dimanche 13 janvier 2013

La vie est dans : Partir.

Je suis partie au Couche-Tard. Fallait que je fasse le plein avant mon départ. Tant qu'à y être, je suis rentrée acheter deux ou trois trucs pour le voyage : seven up et bouteille d'eau. Pas cher. De quoi me tenir hydratée, en tous cas. J'ai déposé ça en vrac sur le comptoir. Derrière, le caissier.

Moi : Salut, Max.

Après 3 ans et avec mon tempérament, je connais tout ce qui vit de nuit par son nom. Il a sourit.

Max : Salut, Val. Tu pars à soir?

J'ai opiné pendant qu'il scannait. Il m'a dit un montant, j'ai payé. Puis, Max a fait un geste pour attraper son foulard.

Max : T'as-tu deux minutes?

J'ai dit oui. Il s'est habillé puis s'est dirigé vers la machine à café pour en faire couler deux. Il ne paie jamais ses cafés, Max. Ni les miens non plus. Avantage de travailler de nuit, paraît-il. Petit larcin innocent. On est sortis, il m'a tenu la porte, puis m'a tendu une tasse fumante. On s'est assis sur le congélateur. Lui pour fumer, moi pour boire.

Max : La route va être belle, ce soir. Fait doux.

C'est le genre de chose qu'on dit pour partir la conversation, alors j'ai opiné.

Max : Combien d'heures de route jusqu'à Sept-Îles?
Moi : Neuf, à peu près.
Max : Je pense que tu vas donner tout le sens à l'expression « aller se perdre dans la brume ».
Moi : Crains pas, je me perdrai pas.

Il a sourit sans me croire, alors j'ai sourit aussi.

Max : T'as fait quoi, aujourd'hui?
Moi : Fait du ménage. Vu ma petite soeur. Paqueté. Dormi

J'ai bu du café et soupiré en regardant ma voiture pleine. Toute ma vie tenait là-dedans, maintenant.
 .
Max : Grosse journée, hein?
 Moi : Pas mal. Et elle est pas finie.

On a bu du café, encore. Je l'ai poussé du coude.

Moi : Peut-être que, quand je vais revenir, tu vas avoir fini ton secondaire.
Max : Peut-être. Là, c'est quoi, le programme, pour toi?

J'ai désigné l'auto.

Moi : Je finis mon café, j'embarque là-dedans, pis je pars.
Max: Faque je suis le dernier gars que tu vois à Québec?

Il a rougit un peu, je pense. Il est mignon, Max. C'est comme si ses yeux n'avaient jamais vieillis.

Max : Tu reviens quand?
 Moi : Dans quatre mois.

L'air de la nuit nous a caressé le visage. Les clients entraient et sortaient du Couche-Tard. J'avais les pieds gelés, alors je me suis levée.

Max : C'est plate que tu partes aussi vite. On aurait pu aller prendre un café, avant.
 Moi : On vient de le faire.

Tout était dit. Je suis montée dans ma voiture et j'ai démarré. Max, assis sur le congélateur, n'a pas bougé, et son reflet s'est progressivement dissous dans mon rétroviseur.

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