Ce qu'il y a de bien avec la vie, c'est qu'on ne la voit jamais venir.
Dernièrement, elle m'a foncé dedans. Un poste à Sept-îles. Yeah! Quelle magnifique surprise. D'ailleurs, avec le magnifique système de l'Université - la grande la vraie - qui m'a officiellement diplômée en décembre 2012 (alors que j'ai terminé son programme en mai d'avant...franchement, j'ai l'air de quoi...) je me suis trouvée un emploi immédiatement après mes études. Ils doivent se dorer la statistique, eux-autres. Aussi, d'après mon cours de Système Collégial 101 et ma connaissance vague mais pratique de la corréalation saisonnière et de la fréquentation estudiantine, il est presque impossible d'avoir a) une tâche qui a de l'allure l'hiver et b) d'obtenir un emploi là-dedans quand on n'a pas d'expérience.
Or, moi qui ne fait jamais rien comme les autres (dixit mon karma...) j'ai réussi les deux.
Bon. C'est beau tout ça. Mais quand on apprend un 17 décembre en plein rush de Noël qu'on déménage dans une contrée lointaine le 14 janvier, on réalise que finalement, tout ce temps-là, on avait une vie.
Ce que j'avais :
- Un travail rémunéré.
- Un abonnement au gym.
- Un appartement.
- Deux chats.
- BEAUCOUP de stock.
Ce que je n'avais pas.
-Un plan de cours...
- Une connaissance hypothétique de c'est où, Sept-Îles...
- Un endroit où vivre, là-bas.
- Une idée de comment j'allais patenter ma vie pour les quatre prochains mois.
Qu'à cela ne tienne. Armée de ma désespérante confiance et de ma désarmante pensée positive, j'ai trouvé (bon, harcelé, ok...) deux gardiennes pour les minous (Sissi et Voltaire s'en-vont-en-guerre...bonne chance, les chatons). L'abonnement au gym, ça se diffère, ça a l'air. Un coup de fil, et je réserve une chambre en résidence (ce qui me permettra certainement de vous fournir quelques anecdotes croustillantes, c'est à suivre). J'ai choisi mes oeuvres à l'études, je suis en train de monter un plan de cours et trois power-séquences-didactiques.
Bref, je me débrouille, je planifie, et mon frigo est recouvert de post-it. Coupe de cheveux avant de partir, renouveler la prescription de verres de contact, faire vacciner les minous, donner ma démission au job rémunéré (craignez pas, je vais revenir...) achats d'une nouvelle garde-robe « professionnelle » (prétexte) et rendez-vous avec presque tous ce que j'ai dans mon bottin social qui veut me voir avant que je parte.
Seul pépin, l'appart.
Quand t'habite dedans, c'est pas trop grave de payer ça. C'est chez vous, tu t'endures. Mais le laisser vide pendant quatre mois, c'est une autre histoire. Je faisais des cauchemars la nuit où des squatteurs venaient utiliser mes toilettes. Où on me piquait mes saisons de Buffy. Où on repeignait mon appart en brun.
Le calvaire.
Heureusement, la vie, elle est bien faite. On vient de sous-louer mon appart. Petite famille mal prise qui vit à peu près le même problème que moi et qui doit emménager à Québec au P.C. Bref, dans cette histoire, je suis le messie qui arrive avec sa manne bénie qui tient dans un beau trois et demi.
Alléluia.
Dernier problème. Avez-vous déjà déménagé à deux places en même temps? Je dois m'arranger pour boiter ce qui est nécessaire à mon départ pour Sever Island (ça fait plus exotique) et caser le reste dans mon locker. Fastoche! Mais avec mon indicible capacité à m'emmêler les pinceaux, je vais probablement déballer un assortiment de nounours rendue là-bas pendant que ma vaisselle s'ennuiera à Québec.
Pas grave. Les nounours, c'est réconfortant.
Pour le reste, il y a Visa.
...ils prennent Visa, là-bas, hein?
vendredi 4 janvier 2013
mercredi 19 décembre 2012
La vie est dans : Le vent qui tourne
Bonjour, petits lecteurs inDesscents.
Je vous ai manqué?
Je dois vous avouer que j'avais envie de revenir patouiller ici depuis un certain temps. Cependant, je n'avais rien de bien brillant à vous raconter. Les trépidantes aventures d'une inDESScente au chômage ne reluisaient pas d'anecdotes et mon ironie habituelle se transformait en sarcasme mordant aussitôt qu'on discutait de mes tâches incroyables de libraire. Pas que ma vie manquait de piquant : un accident de voiture, la scarlatine, j'ai même eu le temps de tomber en amour - deux fois. Mais disons que l'idée générale dérogeait de ce que je voulais vraiment partager dans ce blog : les dessous affriolants d'une nouvelle enseignante.
Et là, le vent vient de tourner.
J'ai eu l'appel téléphonique mercredi de la semaine dernière. J'avais envoyé mon Curriculum Vitae il y avait un certain temps, déjà, j'avais complètement oublié ma candidature et je convoitais le Cégep de Rosemont, dans le grand Montréal. Et là, j'avais une offre. D'ailleurs. Assez loin pour que l'entrevue doive se faire par skype. J'ai beau apprécier le Web 2.0., skyper, j'avais jamais fait ça.
Test technique le vendredi avec un monsieur pas très heureux d'être pris pour faire ça. « Oui, madame, vous avez une fenêtre qui fait un contre-jour, votre micro est trop puissant, oh tien, vous avez un chat? ». En sont sorties deux constatations : la première étant que mon internet était trop lent, la seconde que Voltaire aimait un peu trop passer à la télé. J'avais donc prévu de passer chez ma mère pour profiter de la sécurité parentale rassurante et de la connection haute-vitesse. C'était réglé. Mon entrevue, le mardi, se déroulerait sans anicroche.
Sauf que lundi, la fin du monde est arrivée. Et elle s'est concrétisée en je-ne-sais-combien-de-pieds-de-neige. Il est mardi matin, je panique. J'appelle ma soeur qui me permet de passer l'entrevue chez elle. Je débarque, m'installe, patiente, puis le monde du service technique m'appelle : certains membres du comité de sélection n'ont pas pu se rendre. Va falloir patienter jusqu'en après-midi.
Mautadine.
Je ronge mon frein jusqu'en après-midi. Là, devant les cinq paires d'yeux reliés à mes beaux yeux par les voies pas-vraiment-impénétrables du net, je déploie tout mon charme en banque. Ça en fait, du charme au pouce carré. Ça faisait longtemps que je n'avais pas dragué un potentiel employeur, j'avais une revanche à prendre sur mes mois de patience. Et parle de Cyrano par-ci, du socioconstructivisme par-là, et de j'aime-donc-bien-la-diversité-et-les-milieux-ruraux...Bref, en bon français, je beurre épais. Je m'étais promis que je ne manquerais pas ma shot sur celle-là.
Et bien, je ne l'ai pas manquée.
Vous voulez embarquer avec moi dans l'aventure? La session commence le 13 janvier. J'ai 3 semaines pour trouver un moyen de me téléporter là-bas, me loger, relire les oeuvres que je veux mettre au programme, monter un plan de cours et le soumettre. On parle de SEPT-ÎLES, ici. De la Côte-Nord. Je suis à Québec. À neuf heures de route. Va falloir goaler.
Mais avant tout ça, je voulais vous écrire.
Heille gagne...je suis prof de cégep.
C'est reparti!
Je vous ai manqué?
Je dois vous avouer que j'avais envie de revenir patouiller ici depuis un certain temps. Cependant, je n'avais rien de bien brillant à vous raconter. Les trépidantes aventures d'une inDESScente au chômage ne reluisaient pas d'anecdotes et mon ironie habituelle se transformait en sarcasme mordant aussitôt qu'on discutait de mes tâches incroyables de libraire. Pas que ma vie manquait de piquant : un accident de voiture, la scarlatine, j'ai même eu le temps de tomber en amour - deux fois. Mais disons que l'idée générale dérogeait de ce que je voulais vraiment partager dans ce blog : les dessous affriolants d'une nouvelle enseignante.
Et là, le vent vient de tourner.
