mercredi 9 novembre 2011

La vie est dans : La catastrophe...

Je suis une coquine, vous savez?

Toute cette histoire en est une de perception. Je suis censée incarner la compétence, le sérieux, le professionnalisme et la discipline. Une enseignante sérieuse, en talons hauts, s'il vous plaît, avec un accent français et un béret, même. Je dois citer Voltaire de mémoire, et l'opposer à Rousseau si possible, de même que faire un lien entre ces deux auteurs et le dernier épisode d'Occupation Double (maudite approche culturelle...). Je ne dois jamais oublier la date de publication d'un bouquin, jamais ne manquer à la sacro-sainte catégorisation des genres littéraires, et ne jamais, NE JAMAIS induire mes pauvres âmes innocentes d'élèves sur les chemins tortueux de la facilité et de la perversion.

Ceci étant dit, je suis naturellement parfaite, et donc, là n'est pas problème.

Nous sommes en classe et nous étudions l'analyse de poèmes. Pour changer un peu, Prof Associé soumet l'idée que les élèves pourraient utiliser les clefs n'analyse sur une chanson de leurs choix. L'idée passe au conseil, et voilà que 40 têtes nous suggèrent 40 chansons différentes... et pour la plupart insipides. Où sont passés les « Coeur de Loup », les « Été Indien » et les « Si Dieu existe » de notre belle société (une chanson, même très quétaine, peut offrir un excellent bagage à analyser, vous saurez). Que Nenni? Même quelques-uns ont le front de me répondre qu'ils ne connaissent aucune chanson francophone!

Je voulais mourir. Me sacrifier sur l'autel de la musique et de la langue. Or donc, j'ai fait ce que tout futur enseignant passionné et dynamique aurait fait; j'ai sauté une coche, sorti mon lecteur MP3 et j'ai fait jouer du Brel et des poésies d'Aragon en faisant métacogiter mes élèves sur leurs connaissances générales. Moment génial, tout le monde écoutait, mes sportifs ont même recraché leurs gommes pour mâcher mes mots. Et puis...

Il y a le cellulaire qui a sonné. Les élèves, tout heureux, se sont regardés (il faut bien constater le visage confus du collègue qui va se faire chicaner, franchement). Et moi, j'étais sidérée.

Pourquoi?

Parce que c'était mon cellulaire qui sonnait.

Et c'est quoi, ma sonnerie de cellulaire?

...baby one more time. Britney Spears.

Après une perte de contrôle générale, j'ai envoyé tout le monde en pause, réanimé Prof Associé qui venait de décéder de rire sur le plancher de classe, ravalé ma fierté et fait comme si de rien était. Mais depuis ce temps, à chaque fois que je me retourne, il me semble entendre quelques mesures et l'inévitable : « Hit me baby, one more time! » qui me suit comme un refrain coupable.

Parait que ça forge le caractère...

1 commentaire: