mercredi 10 avril 2013

La vie est dans : La complicité


Une maudite chance que j'enseigne.

La complicité est un élément que j'aime installer dans mon enseignement. Je déteste la relation maître- élève, le « Moi, personne éduquée, toi, adulte émergeant, apprendre, ARGH! » suivi du coup de massue. D'une part, ce n'est pas mon style (je suis beaucoup trop détendue devant mes têtes blondes pour réussir à conserver la rigidité de l'arrière-fessier nécessaire à ce genre de stratégie pédagogique) et d'autre part, d'après la philosophie socioconstructiviste, ça ne fonctionne pas. Sans dire que je fais des tresses à mes étudiantes pendant les pauses, j'essaie tout de même de les mettre à l'aise et leur apprends que, si on ne vaut pas une petite risée, on ne vaut pas grand-chose. J'utilise beaucoup l'ironie pour mettre en évidence les défauts de leurs raisonnements ou le sarcasme pour blâmer une intervention inutile. Ça ne fonctionne pas toujours, mais jusqu'à maintenant, je m'en sors bien.

Le revers de cette médaille (car il y en a un), c'est justement que mes étudiants se sentent à l'aise. Très à l'aise. Assez à l'aise pour s'essayer à me contredire, à défaire mon raisonnement, à me rabattre dans mes retranchements. Ça donne lieu à des joutes intellectuelles plutôt intéressantes, et, avouons-le, ils perdent tout le temps (c'est moi la prof, c'est moi qui gagne, c'est comme ça!). Or, quand la méthode complexe ne fonctionne pas, on passe à la méthode simple : le mauvais coup.

Quand vous approchez une classe et que vous entendez rire, c'est mauvais signe. Si les rires arrêtent lorsque vous entrez dans le local, vous êtes dans la m****. Le problème, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils ont fait, ces étudiants à l'imagination débordante. Vous avez peur de bouger la souris de l'ordinateur, de lever la toile devant le tableau, de vous asseoir sur votre chaise. Un silence pesant, entrecoupé de rires étouffés, s'étend en longueur. Vous pensez avoir tout envisagé et embarquez dans votre matière jusqu'au moment où vous portez votre tasse de café à vos lèvres. Au moment où le breuvage atteint votre langue, l'odeur atteint votre nez et vous sacrez après vous-même de ne pas avoir songé à votre tasse, laissée sans surveillance pendant toute la pause.

Une bonne gorgée de vinaigre, ça vous tente?

Je disais donc, une chance que j'enseigne.
Parce que sinon, j'aurais tellement le droit de me venger...

1 commentaire:

  1. hahaha! C'est ça, les tours des étudiants adultes?? :) Les miens, du haut de leurs 5 ans, cachent des poissons partout dans la classe, font semblant de dormir au tapis (et ronflement pour certains) ou me disent, les mains sur les hanches: "Madame Julie, moi j'aime pas l'école." Suivi d'un fou rire et d'un: "Poisson d'avril!" Vive la complicité dans une classe!

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