J'ai eu l'appel téléphonique mercredi de la semaine dernière. J'avais envoyé mon Curriculum Vitae il y avait un certain temps, déjà, j'avais complètement oublié ma candidature et je convoitais le Cégep de Rosemont, dans le grand Montréal. Et là, j'avais une offre. D'ailleurs. Assez loin pour que l'entrevue doive se faire par skype. J'ai beau apprécier le Web 2.0., skyper, j'avais jamais fait ça.
Test technique le vendredi avec un monsieur pas très heureux d'être pris pour faire ça. « Oui, madame, vous avez une fenêtre qui fait un contre-jour, votre micro est trop puissant, oh tien, vous avez un chat? ». En sont sorties deux constatations : la première étant que mon internet était trop lent, la seconde que Voltaire aimait un peu trop passer à la télé. J'avais donc prévu de passer chez ma mère pour profiter de la sécurité parentale rassurante et de la connection haute-vitesse. C'était réglé. Mon entrevue, le mardi, se déroulerait sans anicroche.
Sauf que lundi, la fin du monde est arrivée. Et elle s'est concrétisée en je-ne-sais-combien-de-pieds-de-neige. Il est mardi matin, je panique. J'appelle ma soeur qui me permet de passer l'entrevue chez elle. Je débarque, m'installe, patiente, puis le monde du service technique m'appelle : certains membres du comité de sélection n'ont pas pu se rendre. Va falloir patienter jusqu'en après-midi.
Mautadine.
Je ronge mon frein jusqu'en après-midi. Là, devant les cinq paires d'yeux reliés à mes beaux yeux par les voies pas-vraiment-impénétrables du net, je déploie tout mon charme en banque. Ça en fait, du charme au pouce carré. Ça faisait longtemps que je n'avais pas dragué un potentiel employeur, j'avais une revanche à prendre sur mes mois de patience. Et parle de Cyrano par-ci, du socioconstructivisme par-là, et de j'aime-donc-bien-la-diversité-et-les-milieux-ruraux...Bref, en bon français, je beurre épais. Je m'étais promis que je ne manquerais pas ma shot sur celle-là.
Et bien, je ne l'ai pas manquée.
Vous voulez embarquer avec moi dans l'aventure? La session commence le 13 janvier. J'ai 3 semaines pour trouver un moyen de me téléporter là-bas, me loger, relire les oeuvres que je veux mettre au programme, monter un plan de cours et le soumettre. On parle de SEPT-ÎLES, ici. De la Côte-Nord. Je suis à Québec. À neuf heures de route. Va falloir goaler.
Mais avant tout ça, je voulais vous écrire.
Heille gagne...je suis prof de cégep.
C'est reparti!
dimanche 16 septembre 2012
La vie est dans : Tenir ses promesses
Temps des aveux.
Autrefois, je fus une jeune fille
qui avait beaucoup (beaucoup!) de temps à perdre. Disons que lorsqu’on habite
dans son école, on a du temps pour penser…et pour rêver. J’écrivais des romans,
je lisais des romans, je n’étais pas particulièrement fana d’autre chose que d’écriture,
et c’étais bien comme cela. Je filais le parfait bonheur dans mon ignorance des
médias.
Jusqu’à
ce que Canal Famille ne soit vendu à Québecor Media et que notre joli poste
familial qui avait accueilli Bibi et
Geneviève ne se mette à diffuser des programmes plus…adolescents. Et c’est
un soir tout bête comme ça, le soir de la première, que j’allais rencontrer le
programme télévisé qui, pour ainsi dire, changea ma vie, parce qu’il m’accompagna
tout le temps de mon adolescence…
Buffy contre les vampires.
Buffy the Vampire Slayer.
Sans vouloir dire que dans ces quelques années, j’ai
perdu toutes mes fonctions cérébrales, disons que certains deux hamsters de
notre connaissance n’étaient pas encore entrés en poste. De 14 à 20 ans, j’ai
développé un béguin incroyable pour les deux vampires de la série (Angel et
Spike, pour les non-initiés…je peux bien juger les cocottes qui trippent sur
Twilight…entéka) , je me suis mise à écrire de la fanfiction, j’enregistrais et
je réécoutais sans arrêt les épisodes dont j’ai fini par connaître le texte en
français ET en anglais par choeur, j’ai appris le download (ce qui n’était pas
si évident, à l’époque), j’ai rencontré des fans et j’ai lu des fanzine…
Si vous ne comprenez pas ce que je viens d’écrire, c’est
normal, je parle en geek.
Bref, à l’époque, le fanatisme était encore une chose
qui se passait davantage en France et au États-Unis. On entendait très peu
parler de conventions, de geeks, de trucs du genre dans notre belle province.
Je suivais attentivement les rencontres de fans d’ailleurs dans le monde et je
m’étais promis à ma petite adolescente de moi que si un jour j’avais une
occasion de rencontrer les personnages (et un en particulier…), je la saisirais
sans me poser de question.
J’ai bien dormi ce soir-là et les jours suivant, et
comme tout délire d’adolescente, c’est tombé dans la brume.
Jusqu’au mois d’août 2012.
Ça faisait déjà quelques années que je croyais être
vaccinée contre ça. Les réactions irrationnelles. Le cœur qui bat trop vite
pour rien, la sueur, les tremblements au bout des doigts, alors qu’il n’y a
aucune stimulation particulière. Plus de mon âge…franchement. Jusqu’à ce qu’une
de mes amies m’envoie ça.

…
Plus de son. Plus d’image.
J’étais au travail. J’ai
demandé congé sur le champs. J’ai acheté mes billets. Rempli ma voiture d’essence.
Et je suis partie. Sans me poser de question.
Direction Montréal pour
ma première convention de Geeks et ma première visite de cette ville dans un contexte non-scolaire.
Je suis arrivée là
jeudi soir vers 22h. Il faut spécifié que la fille qui m’accueillait était une
amie de longue date que j’avais rencontré par le biais de mon écriture de
fanfiction et qui gérait mon site internet de diffusion de l’époque (je vous
avertis, les enfants, ne cherchez pas ça…). On a veillé jusqu’à 3h du matin, à
jaser de littérature, de crochet, de cuisine, bref, de tout.
Sauf de lui.
On ne pouvait pas
parler de lui.
Parce que le cerveau me fondait.
Littéralement.
Le lendemain, nous nous
sommes levées assez tard (hé hé) et nous avons pris le métro pour l’île. C’est là la
première fois que je me suis aperçue que je n’avais pas mes billets pour le
show. Tergiversations, problèmes…On règlerait ça plus tard. Au programme :
bouquineries, boutiques farfelues et bons restaurants! Les yeux alertes, j’ai
repéré une imprimerie qui pouvait me rendre mes précieux billets. Et en route
pour le Comiccon!
Bon. Si vous n’êtes
jamais allé dans ce genre d’endroit, oubliez tous les préjugés qu’ils vous
inspirent. Oubliez le jeune nerd boutonneux le nez plongé dans une revue de
Trekkie qui porte ses oreilles de Spok pour aller au secondaire et qui est sur
le point de se briser les doigts à force d’essayer de séparer son majeur de son
annulaire. Nous n’en sommes plus là. Un commicon, c’est une convention de fans,
d’artistes, d’artisans et de créateurs de toutes sortes. On y trouve des gens
de tous âges, de plein de milieux, de tous les sexes et de toutes les cultures.
L’ambiance est particulière : certains sont déguisés de façon incroyable
et vous pouvez croiser Wonder Woman ou Hulk à tout moment. Tout le monde a un
appareil-photo, c’est un spectacle ambulant. Dans la salle des exposants, plusieurs
proposent des objets dérivés, mais plusieurs artistes suggèrent des produits
originaux qui valent la peine d’être considérés. Il y a moyen de négocier ses
achats, les vendeurs sont gentils (et dans certains cas, très avenants…pour le
dire comme ça…) et les surprises sont au rendez-vous.
Par exemple, j’étais en
train d’observer des sacs réutilisables de l’évènement avec beaucoup d’attention,
quand je me suis retournée. Et là, il y avait un Zombie. Mais pas le genre de
zombie qu’on croise à l’Halloween avec un masque cheap du Wall-Mart, là. Un
vrai-faux zombie, avec une prothèse faciale, beaucoup d’hémoglobine et un
regard noir. Très noir. Vide. Et il se tient à deux centimètres de ma face.
