans la classe, j'ai vu une poule passer. Elle avait des dents.

- Nous parlons de ce que les jeunes font à Québec le soir et ils me révèlent que, souvent, les activités sont non-obligatoires. Je leur demande ce qu'ils font dans ce temps-là. Réponse d'un latino : «There's always the sex bench». Après les rires coquins dans la classe, j'ai appris bien des détails sur les moyens pas tout à fait permis d'avoir du plaisir pendant un programme d'étude...

- Cours de swing. J'enseigne des acrobaties à mes étudiants, dont un back flip. Ils l'essaient, tout se passe bien. La semaine suivante, nous apprenons des pronoms. Ils n'écoutent rien. Je finis par me fâcher, je grimpe sur le bureau et leur dit : « Vous êtes mieux de m'écouter, ou la prochaine fois, je jure que je vous échappe! ». Silence. On a finit ça en 20 minutes.

- « Et vous, madame, avez-vous un chum?
     - Heum...
     - Take the line, Kilian! »

- Je n'ai toujours pas compris pourquoi une de mes élèves avait deux cellulaires...

- « I'm not taking weed!
     - Dude, you're from Colombia! » - Conversation dans un corridor.

- Nous sommes dans ma classe. Je précise que si quelqu'un ne comprends pas, ils peuvent se lever et venir s'assoir sur la S.O.S. chair pour me poser une question. Vous seriez surpris du nombre de personnes que peut soutenir une chaise en bois.

- « Madame, I'm SOOOO gonna miss you. I mean, you're crazy, but in a SOOO cool way. And you're sexy too...» - Élève au Gala.

Malaise...et bon, moment de fierté, quand même. À 26 ans, je pogne encore!

Mais bon, ces petits Hightlights me semblent une bien maigre consolation devant le vide de ma vie, maintenant. Que vont devenir mes 18 petites têtes? L'avenir nous le dira. J'espère qu'ils ont compris que ce stage n'a rien à voir avec le français. Qu'il consiste à prendre de l'indépendance, à voyager, à s'éloigner de ses parents et à tenter de nouvelles expériences.

...tant qu'on reste prudent avec le sex bench.