mercredi 25 janvier 2012

La vie est dans : L'esprit de bottine.

Le Père Noël n’existe pas.

Je croyais que c’en était terminé de toutes ces belles illusions. Qu’à cela ne tienne. Me voici à vous révéler l’irrévélable.

Il y a quatre catégories combinables de gens dans ce monde. Seulement quatre.

- Les riches.
- Les beaux.
- Les brillants.
- Les gentils.

Réfléchissez-y. Si Jean veut vous accoupler avec son frère ou sa sœur, il commencera par en vous en décrire le physique, l’emploi et les talents. Et si Jean vous dit que sa sœur est «ben fine», vous aurez peur. Cela semble réducteur, je vous l’accorde, et des nuances fort valables peuvent venir colorer le tableau. Mais dans notre belle société, ces étiquettes restent et demeurent. Une belle gueule. Une ferrari. Un Doctorat. Nous nous rattachons à nos talents et à nos avantages pour tenter de faire oublier nos faiblesses. Et le monde roule. Et chacun est avantagé dans diverses situations.

Sauf en milieu scolaire.

Parce que ce que je viens de révéler, c’est laid. Oh oh! Pas joli du tout. Nous vivons dans un monde juste et égalitaire, s’il vous plaît, où personne n’est avantagé. L’argent, c’est mal, nous avons tous une beauté intérieure, l’intelligence se construit, et c’est-tout-le-monde-qui-l’est-gentil. Nous devons vérifier les compétences de nos chers élèves en faisant attention de ne pas les niveler (car c’est très mal de montrer que Einstein est meilleur en math que Toto) et vérifier que la formulation de nos questions soit accessible à nos élèves moins avancés. Parce que des questions trop complexes, ce serait injuste, car ça favoriserait nos élèves plus brillant.

Et elle est où, la justice, pour nos élèves brillants?

Soyons clairs. Une question est constituée de mots qui définissent des concepts. Ces concepts sont compréhensibles par le cerveau humain : en tient à son propriétaire d’apprendre à les maîtriser. Si je propose une question complexe en bonus à l’un de mes examens, c’est justement pour révéler mes élèves les plus brillants. Oui, c’est choquant. C’est choquant, parce qu’Einstein, il est tout seul dans sa gagne. Comme Léonard de Vinci. Comme Voltaire. Comme tous les génies. Par définition, ils se séparent de la masse. Qu’y a-t-il de mal à le reconnaître?

Oui, c’est plate. Parce que ce n’est pas juste. Et que c’est mal vu par les pairs d’être plus brillant que la moyenne (regardez dans les écoles primaires : vous en aurez une preuve). Donc, on fait attention.. T’es capable de tenir un pinceau, bravo! Mais on ne te demandera pas de peindre la Joconde, ça pourrait faire de la peine à tes amis. Retourne manger de la gouache, comme les autres.

Je fais de l’esprit de bottine? Tant mieux. Parce que faire de l’esprit tout court, c’est mal. Nous préférons les jolis encéphales qui mâchent de l’information digérée aux avaleurs de pensées abstraites ; nos cours seront construits pour favoriser l’intervention auprès des cancres plutôt que des génies. Ces derniers ne seront jamais stimulés outre que ce que la moyenne peut leur soumettre et ils apprendront probablement à fort bien dessiner dans leurs marges.

Pas grave. Toto aura compris la question, finalement.

Quel gaspillage.

Peut-être suis-je mal fagotée. Peut-être mon coup de gueule est-il déplacé. Mais je pense tout de même qu’il existe fort peu de récompenses pour les gens intelligents, dans notre société. Les doctorants coûtent trop cher pour le milieu de l’emploi ; on dit aux gens cultivés que « la culture, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étend » ; on propose à l’élite de faire les devoirs de la masse pour 5 dollars la page. Les Universités sont pleines mais les gens pensent moins.