J’ai hurlé. Ce qui m’a
conforté dans l’impression que j’ai qu’on a oublié de me greffer un instinct de
survie. Le gars, avec un accent hyper-québécois, a bien rigolé et m’a tendu un
flyer pour la Zombie Walk du 20
octobre. Merci, le grand. Une photo et
une réanimation cardiaque, nous voilà parties, ma comparse et moi, pour notre
première conférence.
Nicholas Brendon. La
surprise de la fin de semaine. Voyez-vous, je ne me suis pas particulièrement
renseignée avant de partir. Parce que si je l’avais fait, j’aurais découvert qu’un
autre acteur principal de la série serait au Comiccon. Celui qui jouait Xander.
Et qu’il répondrait à des questions Live. Et dans un tel cas, vous savez, j’aurais
pu me préparer psychologiquement, me faire travailler par Soleine au travail
(la full-excellent-bilingue-wow du travail) pour apprendre une question qui a
de l’allure en anglais et enfin ne pas faire une folle de moi.
Mais non.
Vous vous souvenez de cette bête promesse que je m’étais faite adolescente? Saisir n’importe quelle occasion de contact? Ben c’est ça. Il était là, devant, et l’animateur cherchait des gens pour poser des questions. Moi, avec mon front de bœuf, j’ai levé la main. Tsé, c’est juste un gars comme les autres, rien de spécial, rien à dire. J’avais une question intéressante, en plus : je voulais savoir s’il avait visité Québec et, si oui, laquelle des deux villes était la plus intéressante. Tsé, une question qui a de l’allure. Et qui aurait pu se poser à l’autre invité aussi (un acteur secondaire de la série qui m’a coûté plusieurs minutes de réflexion avant que je ne réussisse à l’identifier…mauvaise fan que je suis). Alors voilà, on m’a invité. Le gars m’a dit de parler fort. J’étais en ligne. La fille devant moi est partie.
Et il y a eu le contact
visuel.
Il a un contact visuel
très intense, Nicholas Brendon. Solide. Il ne fuis pas, il communique avec les
fans.
Et je ne m’attendais
pas à ça.
Et il attendait. Et je
ne parlais pas. J’avais oublié ma question. J’avais oublié où j’étais. J’avais
oublié mon nom.
Cerveau liquéfié. Mode
automatique.
Sauf que là, le mode
automatique s’emballe. Envoye, dis quelque chose, la grande, tout le monde
attend, , n’importe quoi, come on, come on, envoye! Je suais, je tremblais, j’ai
ouvert la bouche, mais tout ce que j’ai réussi à cracher, c’était :
« Oh my God, you’re so
hot. »
Éclat de rire général. Réponse?
« Thank you. You’re
awesome too! »
Rires encore. Bon.
Entre deux arythmies, je pose une question sur les Bds de Buffy. Rien de bien
spirituel. Il répond. Fin de la relation. Une maudite chance pour mes organes
internes. Nous retournons à la salle des
exposants pour faire des achats et remarquons qu’il signe des autographes.
Malheureusement, pour une photo et une signature, c’est incroyablement cher et
je ne peux pas me l’offrir. Nous nous tenons donc à côté de la table et le
prenons en photo pendant qu’il signe pour quelqu’un d’autre. C’est déjà ça.
Pour tuer le temps
entre la conférence et le show qui nous intéresse, nous magasinons et trouvons
plusieurs choses à notre goût. Mon amie achète entre autre un toutou en forme
de chat qui chante « Soft Kitty ». J’ai alors appris que je n’étais vraiment
pas une geek, étant donné que je n’avais aucune idée de ce que c’était.
Et puis, nous nous sommes
mises en file pour le show. Et en faisant la file, nous l’avons vu pour la
première fois.
Il faisait des tests de
son. Là. À quelques mètres de nous. Nous l’avons vu.
Flash back de 10 ans. J’avais
15 ans encore, toute maturité s’est échappée, je suis cliniquement décédée à se
moment-là. Sérieux, j’ai bloqué la file. J’étais absorbée par le gars sur le
stage qui gossait sa guitare. Parce que c’était lui. Qu’ado, j’avais
terriblement voulu le rencontrer. Et qu’il était là. Tout simplement.
Mais bon, il a fallu
que je finisse par avancer, et il restait une bonne heure avant le spectacle.
Alors on s’est assis et on a jasé avec d’autres fans. Une prof de français de
quarante-quelques années qui s’était fait prendre en photo avec lui (ELLE L’A
TOUCHÉ!!!). La chanceuse. Deux sœurs un peu plus jeunes qui commençaient à lire
les Bds et qui ont eu un câlin de Nicholas. Wow…Quand ils ont ouvert les
portes, j’étais encore…tiltée. J’ai aussi appris, dans cette heure de
conversation, que les deux artistes de Buffy se trouvaient là l’année d’avant.
Ah ben, ah ben…
Nous nous asseyons dans
la salle. Nous sommes très près du stage. Dans le sens de très, très près du
stage. Je fébrile. Pas dans le sens de «je suis fébrile». Dans le sens
cardiaco-clinique du terme. Et puis, il apparaît.
Je vais vous faire
grâce de la gamme d’émotion par lesquelles je suis passée, parce que de toute
façon ça ne se décrit pas. Je peux seulement vous dire qu’il a chanté une
vingtaine de chansons, que c’est un gars très très drôle et hyper sympathique.
Petite anecdote encore : j’ai filmé tout le show et je pense être la seule
(avec mon accompagnatrice à l’avoir fait). Or, une caméra qui filme, ça se
voit. Et pendant une chanson, il a braqué son regard dedans. Mais solide. Peut-être,
oui, regardait-il vaguement la foule. Mais laissez-moi donc fantasmer.
Et ce n’est que ça.
Après, métro, bus, voiture, come back jusqu’à Québec dans une demie-réalité.
Mon cerveau (qui vient de revenir de vacances, très reposé) n’a pas fini de
traiter toutes les informations. J’ai eu l’air folle devant une vedette?
Coudonc. J’ai vu James Marsters en concert? C’était pas un rêve, ça? J’ai
failli me faire mordre par un Zombie? Ah ouais? Petite semaine…
Mais tout cela m’a
appris deux choses.
La première, c’est que
je fais parfaitement la différence entre l’homme et le personnage. Je ne suis
pas allée voir Spike. Je suis allée voir le type qui l’a incarné. Ce type qui a
eu une vie difficile, qui s’est fait foutre en-dehors de son école de théâtre,
à qui on a dit qu’il ne serait jamais un acteur. Qui est passé par un divorce.
Et puis, qui a eu une chance, et qui par la suite, a fait sa chance. Il y a
quelque chose de très spirituel à conclure de cette rencontre. En le regardant
sur scène, j’ai soudainement compris que c’était possible de toute avoir. La
famille, la gloire, l’amour, l’argent, le bonheur…tout ça, on peut l’avoir en
même temps. C’est possible. Et même si la vie n’est pas toujours parfaite,
juste d’être là, sur cette chaise, à l’écouter chanter, j’ai eu, un bref
instant, l’impression de tout avoir. Et c’est une exaltation que je n’ai connue
qu’à trois reprises dans ma vie. Et qu’à chaque fois, ça me fait trembler de l’intérieur
pendant un long moment. Comme si, soudainement, je ressentais ma propre
existence. Sur la scène, ce n’est qu’un homme et sur la chaise, ce n’est qu’une
femme. Mais c’est un peu plus que ça. J’observe un achèvement et je réalise que
je peux, moi aussi, être une personne achevée.
Bon, ok, ça a l’air d’un
délire de fan et c’en est peut-être un. Mais pour moi, c’est observer le
travail d’un gars qui a occupé ma vie si longtemps et le regarder recevoir une
dose massive d’admiration même après si longtemps. Je trouve cela
impressionnant et, disons-le, inspirant. Ne suis-je pas aussi une artiste?
La seconde chose, c’est
que personne ne vieillit vraiment. On change, on grandit, le corps se
transforme. Mais quelque part dans notre cerveau, il y a ce tiroir qui n’est
jamais totalement fermé, mais que nous oublions si souvent. Ce tiroir rempli de
rêves et de promesses qu’on hésiterait à tenir si l’occasion se présentait,
parce qu’on se juge nous-même ou qu’on ressent la crainte du regard des autres.
Parce qu’on se dit qu’on est trop vieux ou trop mûr pour la chose. Et on laisse
passer ainsi des occasions. Personnellement, je pense qu’une promesse que l’on
se fait à soi à une période antérieure de notre vie est aussi importante qu’une
promesse que l’on aurait faite à une autre personne. Parce qu’en tenant les
promesses que l’on fait aux autres, on gagne leur confiance et leur respect, je
pense que l’on gagne un peu de confiance en soi et de respect de soi-même en
honorant nos anciens nous-mêmes. J’ai eu l’impression d’être accompagnée de
moi, dis ans plus jeune, dans cette salle. Et, même si parfois, mon ado-moi me
juge, est déçue de ce que je suis devenue et ne comprends pas mes choix, ce
jour-là, nous étions en parfait accord sur ce qui doit être fait, sur la ligne
parfaite entre l’idéal utopique des jeunes années et la réalité sèche et grise
de l’âge adulte. Je me suis aussi dit que, même des années plus tard, un rêve
reste un rêve et le réaliser constitue la chose la plus satisfaisante qui
existe.
Maintenant, je dois emballer précieusement mes
souvenirs, serrer mon rêve contre moi et passer à d’autres choses. Ce fut un
moment de grâce, certes, mais la conclusion, c’est que les rêves se réalisent
en poursuivant sa vie, lors de la bonne occasion. J’attendrai donc la
prochaine.
En fait, j’attendrai l’ANNÉE prochaine.
Et l’an prochain, tous les coups seront permis.
D'ailleurs, l'an prochain, je vous embarque toute la gagne, ce sera beaucoup moins long à raconter.
dimanche 26 août 2012
La vie est dans : La bonne perspective
L'important, quand le professeur se trouve devant sa classe d'étudiants assoiffés de savoir, est d'avoir la bonne perspective de ce qui se passe dans leurs têtes.
Il faut savoir que, lorsque tous ces jeunes esprits se retrouvent entre les quatre même murs, ils portent sur leurs frêles épaules le poids d'au moins cinq bonnes années de secondaire, de six mignonnes années de primaire, d'une maternelle, de cinq ans de petite enfance et, pour les chanceux, d'environ 36 semaines de grossesse. Ces expériences, non-cumulées et non-équivalentes pour tous, s'attroupent donc dans le même cours. Cela peut équivaloir à une compréhension instantanée et complète d'un concept maintes et maintes fois répété par un professeur à l'air récapitulatif, ou par d'énormes et incommensurables «hein?», «WTF??» et «kwat?!?».
Un professeur qui reçoit sa nouvelle classe doit donc se trouver apte à assimiler rapidement le niveau INDIVIDUEL de ses étudiants, et non pas les considérer comme un groupe homogène. À partir de là, il se doit d'éviter le piège du nivellement par le bas tout en évitant de prendre au piège ses apprenants plus faibles (qu'on ne peut pas désigner comme faibles, en passant...on dit des apprenants en émergence...entéka...), passer sa matière et correspondre aux exigences du Collège, tout cela en tentant désespérément de ne pas aggraver son ulcère à l'estomac.
Cinécure, cinécure que tout cela...Parce qu'au-delà de toutes ces peccadilles, Monsieur le Professeur doit se souvenir de ce qu'il avait l'air lorsque ses propres fesses venaient astiquer les assises raides et inconfortables des bancs d'école. Si tout autour de lui semble d'une clarté luminescente, il doit réussir à codifier l'ignorance de ses étudiants pour la transformer en une réminiscence qui lui apportera l'empathie nécessaire à l'exécution de ses tâches.
Je reformule : le prof doit se rappeler le temps où il n'y comprenait que dalle.
Et c'est comme cela dans toutes les tâches auxquelles l'être humain se voit confronté. À partir du moment où il se retrouve dans un nouvel environnement, il doit apprendre à apprivoiser celui-ci et adopter la vision de ses habitants AVANT d'y progresser. Ainsi, il installe son autorité, son leadership, s'impose comme figure principale, oriente la pensée (la manipule, s'il le faut...) et abouti à un résultat satisfaisant. Au contraire, s'il brûle les étapes, son manque d'empathie se transmet en ignorance, l'ignorance se permute l'intolérance et l'intolérance devient la source de l'incompétence.
Le nombre prime toujours sur le solo. L'avantage numérique place donc le professeur, ou toute personne en autorité, en position inconfortable. Comme un jongleur avec un peu trop de quilles. Évaluation. Performance. Entertainment. Culture. Matière. Discipline. Charge de travail. Étudiants en difficulté. Ça commence à faire beaucoup. Et s'il est plutôt facile de se retrouver en haut de l'échelle alimentaire d'une classe, il est également possible que celui qui s'y présente comme chasseur en devienne finalement la proie. Je crois qu'il faut une solide formation et une expérience solide pour seulement oser poser sa mallette sur le gros bureau en face du tableau vert.
Pensez-y la prochaine fois que votre boss vous tape sur les nerfs. Probablement que ce n'est qu'un pauvre guss qui s'est retrouvé là parce qu'il avait performé à l'étage d'en-dessous. Il est peut-être incompétent, inconscient, ou alors seulement inexpérimenté. Il n'a probablement aucune idée de ce qu'il fait, et il essaie de jongler comme il peut.
Détournez le regard en vous félicitant de votre professionnalisme.
Mais bon, s'il s'échappe une quille sur le pied, vous avez le droit de rire.
Il faut savoir que, lorsque tous ces jeunes esprits se retrouvent entre les quatre même murs, ils portent sur leurs frêles épaules le poids d'au moins cinq bonnes années de secondaire, de six mignonnes années de primaire, d'une maternelle, de cinq ans de petite enfance et, pour les chanceux, d'environ 36 semaines de grossesse. Ces expériences, non-cumulées et non-équivalentes pour tous, s'attroupent donc dans le même cours. Cela peut équivaloir à une compréhension instantanée et complète d'un concept maintes et maintes fois répété par un professeur à l'air récapitulatif, ou par d'énormes et incommensurables «hein?», «WTF??» et «kwat?!?».
Un professeur qui reçoit sa nouvelle classe doit donc se trouver apte à assimiler rapidement le niveau INDIVIDUEL de ses étudiants, et non pas les considérer comme un groupe homogène. À partir de là, il se doit d'éviter le piège du nivellement par le bas tout en évitant de prendre au piège ses apprenants plus faibles (qu'on ne peut pas désigner comme faibles, en passant...on dit des apprenants en émergence...entéka...), passer sa matière et correspondre aux exigences du Collège, tout cela en tentant désespérément de ne pas aggraver son ulcère à l'estomac.
Cinécure, cinécure que tout cela...Parce qu'au-delà de toutes ces peccadilles, Monsieur le Professeur doit se souvenir de ce qu'il avait l'air lorsque ses propres fesses venaient astiquer les assises raides et inconfortables des bancs d'école. Si tout autour de lui semble d'une clarté luminescente, il doit réussir à codifier l'ignorance de ses étudiants pour la transformer en une réminiscence qui lui apportera l'empathie nécessaire à l'exécution de ses tâches.
Je reformule : le prof doit se rappeler le temps où il n'y comprenait que dalle.
Et c'est comme cela dans toutes les tâches auxquelles l'être humain se voit confronté. À partir du moment où il se retrouve dans un nouvel environnement, il doit apprendre à apprivoiser celui-ci et adopter la vision de ses habitants AVANT d'y progresser. Ainsi, il installe son autorité, son leadership, s'impose comme figure principale, oriente la pensée (la manipule, s'il le faut...) et abouti à un résultat satisfaisant. Au contraire, s'il brûle les étapes, son manque d'empathie se transmet en ignorance, l'ignorance se permute l'intolérance et l'intolérance devient la source de l'incompétence.
Le nombre prime toujours sur le solo. L'avantage numérique place donc le professeur, ou toute personne en autorité, en position inconfortable. Comme un jongleur avec un peu trop de quilles. Évaluation. Performance. Entertainment. Culture. Matière. Discipline. Charge de travail. Étudiants en difficulté. Ça commence à faire beaucoup. Et s'il est plutôt facile de se retrouver en haut de l'échelle alimentaire d'une classe, il est également possible que celui qui s'y présente comme chasseur en devienne finalement la proie. Je crois qu'il faut une solide formation et une expérience solide pour seulement oser poser sa mallette sur le gros bureau en face du tableau vert.
