jeudi 27 octobre 2011

La vie est dans : La fin de ce p$+"/ de travail

Je viens de terminer mon portfolio de didactique. Il est imprimé, paginé, tout frais, tout beau. Seize pages bien comptées de synthèse de différents textes portant sur l'approche à adopter face à la littérature et sur la relation lecteur-auteur par l'oeuvre ainsi que sur les textes à choisir dans un corpus littéraire. D'autres de ces pages se concentrent sur l'analyse d'un livre intitulé « La chambre » que sûrement plusieurs d'entre vous n'ont jamais lu, car, on doit se l'avouer, c'est d'un ennui à faire jaunir les murs.

La question que je me pose, c'est : en tant que future professeure qui prend en compte la bonne santé mentale de ses futurs étudiants, comme cette matière peut-être être considérée comme pertinente?

Je m'explique.

Nous sommes dans ce cours pour apprendre COMMENT enseigner. Comme établir l'approche des livres auprès de l'élève. Comment construire un cours. Quelles oeuvres choisir. Comment aborder le français versus la littérature. Comment intéresser l'étudiant à une matière générale. Comment, comment, comment.

Les textes parlent du quoi. Ce qu'est la littérature (parce que, naturellement, le cours ne prend pas en compte le fait que nous avons passé trois ans de baccalauréat dans cette discipline), qu'est-ce qu'une oeuvre littéraire, qu'est-ce que la littérarité (aux non-initiés, il s'agit du degré de valeur littéraire d'un livre, genre Verlaine vs Archie), quels sont les critères d'évaluation qu'il pourrait être possibles de considérer, quels sont les débats sur la question. Quoi, quoi, quoi.

Dans l'optique où mes collègues et moi-même avons passé toute notre scolarité à définir des concepts, ne serait-il pas temps pour nous d'apprendre les procédures propres à leur partage aux étudiants? Au lieu de poser des questions à des textes qui suscitent encore plus de questions, ne serait-il pas plus pertinent de prendre en exemple des approches de cégeps (par exemple, de ceux où nous effectuons nos stages) pour s'interroger sur le choix le plus approprié d'oeuvres à mettre au programme? Ne serait-il pas utile de théoriser sur la façon dont on monte un cours, sur les supports didactiques à utiliser, sur le temps à passer sur chaque oeuvre, sur les éléments à considérer et prescrits par le Ministère de l'Éducation et, dans le pire des cas, sur l'obligation qu'ont nos élèves de passer l'Épreuve Uniforme de Français et sur notre mission de les préparer à passer cette épreuve?

Et tant qu'à faire, rendre ce cours-là intéressant ne tuerait pas non plus. En attendant, je dois me préparer à un examen maison qui couvrira plus de 300 pages de texte et dont la correction sera si pointue qu'on se demandera si le prof l'aura faite au crayon ou au scalpel. Jamais (ou presque jamais) notre profession ne sera évoquée dans ces textes, pas plus que la théorie ne sera mise en application sur quelque sphère que ce soit.

C'est pas grave. Le café est en spécial au Super C.

mercredi 26 octobre 2011

La vie est dans : Ce qu'on va faire après.

La question nous effleure tous à un moment ou à un autre, mais elle a tendance à affecter tout particulièrement les ex-étudiants en littérature, car ils sont habitués de se la poser : partant sur la prémisse qu'il est impossible que ce programme ait un taux de placement de 100% et que donc un certain nombre d'entre nous ne se trouveront pas d'emploi à la fin de leurs études...


Qu'est-ce qu'on peut foutre d'autre avec un Diplôme d'études supérieures spécialisées en Enseignement collégial?


Je pensais à cela pendant mon examen de cognition (j'ai le double raisonnement facile, vous saurez) et l'idée m'est venue de vous partager un article super-intéressant que j'ai eu l'occasion de feuilleter pendant mes heures de travail rémunéré (c'est que les mardis soirs sont tranquilles...).


Même si, la plupart du temps, j'ai l'impression que les articles du Reader's Digest sont seulement bons à calfeutrer mes fenêtres dès l'annonce de nos froids hivers, j'ai eu l'occasion de tomber sur l'article « Le bal des tricheurs », qui s'intéressait à un homme dont le métier s'avère tout particulièrement intéressant. En effet, ce monsieur, dont l'identité est dissimulée, travaille pour une compagnie qui se spécialise dans la rédaction d'essais, de thèses et de mémoires (bref, de travaux universitaires), pour une clientèle de cancres riches. Choquant, n'est-ce pas? Dans des délais plus que raisonnables (l'auteur parle généralement d'une semaine), le rédacteur offre au client une recherche précise, une rédaction selon les paramètres établis par l'évaluateur ainsi qu'un résumé permettant au client d'assimiler les principes fondamentaux évoqués dans le texte et ainsi d'en défendre les idées, le tout pour la modique somme de 2000 $ américains.


L'auteur utilise les ressources propres à Internet. Ainsi, il va chercher son savoir des les cours disponibles en ligne, que ce soit sur les sites ouverts (comme le M.I.T.) ou en utilisant les clefs électroniques des élèves pour accéder à des renseignements en ligne (équivalent à votre identifiant et votre nip sur Capsule, par exemple). Il ne va jamais dans les bibliothèques, se contentant des contenus disponibles sur le net, sur Amazon par exemple, et dans les références propres à Wikipédia, qu'il considère comme la plus grande ressource encyclopédique documentée. Il lui arrive même de prendre complètement la place de l'étudiant, dans un cours en ligne, par exemple, où il participe aux forums obligatoires et exécute les examens-maison, effectuant même la préparation pour le client de l'examen en classe, se basant sur un corpus de questions pré-établies dont le client apprend les réponses par choeur. Joyeux, non? Et savez-vous qui sont ses clients les plus fréquents?


Les étudiants dans le domaine de l'enseignement.


Nous avons donc ici un besoin, un service et une clientèle qui font à eux trois fonctionner un commerce très lucratif (et underground, faut-il le préciser) aux États-Unis, qui sert à préserver le statut social des cancres de notre société. Je suis presque sûre qu'il y a aussi des cancres riches au Québec (on m'a déjà offert 50$ pour effectuer un travail synthèse de 5 pages en une nuit, offre que j'ai refusée, évidemment). Nous sommes un groupe spécialisé dans la pédagogie, dans l'assimilation de compétences; nous avons chacun des spécialisations diverses et multiples. De plus, certains d'entre nous sont des spécialistes de la rédaction. L'article spécifiait que jamais aucun des clients ne s'était fait prendre, et que son auteur, s'il n'était pas millionnaire, considérait son salaire annuel comme plus que confortable, et surtout plus élevé quand dans sa spécialisation originelle. Si la demande est là, s'il y a profit à la clef, et si on n'a pas d'autre option...


Après tout, ce n'est qu'une autre façon de faire passer des gens au travers du système scolaire... et qu'importe la valeur d'un diplôme, au fond? L'étique, après tout, n'est qu'un moyen de nous empêcher de profiter des opportunités qui s'offrent à nous.


Moi je dis ça, je ne dis rien...


...au fait, on a déjà parlé d'ironie, vous et moi?

mardi 25 octobre 2011

La vie est dans : Les petits moments

Ce matin, tous les verres étaient sales et reposaient dans l'évier en compagnie d'une large masse de vaisselle hygiéniquement discutable. J'ai dû boire ma limonade (car il ne restait plus de jus d'orange, bien sûr) dans une coupe à champagne.

J'ai tout d'abord sacré après ma mi-session.
Puis, après ma deuxième gorgée, j'ai réalisé que finalement, dans la vie, y'a pire.

dimanche 23 octobre 2011

La vie est dans : La mi-session

Ladies and Gentlemen, bienvenue dans ce moment extatique de la vie de tout étudiant universitaire qui se respecte, c'est-à-dire...

LA MI-SESSION!!! (bah oui, fallait lire le titre, hein...)

Alors que, jusqu'à maintenant, vous vous comportiez en bon élève, que vos devoirs, propres et faits, avaient facilités votre compréhension des concepts jusqu'au paroxysme de l'intelligence, si vos travaux, avancés comme il se doit, reposaient en parties synthétisées et sémantiquement corrigées, si votre vie roulait avec sagesse sur le long chemin tranquille de la connaissance...

Vous vous frappez maintenant face aux terribles affres de la désorganisation.

Hé oh, c'est que tout se presse, maintenant : entre les feuillets facilitant l'assimilation de vos (oh! combien nombreux) concepts de cognition (qui doivent se présenter sous forme de connaissances déclaratives (préférablement significatives) et de connaissances conditionnelles), vous devez également remettre un travail de synthèse de TOUT VOTRE COURS de Cégep et société (sans utiliser la phrase : « On a parlé en groupe, puis on a lu le Power-Point»), suivi, parfois, d'un autre travail long dans un cours de didactique, par exemple (arg...didactique...). Certains doivent faire de la correction pour leurs stages (je viens de mettre la dernière note à une suite de 72 copies...merci Prof Associé!) ou pire...effectuer le travail préparatoire à son évaluation! D'autres ont des obligations familiales, travaillent, même, parfois, certains sont obligés de dormir, et perdent de précieuses secondes en songes perturbés. S'en suivent des maux de tête continus, quelques problèmes de digestion, et une pile incommensurable de vaisselle sale dans un évier qui semble de plus en plus petit.

Mon conseil : faites venir une pizza, préparez-vous un café (très fort et noir), et pressez le citron jusqu'à épuisement du jus cognitif. Pondez de bons travaux, assimilez toute la matière qui peut physiquement entrer dans votre cerveau. Et pendant que d'une lèvre tremblante vous vous demanderez «Elle est où, la vie», essayez de voir le côté positif de la chose:

On en a toujours bien la moitié de fait...

mercredi 19 octobre 2011

La vie est dans : L'autre problème

Et oui, c'est ça, écrire pendant la pause entre son cours de cognition et son cours de Cégep et société : on oublie de se relire, et on oublie quelque détails, entre autres que la prémisse « il y a deux problèmes à » doit nécessairement être suivie de l'énonciation des deux problèmes sus-mentionnés.

Récapitulons donc.

Application technique du cours :
« Lecture + compréhension de la lecture = analyse juste du texte »

Problème A : Les étudiants n'aiment pas lire. En général. Et les oeuvres qu'on leur soumet en particulier. J'aime beaucoup l'image de « cracher sur un tas de fumier ». Dans le coin droit, représentée par le crachat, l'oeuvre présentée dans le cadre du cours. Dans le coin gauche, représentée par le tas de fumier, la perception qu'ont une certaine portion de mes élèves de la littérature. Se faire imposer un livre, pour la plupart d'entre eux, revient à rajouter l'insulte à l'injure.

Mais passons donc au problème B. Ne lisant pas le texte (ou alors d'une manière très sommaire, en sautant des passages, par exemple) les étudiants n'arrivent pas à en saisir le propos. Pour paler en termes très clairs : ILS N'Y COMPRENNENT RIEN. Niet. Nada. M.Prof Associé et son adorable stagiaire doivent se démener autant qu'ils veulent pour leur donner les clefs qui ouvrent les voies de la connaissance, car, en abandonnant les descriptions, les passages narratifs et, tant qu'à y être, les paragraphes trop longs, les élèves perdent de vue l'essentiel du texte, et donc, passent à côté du propos.

Ne comprenant pas le texte, ils n'en voient pas l'intérêt. Donc, la littérature ne les intéresse pas, parce qu'ils ne la comprennent pas. Et ils ne la comprennent pas parce qu'elle ne les intéresse pas. Est-ce que je viens d'inventer la roue?

Peut-être que le secret de la réussite serait de travailler autrement. Au lieu de simplifier les lectures en offrant à nos élèves des oeuvres aux chapitres courts, au nombre de pages adapté et au vocabulaire accessible, pourquoi ne pas travailler avant, et de manière très progressive, la compréhension du texte? En comprenant mieux, les élèves saisiraient donc d'une meilleure façon l'intérêt du texte, et donc, de la lecture.

Car avant de se moquer de Cyrano, il faut bien savoir ce qu'est un nez...

La vie est dans : L'évaluation de stage

Brrr...j'ai comme un frisson. Pas vous?

Les stages. Le rêve assumé de tout futur professeur de quelque sorte que ce soit. L'occasion rêvée d'enfin mettre les deux pieds dans le plat, de développer son réseautage et de se replacer dans le bon contexte. C'est que c'est loin, nos années de cégep, et qu'en lien à certaines causes externes à l'établissement lui-même (c'est qu'il s'en passe, des choses, autour de 18 ans!), on s'en souvient plus ou moins...

Alors depuis septembre que j'enseigne dans une classe de littérature 101. Jusque-là, pas trop de problèmes. Une plaisante routine. La formule est simple :

« Lecture du texte + compréhension du texte = bonne analyse »

Sauf que bon, il y a deux problèmes à cela. Le premier, c'est que les élèves, et bien, ils n'aiment pas lire (sauf quelques rares exceptions). Eh oui! Pour faire leur bonheur, je devrais proposer un épisode d'Archie (quoique Betty et Véronica pourraient faire l'affaire...) et lier les fondements psychosociaux véhiculés par la BD au dernier épisode d'Occupation Double! Je veux bien croire qu'une partie de notre travail consciste à intéresser l'élève, mais à quel prix?