Tout le monde a droit à l’éducation, je suis d’accord.
Mais donnez au moins 1 point boni à Einstein pour avoir découvert la théorie de la relativité pendant que vous expliquiez à Toto que 2 + 2 font 4.

6 commentaires:

  1. Hey Momo, tu pousses le bouchon! (Trouve la référence de ça, chère! :P). Non mais sérieux. À l'école, le but de donner un cours, c'est que l'ensemble de la classe apprenne les concepts à retenir. Fine pour ceux qui comprennent plus vite. Bravo! Après le cours, étudiez d'autre chose si vous le voulez, mais peut-on avoir un peu de respect pour la moyenne qui veut bien comprendre? Je ne me considère pas comme stupide... J'ai quand même deux maîtrises en poche. Et pourtant, les maths vectorielles, c'était pas ma tasse de thé. Et tu sais quoi?! Le prof comprenait et s'assurait que je comprenne en classe. Pourquoi? Parce que si je comprenais, il y avait de fortes chances que tout le monde comprenne.

    Ce que je veux dire, c'est qu'on peut toujours faire de l'élitisme, et favoriser toujours les meilleurs, mais est-ce vraiment comme ça qu'on fait avancer une société? Surtout au CEGEP, qui vise une clientèle très variée! Bravo, j'aurais pensé mieux de ma tite soeur.

    En tout cas, félicitations à Einstein, Darwin et Voltaire. Ils ont certainement pu faire avancer les connaissances. Mais faudrait pas oublier qu'à eux seuls, il n'aurait pas pu créer la société dans laquelle on vit présentement.

    - Une soeur indignée (PS: Tu sauras que je suis ET belle ET brillante ET gentille! Et étudiante... :P)

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    1. Ma très chère soeur,
      Je ne dis pas qu'il faut pénaliser la classe. Après tout, comme sus-mentionné, un cours se donne pour donner l'accès à tout le monde à une même éducation. Cependant, lorsqu'un élève est nettement avantagé cognitivement par rapport à la moyenne et qu'il se soumet de plus à cette forme d'enseignement, pourquoi n'aurait-il pas droit à des points bonis quand il remplit davantage les objectifs soumis par le professeur?
      C'est tout ce que je demande. Et en plus, ma belle, remarque que les quatre caractéristiques sont combinatoires, j'ai pris soin de le spécifier.

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  2. J'ai beaucoup, beaucoup dessiné. Avec une copine, on dessinait. L'enseignante a eu l'intelligence de nous laisser faire. On ne dérangeait pas, comme ça.

    3 000 % d'accord, c'est l'inflation, hein? Mais comme je ne comprends pas la question. Et j'aimerais aussi qu'on égratigne les beaux et qu'on leu casse une jambe ou mieux, une petite commotion cérébrale, tiens.

    Notre société québécoise a déjà, de par son passé soumis de catho, encore omniprésent, cette tendance automatique de s'autoniveler vers le bas.

    Je vais revenir.

    Zed ¦)

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  3. J'ajoute : tout le monde n'est pas apte et n'a pas besoin d'avoir une même éducation. Même lire et écrire, malheureusement, n'est pas donné à tout le monde. Même compter ses sous pour payer au magasin. Et tout le monde n'est pas beau, ni athlète, ni quoi que ce soit. C'est de même. La nature fait le monde comme ça.

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  4. C'est ce que je crois. Cependant, il ne faut pas non plus négliger ceux qui n'ont pas de talent naturel. Je pense, en cela, que le système permet une amélioration de la qualité de la pensée des étudiants (et donc, qu'il est grosso modo bien fait). Néanmoins, il me semble évident que le potentiel des plus brillant est, par la bande, un peu gaspillé...

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  5. Je ne pourrais pas être plus d'accord avec toi. C'est surtout à cause de ce nivellement par le bas que j'ai abandonné l'enseignement du français. Dommage !

    Mimi ;)

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