Pensez-y la prochaine fois que votre boss vous tape sur les nerfs. Probablement que ce n'est qu'un pauvre guss qui s'est retrouvé là parce qu'il avait performé à l'étage d'en-dessous. Il est peut-être incompétent, inconscient, ou alors seulement inexpérimenté. Il n'a probablement aucune idée de ce qu'il fait, et il essaie de jongler comme il peut.
Détournez le regard en vous félicitant de votre professionnalisme.
Mais bon, s'il s'échappe une quille sur le pied, vous avez le droit de rire.
samedi 18 août 2012
La vie est dans : Mon roman
Comme vous le savez, chers lecteurs, mon vrai travail dans la vie, c'est écrivain. Oui oui! Or donc, quand on est écrivain, ça a l'air qu'on gribouille des trucs sur des p'tits bouts de papier, qu'on envoie ça à un petit éditeur, qui envoie ça lui-même à un p'tit imprimeur et qu'on reçoit ça un p'tit bout de temps après dans un p'tit bouquin.
C'est pas joli, ça?
Soyons honnêtes, mon roman, bien que sous contrat de publication, n'est pas encore prêt à être mis sous presse. Sa correction occupe donc une bonne partie de ma vie ces temps-ci, et croyez-moi, c'est bien loin des exercices clownesques du travail de professeur au quotidien. J'avais cependant envie de partager quelque chose avec vous, quelque chose de mon style «littéraire» d'écriture, et qui, peut-être, vous donnerait éventuellement le goût d'acheter mon roman dans un futur proche.
Voici donc, pour vous, lecteurs privilégiés, une petite nouvelle de rien du tout. Juste pour le plaisir. Bonne lecture!
- Nouvelle 418
C'est pas joli, ça?
Soyons honnêtes, mon roman, bien que sous contrat de publication, n'est pas encore prêt à être mis sous presse. Sa correction occupe donc une bonne partie de ma vie ces temps-ci, et croyez-moi, c'est bien loin des exercices clownesques du travail de professeur au quotidien. J'avais cependant envie de partager quelque chose avec vous, quelque chose de mon style «littéraire» d'écriture, et qui, peut-être, vous donnerait éventuellement le goût d'acheter mon roman dans un futur proche.
Voici donc, pour vous, lecteurs privilégiés, une petite nouvelle de rien du tout. Juste pour le plaisir. Bonne lecture!
- Nouvelle 418
Je me souviens
de son index sur mon poignet. Un contact léger, délicat, rassurant, qui me fit
lever le visage vers le sien. Son sourire chaleureux ne me réconforta pas, mais
je me sentis tout de suite moins seule, dans la grande église. Je ne pus
cependant affronter son regard, car je savais que j’y aurais trouvé toute la
pitié et la sympathie du monde. Je n’étais pas prête pour cela. Pas encore. Pas
tout de suite.
Le prêtre
parlait mais je n’y portais aucune attention. Je ne voulais sentir que cet
index, chaud et solide, contre l’intérieur de mon poignet. Il suivait la ligne
de mon bracelet d’or, jusqu’à la limite du côté, puis revenait au
centre, et encore de l’autre côté. Avec lenteur, je le sentis glisser, tout le
long de la veine qui battait faiblement, s'arrêtant au creux de ma paume. Un pouce
l’accompagna, fidèle, le long de mes doigts. Tous deux se mirent à caresser ma peau jusqu’à la
limite de l’ongle, puis à remontrer sans se presser le long des phalanges. Je
fermai les yeux pour mieux apprécier la tendresse de cette étreinte. Comme si nous faisions un pied de nez au Seigneur. J’avais le goût
de pencher la tête vers lui et de m’appuyer sur son épaule forte, son épaule
d’homme. Et de pleurer. Dieu! que j’avais le goût de pleurer. Mais je ne
pouvais pas. Personne n’aurait compris. Je dus me faire violence pour fixer mon
regard sur la cérémonie et mon attention sur ces doigts contre les miens, sur
cette tentative de lumière dans la nuit qui s’installait, chassant le soleil
des vitraux que je trouvais si beaux.
Alors que le
curé chantait, la caresse devint plus intime. Les doigts passaient entre les
miens, en exploraient les creux, les lignes et les ombres. Je laissais la paume
ouverte, le dos de ma main appuyé contre ma cuisse, et lui s’y promenait, sans
se soucier des gens autour. Personne ne nous regardait, de toute façon. Je
sentis ses ongles – trop longs pour un homme – racler avec douceur la surface plate,
juste sous les doigts, et s'arrêter au gonflement de ma paume. Ils escaladèrent le
mont du pouce avec attention, en dessinèrent les contours deux, trois fois,
puis suivirent le chemin des doigts jusqu’au plus petit. Puis, ils
recommencèrent. Encore et encore. Sans se lasser jamais, tout au long de la messe.
Que nous fixions tous les deux sans la voir. Sans vouloir la regarder.
Et puis, alors
que le prêtre appelait au Sacrement et avec toute la conviction que mon
désespoir appelait, la main s’est refermée sur la mienne. Si vite, de façon si
brusque, que j’en ai sursauté. Je le sentis la serrer. Si fort. Si longtemps.
Au désespoir, j’ai serré moi aussi. Assez pour faire taire le hurlement qui gonflait ma poitrine.
Là, seulement, j’ai osé verser une larme. Une larme échappée
d’un sanglot beaucoup plus lourd, beaucoup plus profond, qui sait qu'il n'aura plus d'autre occasion de se faire entendre. Un immense sanglot qui resterait là, caché pour
toujours à l’intérieur de moi, et dont personne ne serait jamais témoin. La larme fit briller mon œil un instant, puis
s’en dégagea pour glisser, brûlante, le long de ma joue. Elle y resta suspendue
un instant, incertaine, indolente. Je fermai les yeux et après quelque seconde, elle tomba, dans le silence et l'indifférence.
Si lui la
remarqua, il n’en fit rien. Il resta là, immobile, perdu dans le spectacle et dans
ses pensées, sans aucune autre solution que de me serrer la main
jusqu’à m’en broyer les os. Et je le
laissai faire. J’étais impuissante, moi aussi.
Et je m'obligeai à remonter le regard vers lui. Car je devais le regarder. Je ne le pourrais plus jamais.
Parce
qu’aujourd’hui, tout allait changer. Cette femme, devant l’autel, qui embrassait
cet homme, ce n’était pas ma mère. Et cet homme qui venait de relever son voile
ne regarderait plus jamais ma mère avec ces yeux-là. Ma mère, aujourd’hui,
disparaissait pour toujours de cette vie qu’elle avait tant aimé.
Pour laisser sa
place à une autre mère. Le véritable amour de mon père. Son amour de jeunesse, celle qui avait attendu si longtemps pour venir le retrouver. Cette mère qui n'avait aimé qu'un seul homme dans sa vie.
La mère de l’homme
assis à mes côtés.
dimanche 5 août 2012
La vie est dans : Le plan «P»
Je. Suis. Écoeurée.
Ce n'est pas de ma faute, mes lecteurs, si tout s'établit par la comparaison. Il s'agit de l'une des lois de l'univers : tout élément, fait ou constat se relativise lorsque mis en parallèle avec son contraire. En d'autres mots, vous êtes plus grosses que les mannequin des couvertures, votre chum est moins charmant que le sien et votre gazon aura toujours l'air moins vert que celui de voisin et ce, même si vous le peinturez au rouleau.
Quand on se compare, on se console? Pauvre mythe! À moins que vous ne fassiez l'effort de vous comparer à plus faible que vous, ce qui équivaut à regarder vers le bas. Pas tout à fait dans la nature humaine...Lorsque l'on est un brin carriériste, voyez-vous, faut prendre les moyens de ses envies. Prenez ce gars, aux Olympiques, qui arrive 21ème au plongeon. Vous pensez qu'il se compare à ma tante Thérère qui fait des flats dans sa piscine?
Nanon. Il se compare au Top Trois olympique et il enrage tout seul dans son trou d'eau.