Ceci dit, mon professeur associé étant un fier défendeur de Verlaine et de Rimbaud, nous en sommes quand même là, à tenter d'éveiller ce groupe du lundi matin à différents textes issus de plusieurs genres littéraires. Puis se pointe le jour fatidique.

L'évaluation de stage.

Cette petite madame qui s'assoit en avant. Avec un crayon. Et une fiche. Et qui regarde. Et qui écoute. Et qui prend des notes. Et ton professeur. Assis au fond. Qui craint un peu de te laisser son groupe au complet. Parce que là c'est sérieux.

Préparée? Je l'étais. Motivée? Parfaitement. Une quantité inavouable de caféine courrait dans mes veines; je me répétais les quelques blagues préparées en avance (tant pis pour la spontanéité!); je marchais d'un pas décidé vers ma salle de classe, support visuel en main. Je me sentais comme Catwoman : mes talons hauts claquaient sur le parquet, l'air vicié des corridors faisait voler mes cheveux au vent, mon professeur associé m'accompagnait d'un air confiant, la caméra effectuait un travelling arrière parfaitement à propos.

Jusqu'à ce que j'arrive en classe.

Rappelons-nous qu'il s'agissait du retour de la « semaine de lecture »... comprendre ici « semaine de débauche totale, car nous avons 17-18 ans, après tout! ». La moitié des élèves absents, ne me restait qu'une poignée de jeunes, l'air chiffonné, effondrés sur leurs tables. De ce qui restait, la moitié n'avait pas fait la lecture, et de ce qui restait encore, la moitié n'avait pas fait le travail.

Tomber de haut, vous dites?

Heureusement, je n'étais pas évaluée pour ce groupe, mais pour le suivant (vous avez eu peur, hein?). Et ça s'est bien passé!

Mais la morale de cette histoire? Ne jamais sous-estimer le groupe. Vous pouvez travailler tant que vous voulez sur votre plan, votre théorie, vos supports; si une bouteille de vodka se promène entre les bureaux, vous ne serez guère plus avancés.

Alors autant en prendre un verre...cheers!

La vie est dans : Le D.E.S.S.

Ça sonne comme une I.T.S., hein?

Le D.E.S.S. Le diplôme d'études supérieures spécialisées en enseignement collégial, s'il vous plaît. Le charmant cauchemar.

Mais reculons un peu.

C'est l'histoire de ce type, là. Appelons-le Toto (c'est joli, Toto). Toto, donc, a terminé son baccalauréat, l'an passé. Ou sa maîtrise. Peu importe. Donc, ce Toto, il a enfilé la robe et le mortier, il s'est fait tirer le portrait, il a encadré son savoir entre quatre palettes de bois qui lui ont coûté la coquette somme de 140 $ et là, il est assis dans son salon. Et il tergiverse.

Et à quoi il pense, Toto?

Il se demande : « Bon. Kessé que je fais, astheure?!? » (il aura du mal au TFLM, Toto...)

C'est que, voyez-vous, Toto, il n'est pas satisfait de la conclusion de son cheminement. Peut-être a-t-il choisi, au départ, un diplôme qui ne conduit pas derechef à un emploi (car c'est beau, l'innocence de la jeunesse où l'on prend ce genre de décision!). Peut-être, aussi, n'aime-t-il pas tant les caractéristiques propres à sa fonction directe. Ou peut-être veut-il essayer autre chose. Ou peut-être que c'est un plan B. Ou peut-être qu'il a coché la mauvaise case dans le formulaire. La chose importe peu : ce qui prévaut, c'est qu'il se lève, Toto, et il marche droit vers l'ordinateur. Il va sur le site. Oups! Ça y est. Il est inscrit.

Il ne sait pas dans quoi il s'embarque, Toto!

Mais moi, je le sais! Je me présente : DESScente (parfois inDESScente, je m'assume!) et fière de l'être. Cette session, je me tape un cours de cognition, de psycho, d'histoire collégiale et de didactique, ainsi qu'un stage dans une classe de littérature 101 dans un cégep de la ville de Québec. J'ai un emploi (qui me prend 25 heures par semaine de mon temps), mon appart, une vie sociale, une famille, deux chats et un ordinateur. Et quand je me plante enfin devant pour réaliser mes graphiques avec Cmaptools, si utiles à l'illustration de mes connaissances conceptuelles, je prends toujours une seconde pour me demander...

Elle est où, la vie?

Bienvenue dans mon exutoire, et bonne session!