Voyez-vous, j'ai toujours cru en la Rocky attitude. J'ai donné tout ce que j'avais au job rémunéré, dans mes études, dans mon stage et mes relations en croyant que ce qu'on obtient, on le gagne par le travail et par la compétence, par la capacité et les aptitudes. Sur la base que rien ne s'offre sur un plateau d'argent, je me suis mis les mains dans le four pour en sortir la miche de la réussite.
Sauf que voilà. J'ai les deux mains dans le four, direct sur le moule en métal, et je suis en train de me brûler solide.
Mois d'août. Pas de tâche, pas prévu d'en avoir une. Je n'ai pas opté pour une maîtrise (tannée pas mal de me faire tartiner le quotient intellectuel par une université qui me promet la lune si je lui décroche trois étoiles...) et je n'ai pas davantage eu le poste à temps plein dans mon entreprise. Moi qui croyais qu'à ce temps-ci de l'année, je courrais les rues en sifflant Eye of the Tiger pour me préparer psychologiquement à mon premier combat de prof, me voici au pied du mur, avec un appart à payer et deux chats à nourrir. J'ai épeluché ma listes de plans de vie jusqu'à la lettre «O». Nous voici donc au plan «P».
Pour panique.
Savez-vous quoi? J'ai bien envie de poursuivre le gars du choix de carrières. Celui qui m'a dit de suivre mes rêves et mes ambitions. Qui me poussait la littérature dans le dos (et même plus bas) en me répétant que j'étais un génie. Bon, d'accord, j'en suis un. Mais notre cher orienteur de mon coeur n'avait-il pas oublié deux ou trois détails? Genre...
- Qu'un baccalauréat en littérature ne peut être considéré comme pertinent pour faire augmenter un salaire de libraire.
- Qu'un baccalauréat en littérature s'avère nettement insuffisant à décrocher un métier de professeur.
- Qu'un baccalauréat en littérature ne constitue pas une expérience valable pour travailler en bibliothèque ou pour une maison d'édition.
- Que le baccalauréat en littérature est socialement considéré comme un bagage culturel mais non comme un domaine d'études valable.
- Qu'un enseignant au collégial n'a pas de date maximale pour prendre sa retraite et peut donc rester en poste jusqu'à ce qu'il ait finit de se putréfier.
- Que les syndicats enseignants empêchent quiconque n'ayant pas fait le baccalauréat en enseignement secondaire d'enseigner dans les murs des écoles de ce niveau et ce, même si l'individu détient les qualifications requises et l'expérience nécessaire.
- Que le certificat ou le baccalauréat en création littéraire ne fera de personne un meilleur écrivain qu'il ne l'est déjà.
Oui, parce que c'est TELLEMENT important d'étudier...quel beau projet. Sauf que dans une société où l'on peut facilement obtenir un emploi tout à fait respectable sans avoir franchi les barrières (grandes ouvertes, en passant) de son secondaire 5, que doit-on attendre d'une universitaire deux fois diplômée? Je coûte plus cher, je sais ce que je vaux, je ne veux plus faire la jobine que je fais depuis deux ans et je ne veux pas faire le travail d'un autre qui me considérera comme son larbin.
Mauvaise littéraire que je suis.
Vous savez quoi? C'est culturel, tout ça. J'avais des élèves de partout dans le monde, cet été. Des gens qui croyaient qu'il fallait à tout prix décrocher les diplômes menant aux carrières payantes pour avoir les moyens de faire ce que l'on aimait vraiment dans ses loisirs. Des gens qui croyaient que l'essentiel, c'était de travailler le moins possible pour avoir le temps de profiter de la vie et de sa famille. Toutes sortes de moyens de penser qui ne sont pas monnaie courrante ici, parce que nous tenons tellement à éduquer nos enfants que nous les empêchons de réaliser à quel point l'instruction ici, est marginale, dévalorisée et minorisée. J'irais même plus loin : notre système est ainsi fait qu'il devient pénalisant à nos cerveaux de s'afficher, que ce soit sur une sphère professionnelle ou privée. Les plus brillants d'entre nous se retrouvent ostracisés dès leurs plus jeunes âges pour être rabattus par des cromagnons au gourdin plus gros que leur toute petite riquiqui matière grise. Plus tard, on leur dira qu'ils sont surqualifiés.
Je ne suis pas contente.
Alors, qu'est-ce que je vais faire?
Je vais changer toute cette colère-là en charge d'impact. Demain, je commence à défoncer des portes. Il suffit d'envoyer mon curriculum dans le vide. Je veux parler à quelqu'un. Je veux dire au monde que je suis là, que j'existe, que je suis brillante, ambitieuse et carriériste. Je veux montrer ma compétence live et citer du Rostand pendant mon entrevue. Je veux planifier des cours jusqu'à minuit le soir alors que je me lève à 6h le matin. Je veux faire des promesses que je vais tenir, ne pas compter mon temps, faire du bénévolat et baîller dans mes réunions de profs. Je veux rendre mes étudiants complètement fous en leur faisant lire du Voltaire, du Camus, du Balzac! Je veux créer des examens, je veux les mettre sous le nez de mes jeunes, je veux qu'ils réussissent.Je veux sortir de mon marasme et de ma maigre vie d'étudiante pour accéder à l'inconnue et très excitante vraie vie. JE VEUX ENSEIGNER!
Mais plus que ça...
Je veux crever les pneus de mon orienteur.
Ce n'est pas de ma faute, mes lecteurs, si tout s'établit par la comparaison. Il s'agit de l'une des lois de l'univers : tout élément, fait ou constat se relativise lorsque mis en parallèle avec son contraire. En d'autres mots, vous êtes plus grosses que les mannequin des couvertures, votre chum est moins charmant que le sien et votre gazon aura toujours l'air moins vert que celui de voisin et ce, même si vous le peinturez au rouleau.
Quand on se compare, on se console? Pauvre mythe! À moins que vous ne fassiez l'effort de vous comparer à plus faible que vous, ce qui équivaut à regarder vers le bas. Pas tout à fait dans la nature humaine...Lorsque l'on est un brin carriériste, voyez-vous, faut prendre les moyens de ses envies. Prenez ce gars, aux Olympiques, qui arrive 21ème au plongeon. Vous pensez qu'il se compare à ma tante Thérère qui fait des flats dans sa piscine?
Nanon. Il se compare au Top Trois olympique et il enrage tout seul dans son trou d'eau.
Voyez-vous, j'ai toujours cru en la Rocky attitude. J'ai donné tout ce que j'avais au job rémunéré, dans mes études, dans mon stage et mes relations en croyant que ce qu'on obtient, on le gagne par le travail et par la compétence, par la capacité et les aptitudes. Sur la base que rien ne s'offre sur un plateau d'argent, je me suis mis les mains dans le four pour en sortir la miche de la réussite.
Sauf que voilà. J'ai les deux mains dans le four, direct sur le moule en métal, et je suis en train de me brûler solide.
Mois d'août. Pas de tâche, pas prévu d'en avoir une. Je n'ai pas opté pour une maîtrise (tannée pas mal de me faire tartiner le quotient intellectuel par une université qui me promet la lune si je lui décroche trois étoiles...) et je n'ai pas davantage eu le poste à temps plein dans mon entreprise. Moi qui croyais qu'à ce temps-ci de l'année, je courrais les rues en sifflant Eye of the Tiger pour me préparer psychologiquement à mon premier combat de prof, me voici au pied du mur, avec un appart à payer et deux chats à nourrir. J'ai épeluché ma listes de plans de vie jusqu'à la lettre «O». Nous voici donc au plan «P».
Pour panique.
Savez-vous quoi? J'ai bien envie de poursuivre le gars du choix de carrières. Celui qui m'a dit de suivre mes rêves et mes ambitions. Qui me poussait la littérature dans le dos (et même plus bas) en me répétant que j'étais un génie. Bon, d'accord, j'en suis un. Mais notre cher orienteur de mon coeur n'avait-il pas oublié deux ou trois détails? Genre...
- Qu'un baccalauréat en littérature ne peut être considéré comme pertinent pour faire augmenter un salaire de libraire.
- Qu'un baccalauréat en littérature s'avère nettement insuffisant à décrocher un métier de professeur.
- Qu'un baccalauréat en littérature ne constitue pas une expérience valable pour travailler en bibliothèque ou pour une maison d'édition.
- Que le baccalauréat en littérature est socialement considéré comme un bagage culturel mais non comme un domaine d'études valable.
- Qu'un enseignant au collégial n'a pas de date maximale pour prendre sa retraite et peut donc rester en poste jusqu'à ce qu'il ait finit de se putréfier.
- Que les syndicats enseignants empêchent quiconque n'ayant pas fait le baccalauréat en enseignement secondaire d'enseigner dans les murs des écoles de ce niveau et ce, même si l'individu détient les qualifications requises et l'expérience nécessaire.
- Que le certificat ou le baccalauréat en création littéraire ne fera de personne un meilleur écrivain qu'il ne l'est déjà.
Oui, parce que c'est TELLEMENT important d'étudier...quel beau projet. Sauf que dans une société où l'on peut facilement obtenir un emploi tout à fait respectable sans avoir franchi les barrières (grandes ouvertes, en passant) de son secondaire 5, que doit-on attendre d'une universitaire deux fois diplômée? Je coûte plus cher, je sais ce que je vaux, je ne veux plus faire la jobine que je fais depuis deux ans et je ne veux pas faire le travail d'un autre qui me considérera comme son larbin.
Mauvaise littéraire que je suis.
Vous savez quoi? C'est culturel, tout ça. J'avais des élèves de partout dans le monde, cet été. Des gens qui croyaient qu'il fallait à tout prix décrocher les diplômes menant aux carrières payantes pour avoir les moyens de faire ce que l'on aimait vraiment dans ses loisirs. Des gens qui croyaient que l'essentiel, c'était de travailler le moins possible pour avoir le temps de profiter de la vie et de sa famille. Toutes sortes de moyens de penser qui ne sont pas monnaie courrante ici, parce que nous tenons tellement à éduquer nos enfants que nous les empêchons de réaliser à quel point l'instruction ici, est marginale, dévalorisée et minorisée. J'irais même plus loin : notre système est ainsi fait qu'il devient pénalisant à nos cerveaux de s'afficher, que ce soit sur une sphère professionnelle ou privée. Les plus brillants d'entre nous se retrouvent ostracisés dès leurs plus jeunes âges pour être rabattus par des cromagnons au gourdin plus gros que leur toute petite riquiqui matière grise. Plus tard, on leur dira qu'ils sont surqualifiés.
Je ne suis pas contente.
Alors, qu'est-ce que je vais faire?
Je vais changer toute cette colère-là en charge d'impact. Demain, je commence à défoncer des portes. Il suffit d'envoyer mon curriculum dans le vide. Je veux parler à quelqu'un. Je veux dire au monde que je suis là, que j'existe, que je suis brillante, ambitieuse et carriériste. Je veux montrer ma compétence live et citer du Rostand pendant mon entrevue. Je veux planifier des cours jusqu'à minuit le soir alors que je me lève à 6h le matin. Je veux faire des promesses que je vais tenir, ne pas compter mon temps, faire du bénévolat et baîller dans mes réunions de profs. Je veux rendre mes étudiants complètement fous en leur faisant lire du Voltaire, du Camus, du Balzac! Je veux créer des examens, je veux les mettre sous le nez de mes jeunes, je veux qu'ils réussissent.Je veux sortir de mon marasme et de ma maigre vie d'étudiante pour accéder à l'inconnue et très excitante vraie vie. JE VEUX ENSEIGNER!
Mais plus que ça...
Je veux crever les pneus de mon orienteur.
jeudi 2 août 2012
La vie est dans : Les hightlights
Maman...
C'EST FENI!
Ces moments-là sont réservés uniquement au club sélect des brevetés de l'enseignement. Cet ultime instant où tous les élèves se réunissent devant vous pour dire au-revoir. Où ils brandissent leurs téléphones cellulaires pour prendre une photo de votre joli minois endrapé dans la robe la plus présentable de votre garde-robe. Où ils vous invitent à signer sur leurs t-shirts, à leur révéler comment on dit « Sugar » et « Honey » en français et où vous apprenez qui sort avec qui, finalement.
Oui, tous les profs finissent par aller brailler dans le bois en cachette. Normal, vous savez. On s'attache à ces petites bibittes-là. Ceux qui allaient s'assoir dans une autre classe et qui vous juraient que VOUS vous étiez trompés. Ceux qui dissimulaient votre chaise dans un local mystérieux du Casault et qui riaient à chaque fois que vous faisiez mine de vous asseoir. Ceux qui prenaient place sur la S.O.S. chair (seul endroit où ils avaient droit de parler dans leur langue natale) pour vous raconter l'histoire TRÈS IMPORTANTE sur les marins qu'ils avaient croisés la veille dans le vieux Québec.
Oui oui, ceuse-là, ils vous manquent cruellement.
Alors vous rentrez chez vous en braillant après votre mère. Vous ouvrez la bouteille du cidre et vous en versez une généreuse rasade. Et puis, vous commencez à penser. C'est qu'il s'en passe, des choses, en cinq semaines. Des choses qui ne sont pas réglées. Des choses que vous n'avez pas terminées. Des moments cocasses, des moments coquins et des moments coqueluches. Un melting pot de moments dont on ne parle pas dans la salle des professeurs, parce qu'on aime l'intimité de notre groupe et que tout ne peut se dire devant la directrice de programmes.
Je vous offre donc les hightlights de ce programme de fous qui m'a amputé de plusieurs heures de sommeil et de mon été au complet, en vous conseillant de vous rappeler que ce sont des jeunes de 14 à 17 ans, et que je ne suis qu'une InDESScente...
- « I'm a little less pure than I was when I came first in your class. Thank you for that! » - Élève sage.
- Un élève m'arrive avec son t-shirt de l'école en voulant que je le signe. Je lui dis que je veux bien, mais me voilà un peu mal à l'aise de lui signer ça sur le chest. Je lui explique donc que je préférerais qu'il l'enlève avant. Il l'a fait...live là, en face de la classe. Comment devenir intime avec ses étudiants, cours 101.
- « You're like the Dr.House of teaching! » Élève qui voulait me faire plaisir...
- Première semaine. Nous allons jouer dehors, mais le matériel est dans ma voiture. Le temps que je la déverrouille, un élève est entré dedans et a refermé les portes à clef...
- Premier jour. Je veux savoir la date de naissance des élèves. Je bloque à « naissance ». Comment expliquer ça? ...j'ai mimé un accouchement.
- Examen oral et spectacle de marionnettes. Mes élèves doivent mettre un métier dans leurs personnages (pompier, policier...). Un groupe vient me voir et me demandent s'ils peuvent mettre un strip-teaser. Heum...
- Jeux des célèbrités. Trois élèves sont devant le tableau, sur lequel je projette la photo de quelqu'un. Les trois élèves doivent deviner qui c'est en posant des questions sur son physique, son travail, etc...Je veux afficher la photo de Channing Tatum. Je tape ça sur Google. Tout ce qui apparait à l'écran sont des photos de Magic Mike...aheum...attention les yeux!
.
- J'ai enseigné les pick-up lines en français dans mon cours. La plus populaire? « Je pars dans 3 jours et je voudrais connaître l'amour avant. »
- Explication des concepts de relation (chum, blonde, mari, fiancé...). Je demande aux élèves s'ils ont des copains. Réponse d'un coquin : « Oui, j'ai une blonde, but what happens in Quebec stays in Quebec...!».
- Moi, tannée de demandes pour la salle de bain : Coudonc, qu'est-ce qui se passe aux toilettes?
Élève : You don't wanna know...
- Lors d'un conseil étudiant, je demande aux élèves si les infrastructures sont suffisantes. Réponse? Paraît que, dans une résidence étudiante, y'a jamais moyen de faire caca tranquille. Ah bon.
- À la fin d'un cours, je demande à mes élèves s'ils veulent faire un jeu. Ils s'interrogent du regard, puis me disent qu'en fait, ils aimeraient faire du vocabulaire. Et là, dans la classe, j'ai vu une poule passer. Elle avait des dents.
- Nous parlons de ce que les jeunes font à Québec le soir et ils me révèlent que, souvent, les activités sont non-obligatoires. Je leur demande ce qu'ils font dans ce temps-là. Réponse d'un latino : «There's always the sex bench». Après les rires coquins dans la classe, j'ai appris bien des détails sur les moyens pas tout à fait permis d'avoir du plaisir pendant un programme d'étude...
- Cours de swing. J'enseigne des acrobaties à mes étudiants, dont un back flip. Ils l'essaient, tout se passe bien. La semaine suivante, nous apprenons des pronoms. Ils n'écoutent rien. Je finis par me fâcher, je grimpe sur le bureau et leur dit : « Vous êtes mieux de m'écouter, ou la prochaine fois, je jure que je vous échappe! ». Silence. On a finit ça en 20 minutes.
- « Et vous, madame, avez-vous un chum?
- Heum...
- Take the line, Kilian! »
- Je n'ai toujours pas compris pourquoi une de mes élèves avait deux cellulaires...
- « I'm not taking weed!
- Dude, you're from Colombia! » - Conversation dans un corridor.
- Nous sommes dans ma classe. Je précise que si quelqu'un ne comprends pas, ils peuvent se lever et venir s'assoir sur la S.O.S. chair pour me poser une question. Vous seriez surpris du nombre de personnes que peut soutenir une chaise en bois.
- « Madame, I'm SOOOO gonna miss you. I mean, you're crazy, but in a SOOO cool way. And you're sexy too...» - Élève au Gala.
Malaise...et bon, moment de fierté, quand même. À 26 ans, je pogne encore!
Mais bon, ces petits Hightlights me semblent une bien maigre consolation devant le vide de ma vie, maintenant. Que vont devenir mes 18 petites têtes? L'avenir nous le dira. J'espère qu'ils ont compris que ce stage n'a rien à voir avec le français. Qu'il consiste à prendre de l'indépendance, à voyager, à s'éloigner de ses parents et à tenter de nouvelles expériences.
...tant qu'on reste prudent avec le sex bench.
C'EST FENI!
Ces moments-là sont réservés uniquement au club sélect des brevetés de l'enseignement. Cet ultime instant où tous les élèves se réunissent devant vous pour dire au-revoir. Où ils brandissent leurs téléphones cellulaires pour prendre une photo de votre joli minois endrapé dans la robe la plus présentable de votre garde-robe. Où ils vous invitent à signer sur leurs t-shirts, à leur révéler comment on dit « Sugar » et « Honey » en français et où vous apprenez qui sort avec qui, finalement.
Oui, tous les profs finissent par aller brailler dans le bois en cachette. Normal, vous savez. On s'attache à ces petites bibittes-là. Ceux qui allaient s'assoir dans une autre classe et qui vous juraient que VOUS vous étiez trompés. Ceux qui dissimulaient votre chaise dans un local mystérieux du Casault et qui riaient à chaque fois que vous faisiez mine de vous asseoir. Ceux qui prenaient place sur la S.O.S. chair (seul endroit où ils avaient droit de parler dans leur langue natale) pour vous raconter l'histoire TRÈS IMPORTANTE sur les marins qu'ils avaient croisés la veille dans le vieux Québec.
Oui oui, ceuse-là, ils vous manquent cruellement.
Alors vous rentrez chez vous en braillant après votre mère. Vous ouvrez la bouteille du cidre et vous en versez une généreuse rasade. Et puis, vous commencez à penser. C'est qu'il s'en passe, des choses, en cinq semaines. Des choses qui ne sont pas réglées. Des choses que vous n'avez pas terminées. Des moments cocasses, des moments coquins et des moments coqueluches. Un melting pot de moments dont on ne parle pas dans la salle des professeurs, parce qu'on aime l'intimité de notre groupe et que tout ne peut se dire devant la directrice de programmes.
Je vous offre donc les hightlights de ce programme de fous qui m'a amputé de plusieurs heures de sommeil et de mon été au complet, en vous conseillant de vous rappeler que ce sont des jeunes de 14 à 17 ans, et que je ne suis qu'une InDESScente...
- « I'm a little less pure than I was when I came first in your class. Thank you for that! » - Élève sage.
- Un élève m'arrive avec son t-shirt de l'école en voulant que je le signe. Je lui dis que je veux bien, mais me voilà un peu mal à l'aise de lui signer ça sur le chest. Je lui explique donc que je préférerais qu'il l'enlève avant. Il l'a fait...live là, en face de la classe. Comment devenir intime avec ses étudiants, cours 101.
- « You're like the Dr.House of teaching! » Élève qui voulait me faire plaisir...
- Première semaine. Nous allons jouer dehors, mais le matériel est dans ma voiture. Le temps que je la déverrouille, un élève est entré dedans et a refermé les portes à clef...
- Premier jour. Je veux savoir la date de naissance des élèves. Je bloque à « naissance ». Comment expliquer ça? ...j'ai mimé un accouchement.
- Examen oral et spectacle de marionnettes. Mes élèves doivent mettre un métier dans leurs personnages (pompier, policier...). Un groupe vient me voir et me demandent s'ils peuvent mettre un strip-teaser. Heum...
- Jeux des célèbrités. Trois élèves sont devant le tableau, sur lequel je projette la photo de quelqu'un. Les trois élèves doivent deviner qui c'est en posant des questions sur son physique, son travail, etc...Je veux afficher la photo de Channing Tatum. Je tape ça sur Google. Tout ce qui apparait à l'écran sont des photos de Magic Mike...aheum...attention les yeux!
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- J'ai enseigné les pick-up lines en français dans mon cours. La plus populaire? « Je pars dans 3 jours et je voudrais connaître l'amour avant. »
- Explication des concepts de relation (chum, blonde, mari, fiancé...). Je demande aux élèves s'ils ont des copains. Réponse d'un coquin : « Oui, j'ai une blonde, but what happens in Quebec stays in Quebec...!».
- Moi, tannée de demandes pour la salle de bain : Coudonc, qu'est-ce qui se passe aux toilettes?
Élève : You don't wanna know...
- Lors d'un conseil étudiant, je demande aux élèves si les infrastructures sont suffisantes. Réponse? Paraît que, dans une résidence étudiante, y'a jamais moyen de faire caca tranquille. Ah bon.
- À la fin d'un cours, je demande à mes élèves s'ils veulent faire un jeu. Ils s'interrogent du regard, puis me disent qu'en fait, ils aimeraient faire du vocabulaire. Et là, dans la classe, j'ai vu une poule passer. Elle avait des dents.
- Nous parlons de ce que les jeunes font à Québec le soir et ils me révèlent que, souvent, les activités sont non-obligatoires. Je leur demande ce qu'ils font dans ce temps-là. Réponse d'un latino : «There's always the sex bench». Après les rires coquins dans la classe, j'ai appris bien des détails sur les moyens pas tout à fait permis d'avoir du plaisir pendant un programme d'étude...
- Cours de swing. J'enseigne des acrobaties à mes étudiants, dont un back flip. Ils l'essaient, tout se passe bien. La semaine suivante, nous apprenons des pronoms. Ils n'écoutent rien. Je finis par me fâcher, je grimpe sur le bureau et leur dit : « Vous êtes mieux de m'écouter, ou la prochaine fois, je jure que je vous échappe! ». Silence. On a finit ça en 20 minutes.
- « Et vous, madame, avez-vous un chum?
- Heum...
- Take the line, Kilian! »
- Je n'ai toujours pas compris pourquoi une de mes élèves avait deux cellulaires...
- « I'm not taking weed!
- Dude, you're from Colombia! » - Conversation dans un corridor.
- Nous sommes dans ma classe. Je précise que si quelqu'un ne comprends pas, ils peuvent se lever et venir s'assoir sur la S.O.S. chair pour me poser une question. Vous seriez surpris du nombre de personnes que peut soutenir une chaise en bois.
- « Madame, I'm SOOOO gonna miss you. I mean, you're crazy, but in a SOOO cool way. And you're sexy too...» - Élève au Gala.
Malaise...et bon, moment de fierté, quand même. À 26 ans, je pogne encore!
Mais bon, ces petits Hightlights me semblent une bien maigre consolation devant le vide de ma vie, maintenant. Que vont devenir mes 18 petites têtes? L'avenir nous le dira. J'espère qu'ils ont compris que ce stage n'a rien à voir avec le français. Qu'il consiste à prendre de l'indépendance, à voyager, à s'éloigner de ses parents et à tenter de nouvelles expériences.
...tant qu'on reste prudent avec le sex bench.
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